Chapitre 9 : Explosion

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Des éclats de voix retentirent en haut du HLM. Ewyron lâcha aussitôt sa victime, et silencieux, grimpa à toute vitesse la façade de l'immeuble d'en face. Quelques secondes plus tard, Il était en haut du toit et observait la scène, inaudible et invisible. Kairouen se tenait là-bas, de l'autre côté de la rue, acculé contre une cheminée et entouré d'une dizaine de gangster à l'air menaçant. L'un d'eux se tenait un peu en retrait, habillé de noir et son visage dissimulé par une capuche sombre. Ewyron tressaillit. Sa posture... C'était un ankei, lui aussi.

Il ne pouvait rien tenter pour libérer l'enfant sans se faire repérer. Il n'avait qu'une seule solution : utiliser le vent. Cette fois-ci, il n'avait pas le choix. S'il allait se battre directement avec eux, l'ankei parviendrait à le bloquer, ou en tout cas à le gêner suffisamment pour que ses autres comparses se saisissent de l'enfant.

Ewyron fit alors apparaître deux minuscule boules de vent au creux de ses paumes. Concentré en son milieu, une tornade mugissante tentait vainement de s'échapper de son enveloppe. Un sifflement strident s'en échappait. Ewyron était sur le qui-vive, les muscles bandés et prêts à la détente. Il n'avait que peu de temps : l'ankei allait le remarquer d'une seconde à l'autre, si ce n'était déjà fait. Il bondit brusquement, mais son geste fût interrompu en pleine course. L'homme à la capuche s'était déplacé soudainement vers Kairouen.

Un bruit imperceptible de pas.

Un chuintement menaçant.

Un éclat de lumière.

L'homme saisit l'enfant en plaçant un couteau scintillant sous sa gorge. Il l'avait repéré.

Le temps semblait s'être arrêté. Tous retenaient leur souffle, attendant un signe, un mouvement de paupière, un simple souffle, qui déclencherait le cataclysme.

Ewyron rugit intérieurement. Il ne pouvait rien faire. S'il tentait quoi que ce soit, l'homme serait capable du pire. Il leva les yeux vers son élève. Une expression de frayeur déformait le visage du gamin.

Kairouen luttait contre toutes les craintes qui ressurgissaient en lui. Il n'osait pas bouger d'un poil, terrifié par le contact froid de la lame contre sa gorge. Son esprit commençait à sombrer dans la peur, quand un sursaut d'énergie vint le réveiller : pour rien au monde, il n'aurait voulu que l'on fasse du mal à cet homme qu'il considérait comme son propre père. Cette peur se mua bientôt en une colère implacable. Il avait compris que, s'il se faisait emmener, son maître serait obligé de se rendre, lui aussi.

Kairouen plongea alors en esprit au plus profond de lui-même. Il lança un appel rempli de détresse et de colère au feu. Ce feu brûlant qu'il sentait rugir au plus profond de ses veines. Ce feu où le peuple de Furoël affluait à présent, répondant à son appel.

Une voix juvénile, mais déjà empreinte de sagesse s'adressa à lui en pensée. Il la reconnaissait. C'était celle de Sparkès, le prince du royaume de Furoël :

"Que doit-on faire, jeune Kairouen ?"

L'enfant lui exposa son plan, qu'il approuva aussitôt. Alors tous deux se préparèrent à l'attaque.

L'homme qui menaçait Kairouen semblait être concentré sur l'apparition d'Ewyron et attentif au moindre de ses mouvements. Il ne paraissait pas se soucier le moins du monde d'une quelconque menace pouvant provenir de son jeune otage. C'était l'occasion inespérée. Il n'aurait pas dû le sous-estimer.

L'enfant lança le signal : en même temps qu'il repoussait la main armée de son agresseur, il libéra toute la chaleur qui brûlait en lui. Impatients d'en découdre, les faëliens se ruèrent aussitôt à l'attaque, à la suite de leur chef. Une explosion enflammée projeta son énergie à des dizaines de mètres aux alentours, repoussant l'ankei au loin. Des langues de flammes serpentèrent entre les différents agresseurs se tenant sur le toit de l'immeuble. Ils n'eurent même pas le temps de réagir. Ils étaient encerclés par des murs de flammes qui les empêchaient de fuir.

