Chapitre 8

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Conrad Anderson

 La vie était vraiment une belle garce. Il fallait toujours que les mauvaises nouvelles s'accumulent toutes en même temps comme si le monde s'était mis d'accord avec le destin pour nous pourrir la vie au mieux. Je n'arrivais toujours pas à assimiler ce que je venais tout juste d'apprendre. C'était si brutal, si soudain que j'avais l'impression de ne plus rien ressentir dans cet endroit pourtant coloré et joyeux. Je restais immobile et insensible face au bonheur qui régnait autour de moi. Après ce que je venais d'apprendre, je savais que plus rien ne serait jamais comme avant et qu'il m'était impossible de retourner en arrière pour rectifier mes erreurs.

 Le regard toujours dans le vague, j'entendis une voix familière qui tentait de me ramener dans le monde réel mais je n'en avais aucune envie. Toutefois, je tournais la tête vers celle qui serait bientôt la mère de mon futur enfant. En effet, Isabelle et moi nous trouvions actuellement à l'hôpital dans l'aile de la maternité où le médecin nous avait lâcher la bombe qui chamboulerait tout le restant de ma vie:

- Félicitations! Vous êtes enceinte de 3 mois.

 Depuis, tout paraissait flou autour de moi et je n'arrivais pas à entendre ce que les gens me disaient si bien que cette phrase faisait comme un écho dans mon esprit.

 Soudain, je sentis comme un étau qui se refermait sur moi et je me mis à suffoquer cherchant de l'oxygène sans succès. J'étais trop jeune pour devenir père, bien trop jeune. Je n'avais aucune source de revenu me contentant de vivre de l'argent que gagnait mon oncle comme tous mes frères et tous mes cousins. Comment pourrais-je élever un enfant alors que je n'arrivais déjà pas à me gérer moi-même? Je passais mon temps à déconner avec mes potes et ma famille sans me soucier de quoique ce soit. Je ne connais rien au ménage, à la lessive, à la cuisine ou même à l'éducation d'un enfant. Non, sincèrement, je n'étais vraiment pas prêt à m'occuper d'un bébé.

 Ce fut sur cette constatation que je me sentis tomber puis plus rien.

***

Adrien Anderson

 Mon oncle s'était déjà énervé plus d'une fois contre nous quand il nous arrivait de dépasser les limites mais jamais je ne l'avais vu dans une telle colère. Tous, ou du moins tous ceux qui venaient pour voir Angel, avions le droit à des regards d'une noirceur à faire s'enfuir le plus dangereux des terroriste à l'autre bout de la planète. Il nous ne nous en voulait pas. Pire, ils nous haïssaient pour avoir détruit psychologiquement Angel. Oncle Owen ne nous empêchait pas de rendre visite à Angel puisque, comme il le dit lui-même, elle en a besoin plus que jamais, mais il restait présent à veiller que nous ne commettions aucune faute vis-à-vis d'elle tout en ne nous lâchant pas une seule fois de son regard vigilent.

 Quant à Angel, cela faisait une semaine qu'elle était entrer dans un profond coma et aucune amélioration n'avait été déclarée. Il demeurait impossible de dire si elle se réveilla ou pas. Chaque minute qui passait me semblait des heures et ma culpabilité ne faisait qu'augmenter quand je repensais à tout ce que je lui avais dis, à tout le mal que je lui avais fait même si mon cœur me criait d'arrêter. Au fond de moi, je n'avais jamais réellement cru ce que nous disaient les filles mais je n'avais pas pu m'empêcher d'imiter mes frères et mes cousins dans leur "guerre' contre Angel. Aujourd'hui, je me détestais pour cela parce que je n'arrivais pas moi-même à expliquer mon comportement. J'aimais ma cousine de tout mon cœur mais je n'avais pas résisté à la tentation d'extérioriser ce qu'il pouvait y avoir de pire en moi. Je me disais: "Si ils les croient, c'est qu'elles doivent dire vrai. En plus, c'est plutôt cool d'être méchant pour une fois." Pour moi, ce n'était qu'un jeu et je n'imaginais pas que cela finirait ainsi. Je me rendais compte à présent qu'il avait été injuste et cruel de ma part d'avoir délibérément torturé psychologiquement Angel en lui envoyant à la figure toutes ses faiblesses et toutes les choses qui la rendaient déjà très malheureuse. Pourtant, le pire dans tout ça restait le fait qu'elle pensait réellement mériter cette haine, cette méchanceté gratuite de notre part à cause de notre sadique plaisir à lui rappeler encore et encore que tante Ariane était morte en lui donnant la vie.

L'armée, ma seconde chanceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant