Chapitre 3

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Je rentrai chez moi, frissonnant par le changement de température. Je trouvai ma mère, confortablement installée sur le canapé, au coin du feu. En me voyant, elle bondit sur ses pieds et courra jusqu'à moi, ses longs cheveux blonds lisses semblant voler au rythme de ses pas.

- Oh mon chéri, mon trésor, comment vas-tu ? Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle en m'enlaçant affectueusement.

- Oui maman, mais toi, surtout. Il ne t'a rien fait ? demandai-je en analysant son visage qui n'était heureusement pas couvert de bleus, pas encore.

C'était notre rituel chaque vendredi soir lorsqu'elle rentrait de son travail. Nous nous inspections l'un et l'autre pour s'assurer que mon père ne nous avait rien fait, même si je préférais mentir à ma mère.

- Ma douce et merveilleuse maman...

Je fis glisser mes doigts sur son bras et remarqua que son bleu datant de la semaine dernière était jaunâtre à présent. Elle plaqua une main sur la trace, pour qu'elle disparaisse de ma vue. Je relevai la tête vers celle que je chérissais plus que tout. Elle, elle était courageuse. Elle avait su continuer sa vie professionnelle comme si de rien n'était, elle se montrait tendre avec moi et m'apportait tout l'amour et toute l'affection qu'un enfant malheureux tel que moi demandait. Elle était si parfaite, ma mère.

- Il n'est pas encore rentré ?

- Si... Il t'attendait.

En effet, peu de temps après, les escaliers grincèrent sous les pas lourds de mon père. Je lançai un regard désespéré à ma mère que je ne pouvais pas protéger et encore moins sauver.

- Oh mon chéri, j'espère que tu me pardonneras de ne pas te défendre, chuchota-t-elle comme un supplice en m'enlaçant maladroitement puisque qu'il arrivait.

- Mais enfin maman, c'est à moi de te protéger de lui ! Je suis un homme maintenant, je devrais même pas avoir peur.

- Trésor, ne pense surtout pas ça, jamais.

Une voix grave résonna dans nos têtes lorsque, front contre front, nous l'entendîmes, craignant son redoutable propriétaire.

- Vous m'avez manqué, mes chéris.

Puis ce fut les sanglots, les gémissements, les pleurs, les cris, la peur, la douleur... Jusqu'à ce qu'il décide d'arrêter enfin, satisfait de la bonne soirée qu'il venait de passer et de l'emprise qu'il avait sur nous. Il remonta dans sa chambre, fier de lui. Je rampai jusqu'à ma mère qui avait un œil au beurre noir et plusieurs bleus sur le corps. Je le recouvris de ma veste pour respecter son intimité. J'essuyais ses larmes de mon pouce, puis les miennes d'un revers de manche. Je caressai sa joue avec une douceur infinie.

- Mon a-a-amour, balbutia-t-elle, prises de sanglots, je ne veux plus ja-jamais te revoir, c'est trop difficile de te re-regarder souffrir ainsi et de te savoir su-subir ce traitement chaque soir que tu rentres.

- Non, je refuse de te laisser avec lui, je ne t'abandonnerai pas. Eh puis, il n'est pas si strict que tu le crois.

- Arrête de me men-mentir, je sais qu'il te le fait sou-souvent en plus de te battre. Je veux que tu quittes cet endroit, ne reste pas là, c'est un ordre ! Pars, en-enfuis-toi, sauve ta peau, mon amour, je t'en prie. Moi ma vie est avec ton père, c'est comme ça.

- Maman...

Elle ferma les yeux, signe qu'elle ne voulait en entendre davantage et qu'elle souhaitait par-dessus tout que je lui obéisse. J'acceptai.

- Très bien, je le ferai, je te le promets, mais après ce week-end. Je veux être là.

- Pour quoi ? Pour regarder ce que me fait ton père ? Ça fait des années que ça dure et tu sais très bien qu'il recommence toujours.

L'histoire de Peter PanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant