Quand la voix de la sagesse s'ajoute

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Assise à la fenêtre, je contemple les derniers arbres nus qui se couvriront bientôt de beaux bourgeons verts

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Assise à la fenêtre, je contemple les derniers arbres nus qui se couvriront bientôt de beaux bourgeons verts. Souvent je rêve d'un balcon, un petit balcon en bois, pour remplacer ma fenêtre. Une ouverture sur le ciel, où le vent viendrait s'entrainer à la voltige. Avec des bacs à fleurs sur le rebord de la balustrade et juste un fauteuil, ce fauteuil sur lequel je m'assois chaque matin au réveil après avoir fait une croix sur le calendrier. Posée sur le balcon tout simplement, pour que mon âme s'envole rapidement vers les cieux quand la vie m'aura quittée...

Une croix de plus sur le calendrier ce matin, laquelle sera la dernière ? Je ne sais plus pourquoi j'ai commencé... Je continue juste pour qu'on sache quel jour je suis partie. L'appartement est silencieux, comme toujours. Depuis combien de temps n'ai-je plus entendu un seul cri de galopin ? J'ai l'impression que cela fait des lustres que mes enfants sont partis. Quel âge a mon dernier petit-fils maintenant ? Je me lève et ouvre le premier tiroir de la commode. Un nuage blanc s'envole, les cartes postales se dévoilent dans un soupir de poussière. La dernière date d'il y a deux ans.

« Joyeuses Fêtes de fin d'année maman ! »

Une photo s'échappe de l'enveloppe en papier jauni. C'est une image de mon fils ainé avec sa femme et moi-même. Mes cheveux courts et blanc me rappellent cette vieillesse qui m'abime et avec mes lunettes rondes sur le nez, il ne me manque plus qu'une baguette pour être la grand-mère d'Harry Potter. Depuis quand ne les ai-je plus vu ? N'ai-je jamais répondu à leur courrier ? Voilà que les doutes m'assaillent. Mon fauteuil ne pose pas de questions lui au moins.

J'ouvre la fenêtre pour chasser la poussière, celle-ci coince un peu. C'est vrai, je ne l'avais plus ouverte depuis longtemps. En me penchant un peu au dehors, la douce odeur de la fin de l'hiver me parvient. Je me revois dans le salon de la ferme familiale quand j'étais enfant, l'odeur du feu et les légumes à éplucher devant moi. Le sang qui perle lorsque je me coupe et toutes ces voix heureuses autour de la table. J'inspire à plein poumons l'odeur d'une enfance jaunie par le temps.

Une silhouette noire se dessine sous ma fenêtre, la tête levée vers moi. Je baisse les yeux, nos regards se croisent. Je décèle une étrange chaleur dans son regard. Nousavons beau être éloignés de quatre lourds étages de bétons, j'ai l'impressionqu'il est juste à côté de moi. Un dialogue silencieux s'engage entre nous. Je le reconnais, il est souvent là le soir, les yeux levés vers les étoiles. Il m'arrive certaines fois de suivre ce lien qu'il a tissé avec elles et de rester toute la nuit à la fenêtre pour contempler ces trous lumineux sur le grand drap sombre de la nuit. Presque prête à attraper mes aiguilles et mon fil pour recoudre ces points de tristesse qui apparaissent dans nos yeux.

Je ferme les paupières, décidée à laisser la voix de cet homme me souffler mes quatre vérités. Pourtant lorsque le vent parvient à mes oreilles, ce n'est pas sa voix qui siffle. Mais la mienne...

—Regarde Victor. Tu vois les étoiles ?

—Oui...

—Prends ton doigt et observe, si tu les relies tu peux faire des dessins.

—Mais ça sert à quoi ?

—A créer de l'amour...

Il ne répond pas et lève son doigt vers le ciel, prêt à laisser son imagination relier ces points de lumière.

—Tu aimes les étoiles Victor ?

—Oui.

—Alors écoute, les étoiles c'est comme les gens. On est tous les uns à côté des autres, mais on n'est pas toujours reliés. Et parfois les liens se défont. Regarde ces deux étoiles, c'est comme nous ; ce soir je les relie.

La petite fille trace une ligne dans le ciel nocturne de la campagne.

—Et peut-être que demain quelqu'un viendra ici, se couchera dans l'herbe à l'endroit où nous sommes et effacera ce trait.

—Pourquoi est-ce que tu me racontes ça ?

—Pour que tu n'oublies pas. Tu n'oublieras pas Victor ?

—Non Monique, je n'oublierai pas. C'est promis.

La petite fille de mes souvenirs s'éloigne alors que les larmes se rapprochent. Victor n'a pas oublié... Mais moi si.

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Bonjour ! J'espère que tout va bien en cette première semaine de déconfinement ^^

Je suis très heureuse de vous présenter ce chapitre car je l'apprécie beaucoup ! J'espère que vous aussi ;)

Que pensez-vous de Monique ?

Et qui est Victor à votre avis ?

Il vous reste un dernier personnage principal à découvrir, alors je vous dit... A samedi !

PS: Je rappelle qu'au début de chaque chapitre vous pourrez trouver une image tirée de Pinterest pour illustrer le récit :)

Une Mosaïque de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant