Arèstes avait de nombreuses qualités indéniables qui faisaient de lui un agréable partenaire pour les deux jours qui ont suivi cette entrevue : son attitude noble, son comportement galant et ses gestes charmeurs rendaient justice à son physique trop avantageux. Souriant, il chercha activement la compagnie de Rose sans jamais être intrusif, lui demandant de lui faire visiter l'orphelinat, le village et ses environs. Le moins que l'ont pouvait dire, c'est qu'après des années à fréquenter les mêmes personnes, ce nouveau compagnon curieux apportait un air nouveau.
Dommage que ce nouveau souffle semblait apporter des nuages : malgré tous les effort de l'héritier du comte, Rose n'arrivait jamais à être parfaitement à l'aise. Les gens parlent, quand leurs yeux se posent sur des évènements qui sortent de l'ordinaire. Les femmes du village, dans leurs élans romantiques, soupiraient et s'émouvaient devant ce si joli couple. . Mais était-ce le regard des autres qui dérangeait Rose ? Pas vraiment : elle était souvent regardée comme une curiosité de ceux qui l'entouraient, et dans ces cas elle se sentait comme un animal sauvage. Un animal habitué à la présence des hommes, eux-même habitué à croiser cette créature et à l'observer sans pour autant oser l'apprivoiser. Sauf la vieille madame Weizen, pour qui apprivoiser son entourage était un don.
Mais même quand Rose et Arèstes étaient seuls - du moins autant que possible, une escorte de quatre soldats se confondant systématiquement avec leurs ombres lors de leurs sorties- elle n'était pas détendue. Comme Lizzie le craignait, l'aura mystérieuse qu'elles avaient trouvé à Phobos était de famille, et planait toujours ce je-ne-sais-quoi pas assez menaçant, mais pas assez paisible pour autant.
Oronée disait que c'était le lot de la noblesse de cacher ses véritables intentions derrière une figure imposante. L'apparence et l'image sont importantes en société, et la contrôler est absolument nécessaire pour diriger. Et dieu sait ce qu'une belle apparence et de charmantes manières peuvent cacher comme desseins.
Le troisième jour arriva, et le Comte et sa famille devraient partir le lendemain.
Aphrodéis se présenta le matin à l'orphelinat vers neuf heure et fût accueillie par Catherine, qui passait par là. Elle salua la comtesse, lui présenta ses hommages les plus sincères et s'apprêta à complimenter sa tenue, sa coiffure et ses parures quand la noble dame la coupa et demanda expressément à passer la matinée avec la charmante jeune femme avec qui son cher fils avait partagé le plus de temps ces deux derniers jours. Demande à laquelle la jeune fille ne pouvait que répondre par l'affirmative si elle ne voulait pas subir les foudres du vieux cheval.
Elle se dirigea vers la chambre des deux monstres, sans se dépêcher. Elle était dégoûtée de n'avoir pas pu passer un moment avec le fils du Comte. Mais la sagesse avait dû se pencher sur elle, car elle admit à elle-même que c'était le déroulement le plus probable et logique, malheureusement. La famille de Venternord présentait assurément des caractéristiques magiques, comme Rose et Lizzie. Leurs association était naturelle : les êtres beaux sont souvent faits de telle sorte à aller ensemble... Jusqu'à présent, elle ne voulait que du malheur aux deux bêtes qui avaient fait irruption dans son orphelinat, et Lizzie n'était qu'une petite fleur sans défense, un petit chiot effrayé qui doit suivre un maître pour survivre ; mais Rose... Rose était d'un autre niveau. Elle était du même niveau qu'Arèstes : inaccessible, noble, divine. Catherine ne savait pas si elle voulait descendre cette déesse de son piédestal ou l'y rejoindre, mais s'en débarrasser soulagerait grandement son existence. Avec le mariage, elle songeait que Rose voudrait prendre sa petite chienne avec elle, et qu'enfin elles disparaîtraient toutes les deux. Elle redeviendrait importante, aimée et chérie de tous. Enfin, elle redeviendrait un soleil.
Elle accéléra le pas.
Catherine n'eut pas le temps de frapper à la porte qu'elle s'ouvrait déjà. Rose passa sa tête à travers l'ouverture, sans paraître surprise. Mais Catherine n'eu pas le temps d'ouvrir la bouche pour exprimer son indignation devant ce manque de réaction que sa rivale entamait la conversation.
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La Belle et la Bête
Mistério / SuspenseEn un soir d'hiver, quelqu'un frappa à la porte de l'orphelinat. Tout le monde se tût ; les jeunes filles étaient en rang. Certaines s'impatientaient, d'autres redoutaient l'instant fatidique. L'une d'entre elles seraient choisie par le jeune fils d...