Seule. C'est le mot que je me répète tout le temps depuis ce jour, il y a de cela neuf ans. Insouciante, naïve... Je me sentis sourire bêtement, voilà ce que j'étais. Je sais pas si c'étais une bonne chose d'aider cette personne dans la rue, c'est aussi la deuxième chose que je me répète chaque jour. Dans mon quartier, les gens dans la rue sont mal vus, et ceux qui les aident encore plus. Moi, du haut de mes 6 ans, je m'étais rapproché d'un homme, qui avait l'air bien mal en point, mais le garçon qui se tenait à coté de lui et murmurait des paroles gentilles à son oreille, était... beau. Enfin je veux dire beau dans le sens qu'il n'était pas aussi pâle comme l'homme allongé, il était normal. Grand, yeux bleus, cheveux bruns en bataille, il devait avoir un peu près le même âge que moi, peut-être 1 ou 2 ans de plus... "mais trop jeune pour être aussi pauvre" m'étais-je dis. Lorsque le garçon me remarqua il tourna la tête et me toisa pendant au moins une bonne minute, ma gêne augmentait à chaque seconde, mais j'étais une petite fille courageuse, ainsi que désobéissante : Une Bluder qui s'approche de gens comme eux est un crime, mais heureusement pour moi c'était un jour de travail et d'école. J'étais restée chez moi car je me plaignais de maux de tête et comme ma mère était très protectrice, elle m'a clouée au lit. Comme vous pouvez le voir, j'étais désobéissante, donc je suis sortie dehors, malgré les recommandations de ma mère et j'en suis arrivée à ce que je suis en train de me raconter: un homme malade, un petit garçon qui me regarde, et moi. Le garçon ouvrit la bouche, d'une telle manière que je m'attendais à ce qu'il me dise une insulte mais non, il la referma et baissa les yeux. J'ai pris mon courage à deux mains et lui ai dis :
- Tu... Vous voulez quelque chose ?
- Tiens, une Tocarde me parle. Il renifla. Tu n'a pas des billets à lécher par hasard ?
- Non, lui ai-je répondu d'une voix fluette, et je ne suis pas une Tocarde !... Au juste, c'est quoi une Tocarde ?
Il eu un air étonné et me répondis :
- Ce sont les personnes dans ton genre, il regarda une maison du coin et roula des yeux. Riches, stupides, et égoïstes.
- Je ne suis rien de tout ça ! là, je criais. Moi je veux juste vous aider, on a beaucoup de médicaments à la maison qui nous servent à rien... et de la nourriture aussi. Je pourrais en prendre sans que mes parents s'aperçoivent qu'il manque quelque chose. Et puis si ils le remarque, le leurs dirais que ça doit être un animal qui s'est faufilé par la fenêtre.
- Tu... Tu leurs mentirais ? Sa voix se brisa sur la fin.
- Je leurs cacherais la vérité voilà tout, répliquai-je.
- Mais a tu une idée de ce que tu risques au moins ? Si ils découvrent la vérité, tu seras punie pour avoir menti et aidés des gens comme nous. Il jeta un regard à la dérobé à l'homme à coté de lui. Tu peux pas faire ça !
- Et pourquoi pas ? Je l'ai déjà fais ! Et puis même si quelqu'un découvre, je serais juste punie.
- Mais oui bien sûr, il se leva, tu seras juste jugée et tu aura juste le choix d'être tuée ou exilée... Ce qui revient au même, la mort.
-Hmm... Je n'ai pas peur ! De toute façon, est-ce qu'il y aura des preuves de mon mensonge ? Non !
Le garçon hésita, je voyais que sa fierté était mise en jeu... Mais sa vie aussi. Lorsqu'il voulut répliquer, je partis en courant dans ma maison et pris plusieurs paquets de nourriture et je me servis de médicament dans la trousse de secours que gardait ma mère "au cas où", comme elle le disait si bien. Je revins vers lui, encore une fois, sur son visage, l'étonnement était présent. Ses yeux passèrent de mes bras chargés de vivres, à mon visage. Je m'avançai et les lui déposa auprès de ce que je croyais être un sac. Je me relevai, et je vis qu'il s'était approché de moi.
