Jaemin
⌈Deux jours après la première relique⌋
J'étais assis en tailleur sur le canapé gris, mes yeux voilés fixants le mur du salon juste en face. Ma mine était pâle et les cernes sous mes yeux formaient deux tranchées sombres.
La télé était allumée mais muette, les volets étaient ouverts mais le ciel dehors était sombre alors au final, cela importait peu.
De toute façon, qu'est ce qui importait encore?
Chaque seconde de ma pitoyable existence, je me le demandais.
Depuis que je l'avait perdu... Plus rien n'avait de sens. Je cherchais désespérément une logique, un but, une trame à mon histoire désossée... mais non. Rien, le vide, le néant, et toujours, cette douleur entre mes deux côtes, là, juste là, lancinante, vibrante.
J'aimerais qu'il soit encore là pour me changer les idées, pour rire avec moi... pour me dire encore une de ses blagues de mauvais goût auxquelles je pouffais pour me donner bonne conscience.
J'hésitai soudainement entre laisser échapper un rire nerveux, ou pleurer des larmes qui iraient s'enfoncer outrageusement vite dans le tissus du canapé.
Je me sentait misérable, assis là, l'échine courbée sous le poids de la pénombre qui s'affalait sur moi, sous le poids de ma mélancolie infinie. Mes mains étaient croisées entre elles, un morceau de papier entre mes doigts tremblants. Les jambes croisées, ma poitrine se soulevant et s'abaissant de façon erratique dans un silence glacial, lutant pour ne pas faire exploser mes cordes vocales en gros sanglots bruyants.
Pourquoi ça fait si mal? Pourquoi, Jeno?
Je m'étais plusieurs fois imaginé cette réalité comme un rêve. Les voix de la folie frappaient-elles à ma porte? Elles me disaient qu'une telle souffrance ne pouvait être vraie, que je cauchemardais seulement.
Je ne distinguais plus la différence entre la réalité et mes songes ; parfois je me réveillais, j'allais à la fac et il était là, avec son sourire éclatant, ses plaisanteries et ses yeux doux.
Et puis j'ouvrais les yeux pour de vrai et tout ce qui m'accueillais c'était une place vide dans les salles de cours, des regards de pitié et la sensation que je m'étouffais dans une réalité beaucoup trop réelle.
Beaucoup trop douloureuse sans lui.
Je me sentais pathétique, j'avais l'impression de trop en faire. C'est vrai, les séparations cruelles comme celle-ci arrivent en permanence dans le monde. Je n'étais qu'une âme endeuillée parmi des millions d'autres, qu'une personne errante à travers la masse.
Je me sentais à la fois égoïste et légitime. Seul, surtout.
Pourtant j'étais épaulé, soutenu, entouré même. Chenle, Jisung, Mark, Renjun, et tout les autres...
Et, bien que je ne comprennent pas comment -pourquoi?-, Jeno avais essayé de m'aider. Du moins c'est ce que mes yeux et mes oreilles brumeuses avaient semblé percevoir...
Jeno.
Mon regard troublé, qui était fixé depuis de longues minutes sur le mur en face de moi, se détourna nonchalamment vers la télévision.
La lumière m'agressa les yeux et je plissai les paupières, une grimace déformant mon visage creusé le temps d'une seconde.
Mes yeux bleu océan s'habituèrent finalement à l'éclairage et je me figeai, glacé.
Sur l'écran, passait une publicité.
Mais pas n'importe laquelle.
Une publicité pour un fleuriste.
L'angoisse monta en moi telle une flèche brûlante que l'on tire vers la voute céleste, ma gorge prenant soudainement feu, et je me répétai que ce n'étais pas possible.
Qu'a cet instant précis, plongés dans ses réminiscences, il y ait soudainement cette publicité, pour ce fleuriste exactement. Avec un douloureux sentiment d'acharnement de la part du destin, je sentais finalement des perles translucides, tant bien que mal retenues, dévaler mes pommettes.
Dans la pénombre opaque de mon salon, à une heure du matin, mes yeux se fermèrent brusquement, fatalement, et je me recroquevillai violemment sur moi-même dans une vaine tentative d'évasion. Tandis que je me faisais assaillir par la seconde relique.
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Je suis aussi confiante de ce chapitre que je le suis par rapport à mon avenir.
Spoiler alert : ce n'est pas beaucoup
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- яεℓιqυεs - NoMin
Fanfictionrelique: (n.f.) 2. objet dont la grande valeur morale qu'on lui accorde tient à ce qu'il témoigne d'un passé révolu.