Seul l'ankei était parvenu à s'en extraire de justesse. Il avait sauté sur le toit d'un immeuble voisin, et semblait reprendre son souffle.

Kairouen s'avançait lentement en direction de son agresseur. Ses yeux avaient viré au rouge sang. Un cercle de feu brûlant l'entourait. Il était intouchable. De la fumée grise s'échappait des flammes, plongeant la scène dans une atmosphère sombre.

L'enfant redressa la tête. Il ne se sentait plus faible. Les faëliens s'étaient regroupés autour de lui, et leurs expressions déterminées et hargneuses lui donnait le courage de continuer sa marche. Devant lui, juché sur un cheval flamboyant, Sparkès hurlait par la pensée des ordres à ses guerriers. L'enfant sentit la rage de la bataille l'envahir.

L'ankei lui faisait face. Il semblait mal en point. Il avait réussi à échapper de peu à la brûlure de l'explosion, mais cela lui avait demandé un effort considérable. Il était épuisé, mais préférait encore mourir, que de devoir Lui rendre compte de son échec. De ses yeux d'acier, il défiait le monde, souriant douloureusement. Il avait lamentablement échoué. S'en était fini de lui.

Il eut une pensée pour sa fiancée qui l'attendaient sûrement en tremblant dans une geôle de l'enceinte fortifiée de Chäos, où Il résidait. Peut-être que s'il mourait au combat, Il considérerait que son engagement avait été rempli, et sa bien-aimée serait libérée. Enfin, il l'espérait. Elle allait le pleurer, sûrement, pendant longtemps. Elle serait dévastée, mais avec le temps, sa peine s'apaiserait, et elle pourrait refaire sa vie sans lui et être heureuse. C'était tout ce qu'il souhaitait à présent. Après tout, c'était sa faute si elle avait été prise en otage ainsi. C'était sa faute si elle était malheureuse. C'était à cause de son entêtement et de sa fierté qu'elle avait subi tout cela. Satanée fierté. Il aurait préféré ne jamais en avoir eu. Au moins, il aurait accepté Sa proposition, sans faire de résistance. Et sa fiancée serait encore libre à cet instant et il ne s'inquiéterait pas tant pour elle. Mais sa foutue fierté avait décidé que non, il n'irait pas kidnapper les gens tel un vulgaire voyou, et que pour rien au monde, il obéirait à d'autres lois que les siennes. Mais qu'est-ce qu'elle pouvait bien faire cette fierté à présent pour libérer la femme qu'il aimait ? Rien. Rien ! Elle ne pouvait rien faire ! Et à présent qu'il faisait face à la mort, la voilà qui revenait au galop. Non il ne se laisserait pas faire. Non il n'implorerait pas la clémence de ces hommes qui étaient auparavant ses victimes. Il se battrait et se relèverait encore et encore, défiant le destin jusqu'à la fin.

Courageusement, il fit alors face aux deux hommes qui se dirigeaient, menaçants, vers lui. Il ne leur en voulait pas. Il aurait fait la même chose, s'il avait été à leur place. Non il ne leur en voulait pas. C'était sa faute et uniquement la sienne, s'il allait mourir aujourd'hui. Ses prunelles luisaient sous l'éclat des flammes. Il fit un pauvre sourire. Quelle ironie du sort : les flammes qui lui avaient tenu compagnie durant ces longues veillées angoissantes loin de sa bien-aimée, c'était elles qui, à présent, allaient lui prendre sa vie.

★★★

NDA :

Heyo !!!

J'espère que ce chapitre vous a plu ! J'ai eu du mal à l'écrire, car malgré le fait que j'avais le scénario dans ma tête, je n'arrivais pas à l'exprimer de manière satisfaisante !

Bref voili voilou ! Comme d'habitude, n'hésitez pas à commenter ! Cela me fait à chaque fois très plaisir !

Un grand MERCI à tous ceux qui me soutiennent dans la rédaction de cette histoire ! Vous êtes géniaux !

Prenez soin de vous, et faites tout de même attention : même si le confinement est fini, le virus est toujours présent !

Kiss

Cary-chan.

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⏰ Dernière mise à jour : Jun 13, 2020 ⏰

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L'envoyé de Kalïos [ EN PAUSE ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant