Chapitre 6 :

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Je prépare le repas pendant que Cheryl vadrouille dans mon studio. Je fais simple ou plus précisément avec le fonds de mes placards. La tempête ne se calme pas. La jolie rousse regarde la pluie tomber à travers la plus grande vitre de la pièce. Elle est emmitouflée dans un plaid qu'elle a trouvé sur le canapé. Je la regarde du coin de la cuisine en souriant. Cette vision d'elle est mémorable. Comment une femme si puissante et autoritaire peut-elle être si vulnérable en un claquement de doigt. Dans un mouvement précipité, elle se retourne vers moi.

Cheryl : Merci.
Toni : C'est simplement des spaghettis à la bolognaise.
Cheryl, soupirant : Pas seulement pour le repas... Pour tout ce que vous avez fait aujourd'hui.
Toni, souriant : Comme nous sommes chez moi, nous pourrions peut-être nous tutoyer ? Tout ce qui se passe ici restera ici.

Cheryl répète ma dernière phrase lentement et doucement, presque dans un murmure à peine audible.

Toni : Alors ?
Cheryl, surprise : C'est d'accord. Pourquoi est-ce que tu es ainsi envers moi ?
Toni, dans un rire : Je suis comment ?
Cheryl, levant les yeux au ciel : Vous en faites exprès !
Toni, s'amusant : Je n'ai rien entendu...
Cheryl, s'agaçant : Bien ! TU en fais exprès.
Toni, sérieusement : Je ne me force pas, je reste simplement ce que je suis. Une personne qui aime aider son prochain.
Cheryl, s'approchant : Donc tu es une gentille...
Toni : On peut dire ça et toi tu n'es pas vraiment un tyran satanique.

Un rire quasiment diabolique sort de sa magnifique bouche. Bon, grande mais pas moins magnifique.

Nous nous mettons à table sur le canapé. Cheryl a choisi le programme sans me consulter, sa décision s'est portée sur la série médicale Grey's Anatomy. Je ne pense pas que ce soit approprié étant donné l'état de son frère. Personnellement, je pense que c'est un peu tôt. Peut-être que c'est sa manière de se rassurer...
Cheryl sert le plaid rouge contre elle comme si sa vie en dépendait. La couleur rouge de celui-ci doit sans doute l'aider.

Cheryl, commentant la série : Elles vont vraiment se battre pour un mec ?
Toni : Ce serait si bête que ça ?
Cheryl : Plutôt oui ! Ça ne vaut clairement pas le coup.
Toni, se retournant vers elle : Et pourquoi ça ?
Cheryl : Un homme ne te donnera pas l'argent nécessaire pour vivre, il ne te donnera pas non plus une carrière stable pour t'épanouir convenablement. Les hommes sont égoïste.
Toni, dans un rire : C'est bien pour ça que les hommes ne m'intéressent pas.

Cheryl sourit sans me regarder. J'ai manqué une occasion de me taire.

Cheryl : Bon choix alors. Nous sommes deux.

Je me lève pour débarrasser à la fin de ces quelques mots. Plus les jours passent et plus j'en apprends un peu plus sur cette femme. Pendant que je fais la vaisselle, j'indique à la jeune femme qu'elle peut prendre mon lit pour la nuit. Je prendrais le canapé. Sans que je ne m'en rende compte, elle m'avait rejoint sans un bruit dans la cuisine. Pensant que je parle seule, je me retourne et fait un bon de deux mètres en la voyant me regarder fixement.

Cheryl : Sans vouloir te vexer, tu vas te ruiner le dos. Ton canapé est une catastrophe.
Toni : Ne critique pas l'essence même de cet appartement !
Cheryl, en riant : Tu rigoles j'espère ?
Toni, malicieusement : Tu préfères que je garde mon lit pour préserver mon dos pendant que toi tu ruines le tien ?
Cheryl, jouant : C'est un lit deux places et nous sommes deux. Pourquoi pas le partager ?
Toni : Tu es très perspicace.
Cheryl, me défiant : Est-ce un oui ?
Toni, entrant dans son jeu : C'est chez moi après tout.
Cheryl, satisfaite : Bien !

Je dois bien avouer que ce jeu m'amuse assez.
La fatigue nous gagne vers 23h30. Comme convenues quelques temps plus tôt, nous nous couchons toutes les deux dans mon lit. Cette scène me paraît aussi étrange que déplacée. Nous continuons de regarder la série de Cheryl avec quelques petites lumières d'allumées. Le tonnerre gronde une fois de plus et cause une panne d'électricité dans mon studio. Le bruit pousse Cheryl à s'assoir. Je la sens trembler à travers les draps.

Toni : Ça va aller, ça ne dur jamais longtemps.
Cheryl : Je n'aime pas ça du tout. Tu es où ? Je ne te vois plus !
Toni, se rapprochant : Je suis là, juste à côté de toi...
Cheryl, attrapant son bras et sa main : Ne bouge pas alors, reste près de moi s'il te plaît.

J'entends un petit sanglot dans sa parole. Je me sens mal pour elle, le fait de la savoir pleurer me brise le cœur. Dans un mouvement doux, je me rapproche d'elle et la prends dans les bras. Je la pousse à s'allonger en même temps que moi. Sa tête se positionne immédiatement sur mon épaule. Ses larmes coulent silencieusement et humidifient mon tee-shirt. Instinctivement, je caresse ses cheveux. Mon côté protecteur prend rapidement le dessus sur ma raison.
L'électricité revient au bout d'une demi-heure. Voyant la lumière, Cheryl essuie ses larmes et se détache de mon étreinte.

Cheryl, comme si rien ne s'était passé : C'est le plus fort orage que j'ai connu en 25 ans d'existence.

Je reste allonger à la regarder encore quelques secondes avant de me redresser également.

Toni, prenant sa main : Avoir peur n'est pas une honte. Nous avons tous peur de quelque chose.

La jeune femme plonge ses yeux dans les miens avant de les baisser vers nos mains et nos doigts entrelacés.

Cheryl : Tu as peur de quoi ? À part de moi évidemment.
Toni : Je n'ai pas peur de toi mais j'ai peur de ce que je pourrais ressentir pour toi.
Cheryl, ne comprenant pas : Ce que tu pourrais ressentir pour moi ?
Toni, soufflant : Oui... Lors de la réunion où tu ma passé un interrogatoire, j'ai fait semblant de ne pas te connaître. Je t'avais déjà vu dans l'établissement et j'avais fait des recherches pour savoir qui tu étais. Je voulais que tu me remarques d'où mes questions bêtes.
Cheryl : Le shooting photo vient de là également ?
Toni : Non. Le shooting était totalement improvisé. Je ne peux pas jouer avec toi, je ne le veux pas. Je suis sincère et honnête.
Cheryl, souriant malicieusement : Tu me plais bien chère Toni Topaz. J'ai tout de suite remarquée quel genre de personne tu étais. J'ai dit à mon frère que je t'apprécie. Tu n'es pas comme tous ces vautours, qui me lèche les bottes dans l'espoir que je les épargne. Tu m'as prouvé ton rôle pour mon entreprise, devant tes collègues et sans te démonter face à mes petits piques. Rares sont les personnes qui peuvent agir comme tu l'as fait envers moi.
Toni : Je ne suis pas meilleur que qui que ce soit. Je reste simplement fidèle à mes principes et mes valeurs. Je t'apprécie aussi. Nos échanges par mail sont agréables mais ta compagnie est meilleure.
Cheryl : Je ne suis pas une personne pour toi. Je te ferais souffrir sans arrêt et tu ne le mérites pas.
Toni, riant : Tu avais donc raison, c'est bien toi qui mets des râteaux aux gens !
Cheryl, souriant timidement et tristement : Je m'en serais bien passé cette fois-ci...

Cette déclaration me paraît honnête. Jughead m'a conseillé de ne pas m'approcher des familles Blossom et Lodge. La question est pourquoi ?
Cheryl semble bien différente de Veronica, beaucoup plus ouverte et honnête. Je ne sais pas pourquoi je lui ai avoué tout cela. Peut-être sa vulnérabilité m'a fait pousser des ailes ? Je ne suis pas indifférente à son charme. Qui le serait d'ailleurs ?
Si je persiste, je vais certainement y laisser des plumes, ça vaut peut-être le coup d'essayer.

[CHONI] CHOOSE ME Où les histoires vivent. Découvrez maintenant