Chapitre 1 : L'Elfe et la Fée

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Le loup géant s'approcha de l'enfant qui criait. Il fourra sa truffe dans la cape qui l'enveloppait et commença à le lécher.

- Eh bien, Fenrir, qu'as-tu trouvé ? 

- Voyons Obéron, tu sais très bien ce qu'il a trouvé ! Dépêche-toi d'aller voir ! Quelqu'un pourrait nous surprendre...

Un elfe entra dans la clairière, rejoignant son loup de compagnie, une petite fée perchée sur son épaule. Lorsque l'elfe se pencha pour caresser le loup, la fée battu ses gracieuses ailes de papillon pour aller se poser à côté du bébé et l'examiner.

- C'est une petite humaine.

- Je le vois bien que c'est une petite humaine, Titania.

- Le sarcasme ne te va pas, ricana-t-elle. 

- Si tu cessais de me l'apprendre, j'arrêterais de l'employer.

- Elle est couverte de sang, reprit-elle plus sérieusement. Ses parents ont dû juger bon de l'abandonner sitôt l'accouchement terminé.

- Qu'est-ce que tu suggères ? demanda Obéron. 

- Pour commencer, nous allons éviter de la laisser là, car c'est trop dangereux. Ensuite, nous éviterons aussi de la transformer en repas pour Fenrir, car ton loup n'a pas besoin de chair humaine dans son menu. D'ailleurs, ce serait bien qu'il arrête de la lécher ; elle n'a pas trop l'air d'apprécier...

- Arrête, Fenrir.

Le loup cessa aussitôt de nettoyer le bébé ensanglanté. À contre coeur, sans doute, car il continua de se lécher les babine un bon moment, alors qu'il se couchait au pieds de son maître.

La fée regardait intensément le bébé. Il éveillait chez elle un sentiment qu'elle ne se connaissait pas. Elle avait envie de le prendre dans ses petits bras et de ne plus le lâcher.

- On ne devrait pas la laisser là... Mais si on la prenait... Il pourrait...

- Donc, que suggères-tu ? s'impatienta l'elfe. Nous serions dans de beaux draps, s'il arrivait, là, maintenant. Et si nous... non, je ne peux pas l'imaginer, s'il le découvrait...

Titania réfléchit un moment.

- Eh bien... Elle n'est encore qu'un bébé... on pourrait -je ne sais pas, moi- s'occuper d'elle en attendant qu'elle puisse se débrouiller. Quand elle saura marcher, manger seule et parler, on pourra la laisser retourner auprès des siens. Si on fait bien les choses, il ne verrait rien, on passerait un bon moment avec cette petite et on ferait une bonne action.

- C'est vrai que ce ne serait pas la première fois que des êtres magiques adopteraient des êtres humains... Et cette humaine a clairement besoin de notre aide.

- Il y a l'orphelinat  du vieux cheval à quelques villages d'ici, non ? Il sera ravi de nous revoir. Ce sera l'endroit parfait pour s'occuper d'elle quand on devra la laisser !

Obéron hésitait. Bien sûr, il ne voulait pas abandonner un être vivant sans défense, surtout cette petite fille qui venait de naître, mais les humains restent des cas particuliers. Oui, des créatures fantasques avaient déjà adopté des enfants humains ; ce qui lui posait problème était le fait que les humains qui mangent de la nourriture imprégnée de magie perdent une part d'humanité. Chaque repas prit avec cet enfant la changerait peu à peu en être magique, et sa réinsertion dans un monde humain pourrait poser quelques soucis, en plus de la perte de ses parents de substitution. Et puis, il y avait lui, qui risquerait de faire du mal à cette petite. Il fallait l'en protéger.

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