J'en peux plus.
Je suis totalement à bout de forces, de motivation, d'envie.
Quand je vois que j'ai passé deux trimestres à enchaîner les échecs scolaires à cause du TAG, de la dépression, des visites nocturnes aux urgences quasi toutes les semaines, le traitement hormonal qui déconne, la prise de médicaments désespérée qui part en une semaine de convalescence...Au début du confinement je me suis rendue malade en tentant sur les conseils du psy d'augmenter mon traitement. À cause de ça j'ai perdu les trois quarts de mes cheveux. J'ai du me battre des jours et des jours pour essayer de continuer alors que les effets indésirables étaient horribles. Quand je dis idées noires c'est une façon élégante de dire que ce médicament vous donne envie de crever. C'est une façon élégante de dire que vous vomissez chaque nuit d'angoisse d'être encore vivant, une belle façon de décrire les douleurs, les sueurs, les cauchemars, les crises de panique, les incohérences.
J'ai passé 6 mois à pleurer tous les matins en me demandant comment j'allais faire pour réussir à tenir les cours et rester éveillée. Comment j'allais faire pour effacer tout cela de ma tête, me détendre, lâcher la pression, ne pas faire de crise.
Comment j'allais faire pour être active, pour ne pas le montrer, pour travailler, être efficace et aussi bonne qu'avant.Je n'ai pas réussi.
Je tombais sur ma table en cours. Je ne comprenais rien, ne suivais pas.
J'ai pris ces médicaments pour m'en sortir. Je les ai pris parce que je voulais absolument tout tester et qu'il était hors de question que je baisse les bras.J'ai pris ces médicaments alors que c'était pour moi un synonyme d'échec, je les ai pris en pleurant, je les ai pris contre l'avis de ma famille et sans le soutient de qui que ce soit.
Vous n'imaginez à quel point les effets sont handicapants pas plus que vous ne pouvez imaginer à quel point la posologie est difficile. On doit d'abord attendre un mois que les effets secondaires passent avant d'entrer dans la phase active. Ensuite il faut attendre un mois pour savoir si on doit changer ou pas. Plus la dose est haute plus le temps est long.
Ce médicament représente un engagement sur une période de 6 mois à 1 an minimum. On ne peut pas arrêter ce médicament du jour au lendemain. Il faut arrêter sur une période de quelques mois.Ce choix est le plus dur à assumer. Mais j'ai fait ça pour m'en sortir.
Maintenant que j'ai doublé ma dose pour que tout aille au mieux, j'ai pu remonter mes notes.
Mais avant cela j'ai perdu le soutient de toute ma famille et mes liens d'amitié sont rompus.
Je n'ai plus de cheveux, je ne dors plus correctement, je ne peux pas non plus manger normalement, je ne peux pas boire d'alcool ni même manger des choses contenant de l'alcool, je ne peux pas avoir les mêmes activités qu'avant, je dois réapprendre à me servir d'un corps qui en plus d'avoir perdu du poids en très peu de temps n'a plus les mêmes capacités.J'ai fait tous ces putains de sacrifices pour quoi ? Pour mon avenir. Pour m'ouvrir la porte d'écoles etc. Pour être capable de travailler comme avant. Sinon j'aurais suivi les conseils des psy qui étaient de me guérir par le biais d'infrastructures et suivi emménagé en plus d'une coupure d'avec le lycée.
Et vous savez quoi ?
Non seulement j'ai eu les pires notes de toute ma scolarité, j'ai du renoncer aux prépas, à la fac de toulouse, aux concours parce que ce sont les seules putain de notes qui comptent.Les profs veulent pas compter mes notes du confinement alors tout ça, toute cette merde n'aura servie à rien parce que j'ai foiré mon dossier et maintenant je vais aussi foirer mon bac.
J'en ai tellement marre. Je n'ai plus envie ni d'être qui je suis, ni d'être quoi que ce soit d'autre. Je suis grossière et geignarde. Tant pis parce que je suis à bout.
Je n'ai ni envie de continuer, ni envie de commencer autre chose.
Juste m'éteindre, m'en aller définitivement en me libérant du corps et de l'esprit.