Eléonore ferma la porte et me laissa seul dans ma chambre. J'étais encore sous le choc de ce qu'elle me demandait, elle voulait s'évader pour aider le nouveau, qu'est-ce que c'est que ce bordel ! Pour que, elle qui aime tant Elisabeth, veuille s'évader, c'est qu'il y avait un problème, pourquoi voulait-elle partir ? Rahhh et puis franchement, c'est quel genre d'idée encore, elle pense que c'est si facile que ça ?! Dans ma colère j'avais fracassé mon miroir avec mon poing, les morceaux de verre plantés dans mon poing me faisaient mal mais j'étais planté comme un arbre en regardant le sang dégouliner le long de mon avant-bras avant de s'étaler sur le parquet de ma chambre. S'évader ça signifie mourir immédiatement, ils nous chasseront comme ces chiens du Sud, jusqu'à ce qu'on meure ils ne nous lâcheront pas. Mais pourtant je sais déjà que je vais les aider, ça fait depuis que je suis arrivé que je veux partir alors bon, je ne vais pas chipoter. Elle m'a exposé le plan, assez simple et efficace si les six résidents de cet étage se coordonnent bien. Je devais faire en sorte de réunir plein d'objets métalliques pour les relier ensemble et ainsi créer une plateforme où nous pourrions tenir à six dessus qui nous permettrait de descendre par la fenêtre. Evan, Eléonore et le nouveau allaient préparer le système de poulie pour descendre en sécurité sans mourir arrivés en bas, ce qui était important. Pour Léna et Camille je ne sais pas ce que Eléonore leurs avait demandé mais elles étaient censées être impliquées. Mais pour pouvoir vraiment m'impliquer, je devais savoir pourquoi d'un coup ce gamin de papa célèbre et Eléonore avait décidé de l'aider. Je pris donc juste une serviette blanche, enlevai les bouts de verre et serra la serviette autour de ma main. Je sortis précipitamment et je me dirigeai vers la chambre du nouveau. Je ne pris pas la peine de toquer, j'ouvris la porte, il se retourna surpris de me voir, alors qu'il rangeait son bureau.
- Pourquoi toute cette agitation juste pour t'aider ?
Il sembla surpris par ma question, il commença à bégayer.
- Je ... Je ne sais pas si je peux te le dire... enfin ça... ça te concerne pas tellement.
- Ecoute-moi bien ! Je vais t'aider dans cette évasion ok ? Donc je veux savoir pourquoi je t'aide et si ça en vaut vraiment la peine !
J'avais haussé le ton et j'étais maintenant près de lui, il me regardait un peu paniqué tout en jetant des coups d'œil vers ma main où la serviette était devenue extrêmement rouge. Il se tourna vers son bureau et pris un écrin en métal.
- Cet écrin contient un indice sur l'héritage de ma famille, je dois aller près de mon village pour pouvoir y accéder. Voilà tu sais tout.
- Alors tout ça pour un héritage hein ?
Je me retournai en haussant les épaules et sortis de sa chambre en claquant la porte violemment. J'allais me mettre en danger pour un héritage. Sérieusement c'est tout ce que je méritais ? Je vais risquer ma vie pour un putain d'héritage, j'espère au moins qu'il partagera avec nous l'argent qu'il contenait.
Pendant que je commençais à ramasser tout ce qui était métallique, mais aussi tout ce qui était solide comme du bois, il n'y avait pas assez de métal à l'étage mais bon si j'assemble correctement tous les composants, la plateforme devrait être assez solide pour supporter le poids de nous six. Je démontais des bouts de meubles, ma chambre ne ressemblait plus à rien. Pendant que la plateforme prenait forme, je pouvais commencer à penser à ce que je ferais après avoir aidé le nouveau. Je n'avais rien, aucun objectif précis, mon avenir est peut-être destiné à devenir mercenaire ou bandit, je vais retrouver les ghettos que j'ai connu avec les personnes qui me servaient de parents. Je me souviens de cette misère, ou chaque personne veut tuer les autres pour s'approprier leurs biens, et dans cet univers angoissant, il y avait ma famille, humiliée, frappée, dégradée. Ce n'était pas rare que les trajets dans les rues se finissent par une humiliation publique. C'est la punition que ma famille doit subir pour avoir été une famille des Terres du Sud et avoir combattu contre la coalition dans la grande guerre. Je les déteste, je les déteste tous, ces salopards du Sud à cause de qui j'ai subi la misère, à cause de qui je n'ai aucun avenir, à cause de qui sortir du ghetto est impossible, je suis condamné à souffrir à cause de mes ancêtres.
