Depuis l'accident je ne parviens plus à fermer un oeil la nuit. Je repense sans arrêt au choc brutal que nous avons vécu. Dès que je ferme les yeux, je revis la scène. Mon cri strident. Ma peur. Ma honte.
Même si au final il n y a eu plus de peur que de mal, je ne peux m'empêcher de me convaincre que nous avions failli mourir ce soir là. Je n'aurais jamais pu revoir mes parents, rendre mes devoirs, réaliser mes rêves.
C'est pourquoi tous les soirs, avant de me coucher, je prie Dieu. Je le remercie de nous avoir donné une seconde chance, et lui promets de redoubler d'efforts dans ma vie, de ne commettre aucun autre péché.Le week-end suivant, je me mets à travailler sur l'exposé avec acharnement. Un mois ça avançait à une vitesse ! Je passe des jours à trouver de nouvelles idées qui pourraient parfaire mon travail. Je ne cherche pas à contacter Jason pour le mettre au courant des changements. Je ne pense pas à lui de tout le week-end, tout simplement pour éviter de me rappeler l'accident qui hante déjà mes pensées.
J'étudie encore et encore sans rien lâcher.Lundi, j'arrive au lycée sans avoir dormi de la nuit. Je tente de rester bien éveillée, mais je sens le sommeil peser sur mes paupières durant le cours de biologie.
- Tu as l'air crevée ! Constate Augustin à mes côtés.
- Tout va bien.
J'écoute la professeur qui programme une nouvelle évaluation que je note aussitôt dans mon agenda. Il allait falloir que je travaille dur dès aujourd'hui !
- Évidemment que ça ne va pas, me contredit mon voisin. Tu ne t'arrêtes jamais ?
Je soupire.
- Parce que toi tu arrives à avoir des bonnes notes sans ne rien faire ?
- Euh, oui. Enfin je travaille un minimum mais pas autant que toi. J'ai...J'ai entendu parler de toi ici au lycée, apparement tu bosses énormément.
- Oui, travailler est la clé de la réussite. Si je ne travaille pas, je ne réussis pas.
- Au point de ne pas en dormir la nuit ? Tu vas te rendre folle...
Je secoue la tête. Je savais parfaitement que le sommeil était très important pour être en forme et garder son esprit concentré tout au long de la journée. Aujourd'hui c'était quelque chose d'autre qui m'empêchait de fermer l'oeil. Mais cela, Augustin ne pouvait pas s'en douter.
- Je dors très bien.
Bavarder pendant le cours rajoute en moi une source d'angoisse. Je détestais cela, j'avais la désagréable impression de manquer une bonne partie du cours. Mais Augustin avait décidé de ne pas me lâcher.
- Je ne te connais pas très bien mais je m'inquiète pour toi. Ne te mets pas autant de pression pour les cours, ça ne sert à rien.
Je ne lui réponds pas. Cependant, je cogite ses paroles. Il avait tord. Si pour lui c'était facile d'exceller à l'école sans rien faire, pour moi ça ne l'était pas.
À la fin du cours, je sens que mon camarade souhaite me parler mais je l'ignore et sors de la salle en trombe.
Pendant la pause, je me dirige aux toilettes et passe de l'eau sur mon visage. Lorsque je me vois à travers la glace au dessus du lavabo, une image me revient en tête. J'entends le cri strident que j'ai poussé lors de l'accident.
Je revois l'arbre qui arrive devant nous.
Mes bleus sont encore sur mon visage, comme des vieux cauchemars qui ne veulent pas s'en aller.
Je respire de plus en plus fort, cherchant davantage d'air pour me calmer. Je me mets à trembler de tout mon corps.
Très vite, les larmes me montent aux yeux.
Je mets tous ces éléments sur le dos de la fatigue, il n'y avait pas d'autres raisons.Le midi, à la bibliothèque, Augustin étudie à quelques tables de moi mais ne vient pas me parler. Je n'ose pas le faire non plus. Il prétendait ne pas travailler mais il venait tous les midis ici, comme moi.
Après manger, c'est l'heure de l'art contemporain.
Quand Jason arrive avec quatorze minutes de retard, Madame Jolibois le sanctionne d'une heure de colle. Il s'installe avec agacement mais tout en rigolant. Évidemment il me jette un oeil mais je l'ignore. Très vite, l'angoisse me monte à la tête. Je crispe mes doigts sur mon stylo. Je bouge sur ma chaise pour me sentir plus à l'aise, en vain. Je commence à avoir du mal à respirer. Jason à mes côtés, le souvenir de l'accident est d'autant plus fort, plus intense. Je ferme les yeux très forts pour enlever cette image mais au contraire, elle se fait plus claire dans le noir. Je panique.
Les larmes sortent toute seule et je me mets à pleurer. Devant toute la classe. Madame Jolibois cesse de parler.
Morte de honte, je me lève avec précipitation et me rue dans le couloir.
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DESTINS Tome 2 - Désespoir
Подростковая литератураLire le tome précédent avant, se trouve sur mon compte sous le nom de Destins (Tome 1)" :) bonne lecture ! Résumé tome 2 : Plus rien ne va. Alors que Emma se retrouve seule et désespérée après le départ de son frère, elle doit apprendre à vivre dan...