L'histoire de Peter Pan

Chapitre 1

Une journée de plus dans ce monde habité par une masse importante de fous. Une journée de plus où je ne verrai que des visages hypocrites devant moi où les lèvres murmureront des flatteries incessantes et des mots qui ne sonnent que faux car ils me craignent tous. Sans aucune exception. Je règne en roi foncièrement mauvais sur mes sujets et j'utilise mes pouvoirs sur eux. Les élèves sont mes servants et le lycée mon royaume.

J'admirais mon reflet dans le miroir qui me donnait l'impression d'avoir l'usage de la réflexion et de la parole pour me souffler que nul être dans ce monde était le plus beau et surtout le plus malin. Je me vantai en silence en lui offrant un sourire narquois et un regard froid comme mon âme glacé et mon cœur gelé dans une haine éternelle. J'humidifiai mes lèvres pour qu'elles attirent davantage de femelles, enfin si c'était possible. Je ne pus m'empêcher d'élargir mon sourire en guise de satisfaction de mon apparence. Ce n'était pas tant la beauté de mon visage mystérieux ou de mes yeux d'un bleu-gris ténébreux, mais plutôt la méchanceté séduisante que représentaient mes expressions faciales lorsque je me sentais puissant, ce qui arrivait plutôt régulièrement.

Je consultais d'un coup d'œil ma montre. Heureusement, me contempler ne m'avait pas mis en retard. Je devais avouer que cette activité dura plus longtemps que prévu ce jour là. C'était à croire que j'avais envie d'attraper plus de sirènes dans mes filets aujourd'hui. Pourtant, le temps m'était insupportable. Toujours à vérifier que je n'étais pas en retard ou supporter les heures interminables de mes cours insupportables. Mes seules motivations étaient les filles et la soumission qu'elles m'offraient ainsi que le respect que me devait chaque garçon s'il ne voulait pas que sa copine revienne entre mes mains expertes.

Je jetai mon sac sur l'épaule et dévalai en trombe les escaliers pour quitter la maison et me rendre au lycée, lorsque je tombai nez à nez avec mon père.

- Tiens, salut, fils. J'espère que tu as passé une bonne nuit. La mienne était excellente, j'ai pensé à toi toute la soirée jusqu'au matin. Et là encore, je te retiendrais bien, mais... Je n'ai pas envie d'être responsable de ton retard. Alors à plus tard !

Tout le long de son récit que j'aurais voulu ignorer, j'avais serré les dents, droit comme un piquet, mais en le regardant droit dans ses yeux de serpent. Car c'est tout ce qu'il était. Une créature vicieuse et visqueuse, répugnante et écœurante. Il monta en frôlant mon bras et mon corps entier se raidit à ce contact. Le souffle saccadé, j'en avais oublié de respirer. Je repris mes esprits et pris une pomme, fruit que j'appréciais tout particulièrement pour son symbole de péché que je commettais bien souvent. Je faillis claquer la porte, mais me souvins que père allait sûrement me punir sévèrement si je ne tâchais pas d'éviter ce geste bruyant.

Il restait vingt minutes avant que les cours ne commencent quand je fis irruption dans le lycée. Nombreux furent les regards qui osèrent se poser sur ma personne sans que je ne les y autorise. Je leur jetai un regard noir de menaces et beaucoup d'entre eux baissèrent la tête. Pour les plus poltrons, ils s'enfuirent. Il n'y avait que six paires d'yeux qui s'étaient permis de ne pas regarder ailleurs. Je me dirigeai vers le groupe de garçons qui me servaient de compagnons et les saluai tous d'une ferme poignée de main.

- Comment vas-tu, Robbie ? me demanda Félix.

- Comme toujours, de mauvaise humeur. Et comme d'habitude, vous n'avez pas intérêt à me poser problème ou vous connaissez les conséquences de votre erreur, répondis-je en employant un ton menaçant.

Cela faisait maintenant quelques minutes que je discutais avec une partie du groupe quand l'un d'entre eux m'interrompit dans la conversation que j'engageais.

- Euh, Robbie, excuse-moi mais tu devrais te retourner.

- Alors non seulement tu te permets de me couper la parole mais en plus tu me donnes un ordre, Félix ?