Le jour de mon départ, il pleuvait.
On était tous sur la grande place en face de l'église.
On se bousculait avec nos parapluies, beaucoup de gens pleuraient.
Mon père et moi devions combattre, pour le pays.
Léon pleurait, je m'en rappelle très bien. C'était compliqué pour un enfant de 9 ans.
-"Quand je rentrerai, on fera une partie de carte, un pique-nique et d'immenses balades dans les champs. Et je t'écrirai chaque fois que je le pourrai."
Ma mère nous avait rassemblé quelques affaires dans des maigres bagages.
Je savais pertinemment que j'avais menti, qu'il n'y aurai pas de jeux de cartes, de pique-nique et de balades. Pas de retrouvailles.
Tous nos chevaux furent vendu à l'armée française, sauf une vieille jument qui restait pour la ferme.
Quand nous partîmes enfin, je ne parvins pas à me retourner. Je ne pouvais pas affronter leurs regards, je ne parvenais pas à leur mentir encore une fois.
Mon père me fit une accolade, se voulant réconfortant. Il me chuchota à l'oreille discrètement d'être fort.
-"Je serai avec toi, ne t'en fais pas!"
Puis on fut séparé.