- Quand est ce que je pourrais arrêter de venir vous voir ?
- Quand tu le souhaites, Alice. C'est ton choix. Cependant, je ne pense pas que ce soit encore une bonne idée.
- Pourquoi ? Je n'ai pas l'impression que nos sessions me soient d'une quelconque utilité.
La femme en face de moi soupire. Je crois qu'elle commence à désespérer de me voir chaque semaine dans son cabinet sans aucun progrès visible. Je ne saurais même pas dire depuis combien de temps ces sessions ont commencé.
- Tu as un syndrome de stress post traumatique, Alice. Est ce que tu réalises ce que c'est ?
Je hoche la tête, les yeux dans le vague.
- Si tu le laisses faire, il va t'handicaper dans toutes les situations et tout va devenir de plus en plus compliqué pour toi. Tu n'auras plus besoin de sessions mais d'un réel traitement. Tu comprends ?
Je hoche à nouveau la tête.
- Je ne suis pas celle qui en a le plus besoin.
- Excuse-moi ?
- Je vous dit qu'entre Noa et moi, c'est elle qui a le plus besoin d'un suivi psychologique.
- Il est vrai qu'avant, j'accompagnais ta sœur dans son combat contre la dépression, mais...
- Mais pourquoi avez vous arrêté ? C'est en ce moment qu'elle en a besoin ! Je suis donc la seule à le voir ? Elle est plus vulnérable qu'elle ne l'a jamais été !
- Alice, je crains que l'aide dont a besoin ta sœur aujourd'hui n'est pas celle que je peux lui apporter.
Elle ferma le gros cahier rouge posé devant elle et se leva.
- Je pense qu'il est l'heure, annonça-t-elle. Je te revois la semaine prochaine.
J'attrape mon sac et sors de la pièce sans un mot. Je ne me sens pas bien. Ma tête tourne et j'ai envie de vomir. J'ai besoin d'air.
Je passe devant Maman en courant presque alors qu'elle s'apprêtait à parler à ma psychologue et lorsque je peux enfin respirer l'air frais de l'extérieur, c'est comme une résurrection.
Je lance mon sac par terre et m'assoit sur le goudron.
J'entends des pas à mes côtés et je comprends que Noa vient de s'asseoir à côté de moi.
Personne ne parle.
La rue est complètement déserte. À cette hauteur proche du sol, on peut déjà sentir l'odeur impitoyable des égouts.
- Pourquoi est ce que tu as arrêté d'aller la voir ?
Noa ne répond pas. Elle triture le bout de ses ongles en se mordant les lèvres. Si elle continue, elle va les faire saigner.
Maman sort enfin du bâtiment. Elle me regarde avec tristesse, puis elle s'avance vers la voiture.
Noa se lève en première. Elle me tend les mains pour me hisser debout, mais je préfère m'appuyer sur le sol.
Je monte dans la voiture à l'arrière, à côté de ma soeur.
Je veux hurler.
Je veux dormir et ne jamais me réveiller.
Quelque chose ne va pas. Qu'ont ils tous ?
Même Noa qui est d'ordinaire mon seul soutien à présent fuit mon regard.
L'ambiance est étouffante.
Lorsque nous arrivons enfin à la maison, je monte immédiatement dans ma chambre. Quelques minutes plus tard, Noa y frappe.
Je ne veux pas la voir.
Je me retourne sous les couvertures. Pourquoi ont ils tous l'air si triste en me voyant ?

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Tes larmes, si je reste
Ficción General« Parfois j'ai peur que tu m'abandonnes. - Je pourrais. Et je devrais. Mais pour l'instant, ce n'est pas à moi de choisir. » /!\ Même si je ne la classe pas en mature car j'estime que n'importe qui peut la lire, cette histoire aborde les thèmes de l...