Le Fils D'Émeraude {S2T3}

Chapitre 2 - Le Passé D'Un Elfe

     Je me lève à dix heures le lendemain matin. Je suis appelée pour mon entraînement après le déjeuné. Je pousse un faible soupir et me dirige à l'endroit où je suis attendue. J'entre dans la véranda, les trois portes se ferment et je me retrouve nez à nez avec mon maître d'armes. J'avale difficilement ma salive quand il dégaine son arme. Je sue a grosses gouttes et esquive le coup d'une roulade sur le côté.

     Je me contente d'esquiver pour le moment, considérant qu'il est trop tôt pour dégainer et passer aux choses plus sérieuses. Je n'ose pas sortir mon épée avant que je ne puisse plus esquiver avec une telle aisance. Je serre les dents en sentant la fatigue de mes muscles et les protestations de mes bras quand je tente de dégainer. L'épée ne sort pas de son fourreau et j'ai tout juste le temps de me baisser pour éviter la décapitation rapide.

     C'est à peine si j'ose respirer, étant tremblante, les yeux écarquillés de peur, la respiration douloureuse et saccadée. Je viens de frôler la mort une seconde fois... Tout le monde dans la maison est sans voix et l'elfe s'abaisse à ma taille en s'excusant.

     Je suis assez loin psychologiquement et je reviens à la réalité en sentant quelqu'un m'étreindre et me caresser le dos pour me rassurer. Je sais que c'est Bejar et il finit par me dire en posant son oreille contre mon cœur pour vérifier le rythme:

_ Je suis sincèrement désolé, mon objectif n'était pas d'en arriver à ce point là. Pardonne moi...

     Je suis surprise quand je le sens poser son front contre mon plexus mais je ne dis rien, lui caressant les cheveux comme a un enfant apeuré. Une porte s'ouvre et je finis par demander à mon instructeur:

_ Que dit-on au dieu de la mort?

_ Pas aujourd'hui. Me répond-il en levant les yeux.

     Je lui adresse un sourire radieux pour lui faire comprendre que tout va bien, prends sa main droite et la place sous ma broche, sur ma poitrine, pour lui faire sentir que le choc est bien passé.

     Lucien se place devant moi, me donne un verre d'eau, et me demande si tout va bien. Je lui fais signe que oui en buvant et il reprend le verre en me disant qu'il m'attend en haut. Je lui fais signe que c'est compris et je me lève.

     Je retourne dans la maison, faisant en sorte d'ignorer la douleur de mes jambes en montant les escaliers et en me détendant les doigts. Mes articulations ont bien morflées, visiblement.

     J'entre dans la chambre, prends des affaire propres et Lucien est en train de comparer les cours entre Greg et moi. Les feuilles de son frère font office de traduction puisque je note rien en français si ce ne sont mes évaluations. Je me retiens de rire en voyant son air déçu. C'est assez compliquer a comprendre pour lui.

     Je me tourne vers la sortie de la pièce et remarque des vêtements propres sur le matelas de mon maître d'armes. Je lâche un faible sourire et sors de la pièce. Lucien ne me retient pas, je descends, dépose mes affaires sur un tabouret de la salle de bain et me dirige vers le salon. Aurélie me saute dans les bras, Greg soupire de soulagement et les parents sont encore surpris. La frayeur est arrivée tellement tôt pour eux. Je leur souris par réflexe pour leur prouver que tout va bien.

     Ils ne disent rien, Aurélie se décolle lentement de moi quand les escaliers grincent sur deux passages espacés de trois minutes. Je vois Lucien dans la cuisine et décide de l'aider. Sa sœur, son frère et ses parents mettent la table et Bejar n'est pas redescendu, pour le moment. Je donne droit a un baiser à Lucien, je vais à nouveau dans la salle de bain et je fais couler l'eau. Je vérifie la température et me déshabille, finissant par entrer dans le bain.