« Je vous veux, Ayana. Je vous veux si fort que c'en est douloureux. Je vous veux si fort que mes cachets ne régulent plus mon activité cérébrale et je suis capable de tout, sauf de vous éjecter de mes pensées. J'ai tout essayé pour me maintenir à u...
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Lucian
J'essaie de réguler les nombreuses informations qui montent vers mon centre nerveux en un flux trop précipité, mais cette tâche se révèle diablement ardue. Triple merde ! Comment les humains normaux font-ils pour assujettir leur angoisse ? Je me concentre sur le son régulier de l'horloge et l'imite pour cogner mon front contre le mur en un rythme soutenu. Je ne dois pas faiblir maintenant.
Jai la sensation que la planète a arrêté de se mouvoir depuis qu'Ayana est sortie de cette pièce. En réalité, j'ai l'impression de ne plus vraiment exister depuis qu'elle m'a formulé son souhait de s'éloigner de moi. Ce n'est pas la Terre qui est paralysée : mon univers à moi a tout simplement été figé dans une attente douloureusement longue, espérant qu'elle reviendrait, qu'elle changerait d'avis.
— Tic, tac. Tic, tac. Tic, tac.
Je répète les mêmes mots depuis trois minutes et six secondes. Sept secondes. Huit secondes. Neuf secondes.
Et ça, c'est après avoir fait des exercices de respiration, réciter en boucle le tableau périodique des éléments, avant de rester immobile comme maudit par un sort. Rien n'y fait. Désormais, j'ai mal à l'âme. Je peux sentir mon esprit se tordre de douleur. Ou peut-être que c'est mon crâne qui m'interpelle. Les bras le long du corps, je ne contrôle plus mes propres gestes. Je devrais cesser de m'infliger cette douleur physique, car mon front me remerciera plus tard, mais je n'y arrive tout bonnement pas. Je vais donc finir par avoir le cerveau à l'envers.
« Qu'est-ce que tu vas faire si je te répond que non ? »
Sa voix résonne dans ma tête et des images d'elle déferlent dans ma mémoire. Elle était là, entre mes mains, délicieusement avide de moi. Elle me voulait, je l'embrassais, nous nous enflammions. L'instant d'après, elle avait les yeux mouillés et la mine froissée par la déception.
