1004 (angel) [2hyeon] - Dreamcatcher

Chapitre 4

Yoohyeon serra les poings, et tourna les talons, même si elle regardait régulièrement derrière elle, au loin, espérant voir Gahyeon.

Il lui arrivait d'être défaitiste, mais là, c'était impossible qu'elle baisse tout de suite les bras, elle était bien trop agacée pour ça et il n'y avait pas d'autre solution. Elle avait encore le souvenir de l'odeur de moisissure de sa cellule et la chaleur insoutenable des enfers, tout cela ne lui convenait pas du tout.

Il fallait absolument qu'elle réussisse, qu'elle trouve cette fameuse Choi Yuna et qu'elle récupère son âme pour se sauver elle-même du Tartare. L'idée d'y envoyer quelqu'un d'autre à sa place de cette manière ne faisait pas vraiment parti de ses principes, mais la vision du seigneur des ténèbres, en train de la torturer à demi, l'avait complètement traumatisé. La blondinette était prête à faire une exception pour cette fois, comme pour confirmer la règle et rester sur terre à être une faucheuse. Même si elle ne volerait plus aucune autre âme innocente, il fallait que cela arrive, juste une fois, une toute, petite, fois.

Pourtant, la chance n'avait pas l'air de son côté, vu qu'elle ne connaissait pas la personne qui allait mourir incessamment sous peu et qu'elle n'avait rien pour la trouver. Elle était prise de court, face à Gahyeon qui avait agi comme si c'était une évidence que la petite lycéenne, assise sous l'abribus, était Park Sooyoung. Pourtant, le prénom de cette jeune fille n'était ni inscrit sur son front, ni flottant au-dessus de sa tête, ni même inscrit sur la veste de son uniforme.

Yoohyeon n'aurait jamais pu le savoir, elle n'avait eu aucune chance, aucune opportunité, et cela serait la même chose pour Yuna, c'était impossible pour elle de savoir quel individu dans ce monde, pouvait être sa prochaine potentielle victime.

Ses pensées prenaient tellement de place dans son esprit, qu'elle en avait mal à la tête, comme si elle était encore en vie. Seulement, la douleur n'existait plus en elle, ce n'était qu'un effet placébo, une habitude de son passé. Yoohyeon appuya sur ses tempes, en vain, cela n'avait jamais fonctionné, les masser non plus, il n'y avait que le sommeil qui l'en sortait et elle ne pouvait plus dormir, elle ne pouvait plus oublier tous ses problèmes en se couchant, c'était à jamais, fini.

Elle soupira en entrant dans un parc, cherchant un banc pour s'asseoir et se calmer, car paniquer n'allait jamais l'aider. Ses genoux serrés l'un contre l'autre, son corps ne voulait pas se détendre, alors elle prit sa tête entre ses mains, se recroquevillant, ses coudes enfoncés dans ses cuisses. Encore une fois, Yoohyeon ne savait ni où elle était, ni comment elle allait s'en sortir.

Son avenir semblait aussi tracé que celui des âmes qui étaient sur le point de disparaître de la planète.

Elle n'arrivait plus à réfléchir, comme après cinq pauvres minutes de révision quand elle était à la fac. Elle avait perdu une année inutilement à travailler d'arrache-pied, à se prendre la tête mainte et mainte fois, pour tout simplement devoir abandonner parce qu'elle ne pouvait plus étudier et subvenir à ses besoins en même temps. Son petit job pouvait à peine payer son loyer, alors que son année de faculté coûtait réellement un bras, c'était devenu invivable pour elle. La jeune fille avait alors tout abandonné pour sortir voir ses amis le soir, boire les verres que des garçons lui payaient, se réveiller encore toute barbouillée de sa courte nuit de débauche, pour partir travailler dans cet état déplorable. Elle disait alors toujours que les études n'était pas fait pour elle et passait pour la gamine capricieuse qui pensait tout pouvoir avoir sur un plateau d'argent en se tournant les pouces.

Yoohyeon n'était pas une jeune fille de ce style, elle n'allait pas en amphi pour regarder des films sur son ordinateur, manger et dormir sans se sentir coupable, pour ensuite désespérer en partiels. C'était bien sûr le style de beaucoup, mais pas de la blondinette qui, après son petit job, allait réviser dans sa chambre étudiante jusqu'à facilement deux heures du matin. Elle n'était pas la plus intelligente, loin de là, mais n'était pas non plus idiote, elle connaissait la valeur de ses efforts.