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06 : Risques

Il fait agréablement frais dehors quand tu commences à rentrer chez toi, le ciel s'assombrissant dans la lumière de fin d'après-midi au-dessus de la pollution de la ville. 

Même si Séoul n'est pas le plus bel endroit de la planète, tu l'apprécies beaucoup. 

Les gens - la culture - sont les choses qui font le succès d'une ville, et Séoul les a en abondance.

Tu quittes le salon de tatouage en marchant doucement, saluant les travailleurs symphatiques qui t'ont donné rendez-vous pour le déjeuner plus tard dans la semaine. 

Hoseok remue ses doigts dans un nuage de fumée provenant de la cigarette allumée de Yoongi.

Jimin t'envoie un baiser.

En marchant prudemment, tu essaies de ne pas trop frotter les bandages qui se trouvent sous ton pantalon lorsque tu bouges. 

La promenade à travers la ville n'est pas la plus sûre ; en fait, la zone dans laquelle se trouve ton immeuble t'incites à être extrêmement prudente lorsque tu t'y promènes. D'autant plus que le soleil commence à se coucher, ce qui rend les rues sombres. Au fur et à mesure, les lampadaires s'allument pour annoncer la nuit.

Tu frissonnes et marches un peu plus vite, mal à l'aise.

Lorsque ton père t'as arrachée du monde réel et t'as maintenue enfermée dans cette solitude, cette tour imaginaire d'isolement social, il faisait plus que te protéger de la vie dans lequel il vivait tous les jours. 

Tu ne sais rien faire.

Tu n'as aucune expérience avec le monde réel, et tu n'as aucune idée de ce qu'il faut faire dans les situations dangereuses.

C'est l'une des raisons principales qui te tourmente chaque jour ; si quelque chose arrive, qu'est-ce que tu ferais ? 

L'ironie de l'impossibilité pour la fille unique d'un des hommes les plus puissants de Busan de se défendre est pour le moins risible. Toute ton existence, à ce stade, est une plaisanterie. 

Se cacher des seules personnes qui ne se sont jamais occupées de toi.  

Mais tu veux le faire. 

Tu dois le faire. 

C'est la seule façon d'être libre, d'avoir ta propre vie. Tu dois rester cachée et hors du radar de ta famille pour le moment, et peut-être pour toujours. 

C'est le seul moyen. 

Plus tu marches longtemps en direction de ton appartement, plus tu as l'impression que quelqu'un te regarde. Tu jettes des regards continuellement par-dessus ton épaule, en gardant un oeil sur le trottoir sombre et vide derrière toi. 

A mesure que tu t'approches de ton appartement, ton malaise s'atténue jusqu'à ce que tes épaules se détendent et que ta démarche soit sûre et confiante. 

Le complexe d'appartement dans lequel tu vis est délabré et en mauvais état, les murs en béton s'effritent autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais il est assez bon marché quant au prix en liquide.

De plus, ton colocataire t'as laissé emménager sur place, et la chambre est à son nom. 

C'est l'endroit parfait pour se cacher. 

Ledit colocataire te reconnaît à peine lorsque tu entres par la porte grinçante du deuxième étage. Elle porte une paire d'écouteur, passe devant toi et entre dans sa chambre fermant la porte sans te dire un mot.

Ça ne te dérange pas, et ta relation avec elle répond à tes besoins. Moins elle en sait sur toi, mieux c'est.

Tu te diriges vers ta propre chambre, en traversant la minuscule zone commune en trois étapes et la cuisinette en deux. Ta chambre est petite et vide, seuls quelques-uns de tes biens les plus précieux jonchent le vieux coffre qui te sert de garde-robe.