- Pourquoi tu te caches ?
Ce n'était pas vraiment nouveau. Mais le vent dans ses cheveux dévoilait son visage. Et il n'aimait pas ça. Que l'on le voit. Partout. Alors que la nuit met le noir sur les yeux des gens. Lui adorait le ciel sombre et le froid tout contre sa peau. Le vent glacial qui tape sur ses poignets et qui lui donne l'impression de voler. De partir, loin. Vite. Et c'est à peine s'il entend cette voix, juste à côté de lui.
- Pourquoi tu es là, tout seul ?
C'est trop tard à présent. Le temps a passé, et il s'est échappé au fil des siècles. Sans qu'il le veuille, un vide s'est créé, en même temps que le noir entourant toujours plus ses yeux et son esprit. Ce voile cachant toute la beauté des choses. Le laissant pour mort sur le bas côté. La fuite, toujours. C'est le seul moyen de survivre. Mais comment faire, comment réussir à vivre, si l'on semble déjà mort à l'intérieur ?
- Tu peux me parler, tu sais.
Et cette voix qui ne le lâche pas. Pourquoi est-elle si attachée à lui ? Pourquoi ses mots résonnent dans son crâne ? C'est quoi tout ce bordel dans son esprit ? Et ce vide, toujours. Ça lui fait peur. Et lui se déteste tout entier.
- Viens avec moi. Il ne faut pas que tu restes là.
Ce visage impassible. Toujours le même qui l'obsède. Il l'aime et le déteste. C'est quoi la différence ? C'est à peine s'il le reconnaît. Les mots s'enchaînent, aussi vite que le vent fouette ses cheveux. Et c'est une avalanche de lettres rouges et d'images noircie qui déferle leur poison. Juste dans son cœur. Et il ne peut retenir l'avancée de l'histoire. Ses souvenirs qu'il ne connaît pas et qui se racontent, continuellement dans sa tête. L'obsession de la torture, gravée, tracée au couteau sur sa peau.
- S'il te plaît, suis-moi. Je ne peux pas te laisser ici.
Cette image sur le mur. Il la voit, dans sa tête. Elle l'obsède presque, et il ne peut même pas la toucher. C'est une vieille photo, et elle fait peine à voir. Les gens s'en foutent, et c'est mieux comme ça. Elle a tellement de poussière qu'il se demande si elle a pu paraître neuve un jour. Et l'image est toujours là. Et l'image est toujours là. Parmi les débris et ces vagues dans son esprit. Parfois, il la regarde, en rêve. Il se tient là, en tailleur ou debout devant ce mur. Ses yeux ne bougent pas. C'est le calme inquiétant d'un enfant, perdu devant le mur du passé. Il y a des reflets de feu dans ses yeux, et ceux-ci ne se ferment pas quand le papier se met à partir en cendre. Sans d'autres explications. C'est à peine s'il est conscient de ce qui se joue en face de lui. Et lorsqu'il se réveille, la photo est de nouveau dans sa tête. Et lui a sa nuque mouillée, et les tremblements de ses mains qui ne s'arrêtent pas.
- Allons je t'en prie ! Dis quelque chose !
Il a beau fermer les yeux, espérer de tout son être. Mais rien ne change. Il a le tourbillon du monde sur sa peau, et les voix qui cognent dans ses nuits. Il fait noir derrière ses paupières, et dans ses pensées, aussi. Peut être même un peu trop. Son corps tout entier est secoué de tremblements. Est-ce qu'il pleure ? Le froid mord son visage. Et lui a sa tête dans ses bras, et ses genoux repliés contre son torse. Pourtant il n'a pas froid. Il a trop de mots qui s'emmêlent et de désespoir au fond de lui pour penser à son bien-être. Alors il ne sait pas. Peut être est-ce le vent glacé qui secoue ses membres. Ou juste l'éclat de ses sanglots, resté là, enfoui, tout au fond de sa gorge.
-Tu me fais peur. Ne reste pas là. Je t'en supplie. Il faut que je te ramène au château.
Il voit tout ces morts. De partout. Il les voit qui s'entassent par centaines. De partout. Sa tête lui tourne, et il n'a plus la force de crier. Il les voit avec ses yeux d'enfant, ses iris rougies par les larmes. Ses bras et ses mains tachées d'un sang qui ne lui appartient plus. Et devant lui, ce cadavre aux cheveux noirs si semblable aux siens. Ce visage aux paupières closes, serrant contre son cœur une rose rouge. Ses lunettes aux verres brisés, ses jambes repliées, et le visage de la mort gravé sur ce corps raidi dans la nuit. Et toujours cette rose, fanée par le temps. Cette fleur aux reflets roux. Ce trésor aux éclats d'un vert émeraude.
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Hurricane
Fanfiction- OS - Harry a sa chemise trempée de sang et de désespoir. Il ne sait plus où il se trouve, et n'a conscience que du vent froid qui lui mord la peau. Harry, c'est tout ces murs brisés et cette marre de larme et de sang qui l'entoure, et dont il n'a...