Chapitre 1 : Le génie de la Forêt

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Aldaron s'exerçait à l'arc. Comme toujours. Le jeune prince avait trouvé refuge dans une petite clairière dissimulée dans les buissons, non loin de la citée royale. De ses fins doigts agiles, le jeune elfe saisit une longue flèche argentée, fabriquée par les meilleurs artisans de la Forêt. 

Il la plaça sur la corde de son arc, visa et tira. Il n'attendit même pas que la flèche atteigne la cible qu'il répéta l'opération à une vitesse ahurissante. Le carquois se vida au bout de quelques minutes à peine, pour la troisième fois depuis qu'il était là. Lorsqu'il réalisa qu'il devait aller chercher de nouveau ses flèches, Aldaron soupira. 

-Je sais que tu es là, Père. 

Un grand elfe élancé sortit alors des feuillages. Il était très élégant, ses trais fins démontraient une sagesse à toute épreuve, tandis que ses longs cheveux bleus voletaient sous l'effet d'une légère brise. Un sourire se dessina sur ses lèvres :

-Tu t'améliores de jour en jour, Aldaron. 

Le jeune prince esquissa un sourire en retour. 

-Mère ne s'est pas calmée ? 

-Tu plaisantes ? Elle m'a reproché ta fuite, ce matin. Je me suis donc vu contraint de m'éclipser à mon tour. 

-Elle doit être dans tous ses états, Père... 

-Je te ne le fais pas dire ! 

Les deux elfes, complices, se firent un clin d'œil.  Aldaron partit en direction des cibles, aidés par son père. Le roi Astaldo régnait sur la Forêt Oc'cultae depuis quelques siècles maintenant, et était très respecté. Il avait su maintenir la paix entre les peuples de la Forêt, et garder le secret de l'existence des elfes pour le monde extérieur. 

Son fils, Aldaron, l'admirait beaucoup. En plus de la notoriété de sa grande sagesse, son père était aussi connu parmi les guerriers de son peuple pour être un très grand archer au combat. C'est lui qui lui avait apprit à tirer, et le jeune prince était devenu aussi doué que le roi. Les flèches étaient devenues leur refuge pour échapper à la cour et aux responsabilités qu'elle engendrait. 

-Je suppose que la raison de ta sortie matinale est la discussion que tu as eu avec ta mère concernant ton mariage, dit Astaldo. 

-Père, vous appelez cela une discussion ? s'étonna le jeune elfe, tandis qu'il remplissait de nouveau son carquois, je préfère qualifier cet échange comme une dispute. J'ai encore bien le temps pour songer à épouser une dame, après tout, je n'ai que cent vingt ans. 

Le roi regarda son fils retourner vers l'endroit où il l'avait trouvé auparavant, se préparant à tirer de nouveau. L'obstination du prince sur ce point était légendaire. Un grand nombre de prétendantes se présentaient au palais chaque jour, mais aucune n'avait su toucher un tant soit peu le cœur du jeune elfe. 

Aldaron posa une flèche sur la corde de son arc, lorsque le roi l'interrompit, en posant sa main ferme, mais délicate à la fois, sur l'arme. 

-Mon fils, tu es mon seul héritier. Il se passe des choses, dans le Monde Extérieur, qui font que, même si tu es encore jeune, trouver une épouse et que cette dernière te donne des enfants donnerait une sécurité pour notre peuple. 

-Que se passe-t-il de si important dans le Monde Extérieur qui devrait nous inquiéter, Père ? Ils ne connaissent même pas notre existence. 

-Ce n'est pas entièrement exact, fit Astaldo, une grande légende circule dans les brises et les murmures, racontant qu'un grand peuple vivrait dans cette forêt qu'est la nôtre. Les récits inspirent la crainte chez certains, ou le scepticisme chez d'autres, si bien que rares sont les étrangers qui viennent nous rendre visite. Mais, si tu acceptes de venir au palais avec moi, je vais pouvoir répondre à tes questions, tu es assez grand aujourd'hui, Aldaron. 

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