Une étoile fondue

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J'ai merdé

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J'ai merdé. J'ai complétement merdé. C'est le seul mot qui vient à l'esprit et le seul qui me semble convenir à la situation : merde. J'ai fait fuir la seule personne qui tenait un minimum à moi, et je l'ai fait en l'accusant d'être venu chercher mon aide et mon temps alors que c'est moi le premier à l'avoir fait. J'ai abandonné l'unique personne qui pouvait m'apporter ce dont j'ai toujours eu besoin : l'amour d'une mère.

— Monsieur ? Monsieur vous m'entendez ?

Cette voix me sort de mes pensées et me fait revenir à la réalité. En regardant autour de moi je reconnais avec stupéfaction la salle du bar à glaces où je travaille. Visiblement, je suis bien plus attaché à cet endroit que je ne le croyais....

— Monsieur, vous êtes sûr que ça va ?

Je la détaille quelques secondes avant de répondre. Ses cheveux blond clair sont attachés en queue de cheval haute et ses yeux bleu pâle me fixent avec angoisse. Ses lèvres esquissent un faible sourire alors que je jette un coup d'œil à son badge : « Stella ».

— Oui pardon, j'étais perdu dans mes pensées... Vous êtes nouvelle ?

Elle sourit cette fois-ci franchement :

— Oui ! Enfin si l'on peut dire ça. Je remplace un employé qui a dû prendre quelques jours de congés.

C'est étrange, vu la période et le nombre de clients, je ne pensais pas être remplacé. Le patron a toujours ses manies loufoques.

— Oui je vois. Moi c'est Hugo.

Son sourire s'estompe et une lueur de peur traverse ses yeux.

— Veuillez m'excuser pour mon manque de tact ! Je ne voulais pas vous effrayer, c'est moi que vous remplacez, terminé-je dans un sourire.

Elle me regarde avec incompréhension avant de me proposer d'appeler le patron. Décidément, cette conversation n'a ni queue ni tête.

— Non ne vous embêtez pas, je vais partir. Bonne journée !

Et je fuis pour la seconde fois de la journée. Dans la rue, je bifurque vers la bibliothèque. Tant qu'à ne rien faire, autant faire un rien correctement. Je pousse la porte et fait retentir la vieille cloche qui se dandine au-dessus de ma tête. Je m'avance ensuite vers le bureau, mais il est vide et un certain nombre d'ouvrages s'y entasse. J'erre entre les rayonnages à la recherche d'âme qui vive et frôle le dos des livres avec mes doigts. A travers ce toucher, c'est comme si je pouvais saisir l'histoire de ces textes et de leur auteur.

Un bruit m'arrête. Il provient du fond du bâtiment, sur ma droite. Je ne m'y attarde pas mais tourne dans cette direction, ma curiosité est piquée. Je flâne au milieu des ouvrages, ne cherchant même pas à lire leur résumé, et laisse mon esprit se poser sur les étagères. A nouveau, un son me stoppe. Je me concentre et perçois un rire retentissant au travers des murs. Ce rire n'est pas beau ou mélodieux comme on pourrait le décrire dans les ouvrages que je viens de frôler, il est juste... drôle.

Une Mosaïque de LumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant