Blood Ink ✔

21 : Comme un écureuil

Tu pensais,  au moment où tu étais poursuivie dans la rue par l'homme effrayant d'hier, que tu ne pourrais jamais aller plus vite que tu ne l'avais fait à cet instant. 

Tu as eu tort. 

D'une manière ou d'une autre, sachant qu'il y a probablement un Jungkook en colère quelque part derrière toi, tu te déplaces si vite que la forêt sombre se brouille autour de toi. 

Tes jambes brûlent à cause de l'effort lorsque tu t'éloignes en courant du groupe d'hommes qui s'attardent encore à l'extérieur de la maison, et que tu atteins presque la limite des arbres avant d'entendre le premier cri, "Hé ! Y/N est partie !" 

Puis, le grognement arrive. 

C'est profond, et grondant, comme si une ruée de chevaux martelait la terre en morceaux derrière toi. Tu peux jurer que le sol tremble avec les profondes vibrations qui roulent dans l'air.

"Putain je vais la tuer," rugit Jungkook. 

Merde. 

Ce soir, c'est la nuit de ta mort. 

Tu ne te retournes pas, tu te forces seulement à repousser tes limites physiques les plus extrêmes, tes limites d'adrénaline avec une sorte de peur exaltée que tu n'avais jamais ressentie auparavant. 

Un immense sourire s'étend sur ton visage, et tu imagines que c'est le même genre de sourire que celui que révèlent les fous qui vont être exécutés. 

Tu es condamnée. 

Honnêtement, tu ne t'attendais vraiment pas à ce que tout le plan d'alarme incendie fonctionne.

Donc, le plan à partir de maintenant ? 

Ouais.

Il n'y en a pas.

Tu cours comme un écureuil enragé, pensant sur le moment avec un cerveau qui a sûrement la taille d'une cacahuète. Tu es vraiment une idiote. 

Putain mais où est-ce que tu vas maintenant ? 

Lorsque tu atteins la limite des arbres , tu cours pendant un petit moment avant de tourner à droite, en espérant que la forêt soit assez dense et que Jungkook soit assez loin pour ne pas savoir dans quelle direction tu es allée. 

Ton souffle s'échappe dans l'air froid en bouffées blanches, comme de la fumée. Les nuages de vapeur nacrés s'évaporent dès que tu les traverses, pour être remplacés quelques secondes plus tard lorsqu'un autre souffle se dégage de ta poitrine. 

En courant, tu essaies de faire le point sur la situation. 

D'accord.

Tu ne sais donc pas où tu es, ni où tu vas. Il se peut qu'il n'y ait pas d'autre maison à des kilomètres à la ronde, ou qu'il y ait une autre maison juste à l'extérieur du prochain bosquet d'arbres. 

Il n'y a vraiment pas moyen de le savoir. 

La question la plus évidente est de savoir comment tu vas échapper au lion rugissant qui te traque dans la forêt. 

Faut-il que tu continues à courir et que tu pries pour que de l'aide arrive ? 

Ou tu devrais te cacher, comme la créature sans défense que tu es ?

Cache-toi, idiote, siffle ta voix intérieure. Tu suis ses instructions sans hésitation. 

Toujours entrain de sprinter, tu cherches une branche d'arbre basse et suspendue, et tu souries quand tu en vois une qui est parfaite.