Lizzie et Rose se lièrent rapidement d'une amitié forte.
De par sa nature très timide et réservée, Lizzie avait beaucoup de mal à communiquer avec les autres enfants de l'orphelinat ; et ceux-ci ne lui facilitaient pas la tâche. En effet, la jeune fille avait des yeux vairons si particuliers qu'ils déstabilisaient ses camarades : si son oeil gauche avait gardé une couleur verte naturelle, son oeil droit était devenu doré. Les orphelins les moins conciliants réagissaient à cette particularité physique comme des personnes apeurées : ils rejetaient Lizzie. Certains se contentaient de l'éviter, ne communiquant avec elle que si nécessaire, mais d'autres poussaient le vice et recouraient à la persécution. À la tête de ceux qui n'hésitaient pas à l'embêter quand Oronée avait le dos tourné était Catherine.
Catherine était sans doute la fille la moins agréable de l'orphelinat. Une véritable peste qui ne supportait pas la concurrence et adorait être le centre de l'attention. Cette fille était un véritable mystère pour Rose : bien qu'ayant le même âge, elle ne la comprenait pas. Comment une fille aussi immature pouvait être aussi géniale quand elle faisait du mal ? La cruauté infantile avait des limites, mais celles-ci semblaient inexistantes dans le cas de Catherine.
Quand Rose est arrivée à l'orphelinat, Catherine l'avait tout de suite prise comme bouc émissaire à cause de la chevelure rougeoyante de la petite sorcière qui se démarquait bien plus que ses cheveux blonds. Elle était la seule fille blonde de l'Orphelinat des Enfants Perdus ; la seule fille à la crinière aussi blonde que des épis de blé en plein mois d'été ; un blond beau et parfait qui flattaient l'iris de qui se prenait à l'admirer. Et ses yeux noisettes ne gâtaient pas sa frimousse d'ange. Mais quand Rose fût arrivée, Catherine se sentit éclipsée. Elle, le Soleil de son petit royaume, se voyait peu à peu cachée par cette Lune qui débarquait de nulle part avec ses cheveux de feu et ses yeux de lavande !
Depuis ce jour, elle s'attela à la tâche de lui pourrir l'existence ; en commençant par créer un petit groupe de fidèles camarades qui étaient toujours prêts à la suivre dans ses combines et prendre les punitions à sa place. Une véritable manipulatrice dès ses quatre ans. Elle avait tenté tout ce qu'elle pouvait pour embêter, ridiculiser et humilier cette chose à peine humaine, mais cette sorcière que l'on prétendait fille de fée se défendait bien. Rose ne s'était jamais laissée faire et réussissait toujours à se sortir d'affaire, et de moins en moins d'orphelins tentèrent de s'en prendre à elle, réduisant le cercle des adaptes de la violence qu'avait formé Catherine.
Mais si elle avait détesté Rose dès son arrivée, Catherine a haï Lizzie. La nouvelle arrivante avait des cheveux d'un blond encore plus éclatant que son aînée. Les fils d'or qui recouvrait la tête de sa nouvelle rivale l'avaient immédiatement rendue verte de jalousie. Avec sa timidité maladive, Catherine et son petit gang aurait pu l'écraser en quelques jours, mais sa nouvelle proie s'était entichée de sa victime préférée.
Lizzie ne parlait qu'avec Rose, et celle-ci la protégeait de tout ceux qui tentait de la blesser. Catherine n'avait aucun pouvoir sur sa rivale blonde tant que sa sorcière la protégeait, et elle le savait. Ce qui ne l'empêchait pas de cracher son venin sur elles quand elle en avait l'occasion, c'est à dire quand personne ne pouvait témoigner contre elle et que l'une des filles était isolée. Ces occasions étant assez rares, ses rivales étant aussi indissociables qu'une personne et son ombre, sa violence était particulièrement forte dans ces moments de vengeance lâche et infondée.
Un matin, Oronée envoya Rose faire quelques courses sur le marché ; avec Lizzie, naturellement. La liste de course, accompagnée d'une liste de plats, semblait anormalement longue. Avec tout ce qu'elles devaient acheter, les orphelins auraient droit à un sacré festin ; luxe que le centaure n'accordait que pour les grandes occasions.
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La Belle et la Bête
Gizem / GerilimEn un soir d'hiver, quelqu'un frappa à la porte de l'orphelinat. Tout le monde se tût ; les jeunes filles étaient en rang. Certaines s'impatientaient, d'autres redoutaient l'instant fatidique. L'une d'entre elles seraient choisie par le jeune fils d...