- Merci, me chuchota t-il.
- Mais de rien ! Je lui souris, il me répondis avec un sourire éclatant, quand je vous disais qu'il était plutôt beau, je me trompais pas, lorsqu'il souriais, il était vachement mignon pour un petit garçon ayant des vêtements sales et rapiécés. Je lui tendis la main :
- Moi c'est Ria, et toi ? Il regarda ma main et la pris.
- Mike
- Enchantée !
- Moi aussi, il eut un sourire triste, si j'aurais été dans d'autres conditions, je t'aurai sûrement demandé si tu voulais être mon amie mais...
- Mais bien sûr qu'on peut être amis ! le coupai-je, où est le problème ?
- Le problème est que tu es une Numéro 2 et moi... Il rejeta un regard vers l'homme allongé, je suis un Numéro 5, et cet homme est un banni ( cette fois il regarda avec un air dégoûté :) il n'a jamais pris soin de moi, je me suis toujours débrouillé tout seul. Il soupira.
-Je suis désolé Ria, mais il faut que je parte, il fourra tout ce que j'ai apporté dans son sac, réveilla l'homme qui se leva et qui ne me jeta même pas un regard. Alors que Mike s'apprêtait à partir, il se retourna et me chuchota
- Je suis sûr qu'on se retrouvera Ria... Bonne chance.
Et voilà, c'est mon seul souvenir, son souffle chaud contre mon oreille et des mains tièdes sur mes épaules. Ce qui s'est passé après est plus compliqué, le lendemain j'étais encore bouleversée par cette histoire mais je faisais de mon mieux pour cacher mes émotions à mes parents... Jusqu'à ce que je suis prise de terribles maux de têtes, comme le jour d'avant, mais en dix fois pire, je comprenais pas ce qui m'arrivait, je pleurais, mes parents qui paniquent et puis tout à coup, j'entends une voix, celle de ma tante, qui parle sur son téléphone, je la vois en train de conduire et de téléphoner, je vois qu'elle aperçoit un mère avec son enfant dans les bras, j'entends les pneus crisser, des cris : ceux de ma tante et de la jeune mère, des lumières rouges, blanches, bleues, j'entends des paroles autour de moi, des chuchotements : " Son crâne est fracturé" "elle a été éjectée de la voiture" "trop de sang" "aucune chance" "c'est fini" et tout est devenu noir. Lorsque je me suis réveillée, j'étais à l'hôpital, les médecins disait que c'était pas grave, juste une grosse fièvre mais moi, j'étais assaillie par ce cauchemar, je me disais que c'était un cauchemar car j'ai vu ma tante, bien vivante et joyeuse, comme d'habitude. Je suis sortie un jour plus tard, et deux jours passèrent encore avant que tout soit bouleversé. Ma mère reçu un appel qui disait que ma tante était morte, elle conduisait, et d'après la police, elle téléphonait en même temps. Elle a vu une mère qui traversait la route, avec son enfant, elle a fais un tonneau en freinant, puis elle a été éjectée de la voiture... Les médecins sur place essayèrent de la sauver mais elle a perdu trop de sang, et la commotion était trop importante. Elle est morte 5 minutes après. Ma mère était désespérée par cette nouvelle, mais moi encore plus : est-ce juste mon cerveau qui me joue des tours, ou était-ce vraiment une prédiction ? Je penchais sur la première solution mais les prédictions ainsi se succédèrent : ma mère qui encoche une promotion, le chien de ma voisine écrasé par une voiture, ma maîtresse enceinte. Et ce n'est qu'un an après la mort de ma tante que j'ai arrêté de me voiler la face :
Je lis l'avenir, je vois le futur...
Et je ne peux en parler à personne, sinon ils me tuent.
Je suis entièrement seule.
Voilà, Un livre tout droit sorti de ma tête. J'espère que ça plaira
Bye !
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Seule contre Tous
Teen FictionNouvelle société, nouveaux défauts. Ria, 15 ans, en fait partie. Pas de mensonges, rien que la vérité sinon c'est la condamnation. Bannis ou tués, c'est la punition du mensonge. Mais, comment vivre dans ce monde lorsqu'on voit des choses... Des brib...