Hanté par toutes ces pensées, je me mis à hurler, un cri strident, d'angoisse, de peur, de colère. Alertée, Eléonore arriva en quelque seconde et pris ma tête dans ses bras.
- Ça va aller Ahmad, pleure si tu dois pleurer, ça va passer d'accord ?
Heureusement qu'elle était là, elle a toujours été là depuis qu'on se connaît, elle savait gérer les crises que j'avais fréquemment depuis que j'étais à l'orphelinat, quand je repensais à mon passé. Je séchais mes larmes et repoussais gentiment Eléonore, il fallait que je fasse autre chose.
-Merci Eléonore, merci beaucoup.
Je me dirigeais vers la porte pour aller faire du sport, c'était la seule activité pour laquelle j'arrivais à m'investir.
- Ce n'est pas en faisant de la musculation que tu feras le deuil et que tu te détacheras de ta souffrance.
Décidément elle me connaissait par cœur, je me retournai et lui adressai un grand sourire.
- Tu es la seule amie que je n'ai jamais eue.
Je fermais alors la porte et pour éviter qu'elle ne me suive je courus jusqu'à la salle de sport qu'Elisabeth m'avait installée dans une chambre inutilisée et fermais la porte à clé. La musculation, j'en faisais depuis une dizaine d'années pour que je puisse me défendre, que plus personne ne puisse me faire de mal, elle avait beau être là pour moi, elle ne peut pas comprendre ce que c'est de vivre dans la peur d'être tué et à chaque fois survivre pour pouvoir encore souffrir le lendemain.
Je ferais en sorte de ne plus subir ça, jamais, c'est pour ça que je vais exterminer tous les descendants des familles du Sud, tous les massacrer pour avoir fait en sorte que je souffre pendant des années et avoir fini par tuer mes parents qui, par leur lâcheté, ne se sont jamais défendus. Je commençais à prendre les haltères et commençais mes séries avec ardeur. Je ne plierai plus jamais, je serais invincible.
Quelques heures plus tard, alors que la nuit était tombée, nous devions nous réunir tous les six afin de décider la date du départ. Je rentrais dans la salle à manger, ils étaient déjà tous là et semblaient m'attendre, pour une fois tout le monde était assis à la grande table. Je pris une chaise à côté d'Eléonore, en face était assis le nouveau et Léna. La timide s'était mise à côté d'eux et regardait ses pieds, je ne vois pas en quoi elle était utile, ce n'est pas en restant à l'écart que l'on apportait son aide aux gens. Evan s'était mis en bout de table tel le leader pour lequel il se prenait, je déteste ce genre de mec prétentieux. D'ailleurs c'est lui qui commença la discussion.
- Bon, déjà merci de votre implication, nous allons enfin pouvoir partir de là et être libres.
C'est lui qui sera libre, c'est un descendant d'une célébrité, il aura une belle vie. Alors liberté, mon cul ouais.
- Comment avancent les préparatifs ? Continua-t-il.
Léna leva la main.
- Avec Camille, on a préparé les bagages de tout le monde, elles sont toutes près de la fenêtre que nous allons utiliser.
Elle montra de la main la grande fenêtre de la salle, il y avait bien six sacs empilés, je pus reconnaître mon sac gris avec lequel j'étais arrivé. Comment avait-elle pu récupérer mes affaires ?
- Je me suis permise de rentrer dans vos chambres et de prendre des affaires utiles.
Elle affichait un grand sourire pendant qu'un grand silence s'installait. Evan la regarda fixement.
- T'introduire dans les chambres je vois que c'est un tic.
A ces mots, Léna sembla gênée.
- Je suis désolée, je voulais faire ça bien.
- Bref passons, Ahmed où en est la plateforme ? demanda Evan
- Elle est finie, c'est un truc assez solide et stable pour nous six.
- Nickel il ne restera plus qu'à assembler demain matin, juste avant de partir. Nous avons fini la poulie, elle devrait marcher correctement.
Pendant qu'une certaine euphorie prenait la pièce, mon instinct me répétait sans cesse que quelque chose n'allait pas ! Dans les trente secondes qui suivirent, une première explosion retentit et fit vibrer tout l'orphelinat. Mais qu'est-ce qu'il se passait merde !? Je ne voulais pas mourir maintenant !
VOUS LISEZ
Le Secret des Saphir
AventurăCent ans après la plus grande guerre terrestre, la planète est partagé entre les grandes famille dirigeante. Dans ce monde, Timéo, un jeune garçon qui vient de perdre sa famille et son village, apprend qu'il est l'héritier d'un lourd secret. Quel es...