DESTINS Tome 2 - Désespoir

Chapitre 17 - Emma

Je passe toute ma journée de vendredi à me demander comment allait se dérouler mes cours de soutien avec Augustin. Comment lui faire comprendre que je n'en avais rien à faire des cours de géopolitique ?
Pendant une pause hebdomadaire je l'aperçois dans le couloir et le montre à Laura.

- Ce pauvre type là ? Bah dis donc ma pauvre de passer ses vendredis soir avec ce gars. Il n'aurait pas pu prendre un autre jour genre.. le lundi ? Histoire que ça soit encore plus une journée pourrie.

Laura change de sujet aussi vite que l'on avait entamé la conversation. Elle ne savait pas que j'avais déjà passé deux soirs avec lui, et que je m'entendais bien avec ce garçon. Bon d'accord il n'était pas vraiment de mon type mais au moins il avait le mérite de ne pas être comme tous les autres garçons qui me parlaient. Et surtout celui-ci, il ne cherchait pas à me draguer en permanence comme tous les autres.
Et ça me plaisait.
Ça me rappelle l'attirance que Andrew avait pour Charlotte car c'était l'une de rare qui l'ignorait. Et je le comprends désormais. Celle-ci continuait sa vie l'air de rien mais je sentais qu'elle se préoccupait aussi beaucoup du cas de mon frère.
Mais personne ne pouvait avoir plus mal que moi.

Quand vient le soir, je me prépare à recevoir mon prof particulier chez moi. Je change de tenue que celle que j'avais dans la journée pour être plus à l'aise. Je me coiffe d'un chignon mal fait, et me mets en bas de pyjama pour l'accueillir. Aucune intention de le séduire. Je n'avais pas à me faire belle pour un garçon comme lui.
Je lui ouvre la porte à 19h00. Augustin était habillé d'une chemise à carreaux boutonnée jusqu'au cou que je mourrais d'envie de défaire car ça lui donnait un air trop sérieux. Ses lunettes carrées amplifiaient ce trait. Il avait dans ses bras des cahiers et manuels destinés je suppose à m'ennuyer les prochaines heures. Je l'accueille en levant les yeux au ciel.

- Mais bien-sûr, ironisé-je. Tu prends bien ton rôle au sérieux !

- Je fais ce que l'on m'a demandé. Tu me laisses entrer ?

Toujours sérieux celui-là.

- Je préférais quand tu apportais les pizzas, je dis.

- On peut manger ensemble si tu veux, me propose Augustin.

- À la place des cours ? Volontiers.

Je me dirige vers la cuisine mais il m'attrape le bras. Ce contact me perturbe, surtout venant d'un garçon comme lui.

- Tu n'y échapperas pas !

- Oh non s'il te plait, je le supplie. Je m'en fiche de ses cours, tu crois vraiment que j'ai besoin de ça en ce moment ?

- Ne laisse pas la disparition d'Andrew affecter ton travail.

Je fronce les sourcils.

- Son départ.

- Oui si tu veux.

Il ne me quitte pas des yeux. Je finis par craquer. En poussant un long son de désespoir, je grimpe les escaliers et Augustin me suit en silence.
J'ouvre la porte de ma chambre, bien rangée. Augustin entre toujours sans rien dire mais je remarque qu'il observe partout.

- Voilà ma chambre, j'annonce.

Il hoche la tête.
Il s'avance, passant devant mon dressing jusqu'à mon bureau. Il le désigne d'un doigt.

- Ton bureau ?

- Oui.

Il y dépose les affaires qu'il avait emmené. Puis il attend que je fasse quelque chose, les mains dans ses poches. Je remarque sa gêne car il ne cesse de remonter ses lunettes sur son nez. C'était mignon.
Que dirait Laura ou encore Jason si ils savaient que j'appréciais Augustin ?
J'hausse un sourcil.