⓿ A EN AVOIR LES YEUX GRIS

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PROLOGUE


Ses pieds claquèrent contre le sol en lino du magasin trouve-tout de la gare de Kingscross, pas pressée pour un sou malgré le départ imminent du train, elle acheta tranquillement un paquet de cigarette à un homme peu scrupuleux vis à vis des limites d'âges. Elle le connaissait bien, Jack l'éventreur, comme il aimait se faire appeler en hommage à son présumé lointain ancêtre qui avait défrayé la chronique, alors que son véritable nom était Erik Jack, beaucoup moins glorieux.

Elle l'avait rencontré en troisième année, revenant de Poudlard et traînant dans la gare avec le peu d'envie de retrouver sa famille – composée en réalité d'un seul oncle grincheux. Tombant par hasard sur cette boutique au fin fond du trou du monde, s'ennuyant, elle était rentrée, se disant que les moldus avaient tout de même fabriqués une tonne de choses inutiles. Et puis elle avait lorgné sur ces petits paquets de formes rectangulaires, petits pavés aux couleurs mornes dont le rouge vif éborgnait l'œil, voyant ça, le propriétaire lui avait proposé d'essayer, ce qu'elle avait fait, méfiante, n'étant pas totalement à l'aise entre les regards inquisiteurs de la bonne femme et de son chien qui visiblement cherchaient un livre et le monsieur bien habillé avec une fine moustache entretenue qui attendait pour une raison quelconque à l'entrée du magasin. Elle avait toussé, toussé, toussé, mais elle les avait acheté après s'être demandé si ce n'était pas la faute de Jack l'éventreur si elle s'était presque étouffée, il n'était peut-être pas que moldu, finalement.

Et la voilà, en ce matin de septembre 1976, prête à louper son train pour acheter ces quelques petits tubes de poison. Honnêtement, elle se rationnait,elle savait que tenir trois mois jusqu'à Noël avec quatre pauvres paquets et un sort de multiplication bancal ce n'était pas évident.

Quand elle sortit du magasin après avoir salué ce même monsieur qui restait là des journées entières depuis bientôt six ans selon les dires de Jack, celui là même qui l'avait toisé lors de son arrivée dans cette boutique miteuse, elle récupéra son chariot laissé à l'entrée et bloqué par un artefact magique, et partit, traînant les pieds, mais néanmoins impatiente de retrouver sa petite troupe dans le train.

Quai neuf 3/4, une minute avant le départ du train mais continuant de toiser les moldus, toujours. Juste le temps de viser le bon mur et de sauter dans un wagon quelconque. Petit rituel répété années après années, quand elle était seule, être en retard était une de ses principales qualités.

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Arpentant lentement le train dans la longueur, cherchant le moindre signe d'existence de la part de ses amis, elle se résolu à s'affaler dans le couloir le temps que l'agitation se calme, elle sortit son pavé décrépi et pris une cigarette. Elle la mit à sa bouche, mais elle ne l'alluma pas.

Finalement, au bout de dix minutes, quand le surplus de bruit disparu, elle se releva enfin et continua sa route à observer de compartiments en compartiments les gens remuant pour s'installer, les amis se raconter leurs magnifiques vacances et les bagages monter miraculeusement au dessus des sièges grâce à la force insoupçonnée de certains élèves plus discrets que d'autres.

En arpentant les couloirs du Poudlard express, elle tomba sur Lily Evans, assise près de la porte du compartiment des préfets, discutant tranquillement avec une Poufsouffle, elle en profita pour l'interroger.

— Salut Evans. T'as passé de bonnes vacances ?

— Ouais c'était génial, je suis allée en Allemagne ! répondit-elle joyeusement avant de s'interrompre pour reprendre en soufflant. Tu cherches Potter et sa clique ? Ils sont pas dans ce wagon, celui d'après je crois, mais je les ai seulement vu monter, alors ils ont sûrement dû bouger depuis. Ah, et, elle marqua une pause, hésitante, mais elle reprit en soupirant et finit sa phrase comme ci elle récitait un texte,mais la blonde ne s'en formalisa pas, tu lui diras que quand on est préfet, on est préfet partout et tout le temps, pas uniquement quand ça nous arrange ! Tss, il m'énerve déjà.

L'empathie des demi-rien | HARRY POTTEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant