Chapitre 31 - Laura

33 5 4
                                    

Le jour J arrive enfin.

Impossible de fermer l'œil de la nuit, bien trop obsédée par l'idée que j'allais faire face au garçon à qui je parle depuis maintenant trois mois en secret le lendemain. Je n'ai pas mangé hier, ni les jours d'avant tellement je me sentais stressée par la situation. Je ne peux m'empêcher de me faire des scénarios catastrophiques dans ma tête, effrayée par l'idée de me retrouver en compagnie d'un garçon hideux, ou plus jeune. Ou bien une fille. J'avais l'étrange sensation que tout cela était un piège, dans lequel j'allais tomber...

Je relis certains de nos messages, pour comprendre où tout cela avait cessé d'être un jeu. X savait que j'étais Laura. Comment j'avais pu croire un instant que jamais il me découvrirait ? Comme je m'en voulais ! J'avais été bien trop imprudente ! Et maintenant, voilà que quelqu'un du lycée se baladait tranquillement avec mon secret. Laura Simons, tombée amoureuse d'un inconnu. Qu'est ce que ça sonnait ridicule ! Toute la semaine, je suis restée livide, que très peu bavarde. Mon ventre me torturait, consumé par le stress. Je n'ai même pas eu le courage de disputer Emma de s'être trouvé un copain complètement coincé qui allait salir notre image parce que à chaque fois que je le regardais je me disais "peut-être que X est pire que lui". X ne pouvait que être un garçon pathétique à la recherche urgente d'une copine, ou un gros pervers puisqu'il avait installé cette application totalement stupide.

Depuis que X m'a révélée connaître mon identité à moi, je me suis sentie débile. Alors nous ne nous sommes que très peu parlés. Après le fameux "Bonne nuit Laura" qui m'a glacée le sang, et qui a failli me faire faire une crise cardiaque, j'ai réagis au quart de tour.

Moi : Tu te fous de moi ?

X : Non.

Moi : Comment ça Laura ?

X : Ne cherche pas à nier, je sais que c'est toi.

Moi : Mais comment...

X : Je t'ai dis que j'étais fort.

Moi : Dis moi qui tu es !

X : Je préfère maintenir notre rendez-vous dimanche à 16h30. Viens, et tu seras qui je suis.

J'ai éteins mon téléphone, bouillonnant de colère. Pendant que je profitais de lui parler à cœur ouvert, monsieur s'amusait à savoir qui j'étais. Je parie qu'il a du mener une enquête. Savoir tout cela m'a donné un haut le cœur. J'ai jeté mon téléphone avec rage au sol et j'ai hurlé, en interpellant ma demi-sœur qui est accourue voir ce que j'avais. Après lui avoir claqué la porte au nez j'ai hurlé deux fois plus, énervée. Les larmes me montaient seules aux yeux. Et c'est à ce moment là que j'ai réalisé que peut-importe qui était X, mon cœur lui appartenait.

***

Dimanche matin, je me regarde devant la glace. Le rendez-vous n'était que dans plusieurs heures, je commençais déjà à me préparer. Mon impatience était aussi grande que mon stress. J'en avais mal au ventre, mal au cœur, c'était tout simplement horrible de vivre dans une attente aussi grande. Je décide d'ignorer le message de X qui attendait que je lui confirme que l'on se verrait bien cet après-midi à l'entrée du lac. En tout cas, puisqu'il savait qui j'étais je n'avais pas l'appréhension de ne pas lui plaire. Mais en un sens c'était pire. Je me retrouvais en position de suiveuse, à l'affût de l'importe quel piège. J'avais perdu le contrôle de la situation et rien qu'à l'idée de cela, je voulais me gifler.

Je prends du temps à me décider de comment m'habiller pour l'occasion. Si je m'habille trop bien, il va croire que je suis folle de lui alors que si je me néglige je le regretterai si notre scène est romantique ou mémorable. J'opte pour un pantalon qui met en valeur mon postérieur et un petit pull rouge trop mignon. La neige tombait à fond aujourd'hui. Conduire jusqu' X sous ce temps allait se révéler bien compliqué. Je me prépare avec un grand soin, non sans trembler de peur en me maquillant. J'installe un rouge à lèvres bien rouge sur ma bouche, et mets en valeur mes grands yeux bleus. Pendant tout ce temps, je me demande qui est derrière le pseudonyme de X. Il a mentionné que l'on se connaissait et que j'allais être surprise de savoir qui il était. Ces informations ne pouvaient que renforcer mon inquiétude.

Je reste muette à l'heure du repas, ce qui étonne ma mère car d'après elle j'avais toujours beaucoup de chose à dire. Or, aujourd'hui je ne lui dis que je serais absente à partir de 16h. Elle me prévient seulement de faire attention avec la neige.

Lorsque vient l'heure de partir, je me sens de plus en plus mal. Mal comme je ne l'ai jamais été. D'habitude, j'avais toujours confiance en moi et surmontais les épreuves de ma vie la tête haute mais aujourd'hui je me dégonflais. Oui. J'avais peur de qui pouvait être X, j'avais peur de revenir chez moi ce soir le cœur brisé.

Dehors, ma rue est toute blanche. Je prends les clés de voiture de ma mère et m'installe au volant, les mains tremblantes. Il était bientôt 16h30 et comme prévu j'étais bien partie pour arriver en retard. Je voulais que ce soit lui qui m'attende et non le contraire. J'avais déjà assez eu ma dose d'humiliation pour la journée. J'allume le moteur.

Pendant toute ma conduite, je tente d'oublier ce qu'il allait se passer. Je me concentre le plus possible sur mon attitude maladroite au volant. La neige avait crée des plaques de verglas qui faisaient glisser la voiture sur la route. Les essuie-glaces retiraient les flocons de neige qui venaient se poser sur le pare-brise. Je quitte la ville et roule dans les petites rues de campagne. Puis je me remémore un souvenir joyeux mais douloureux : ma mère et moi, deux jours avant son accident de voiture qui a failli lui coûter la vie se baladant au bord du lac. Depuis ce jour là, je n'avais jamais remis les pieds la bas. Cela faisait plus de quatre ans. Mon téléphone vibre.

X : Je suis arrivé. Je t'attends sous le saule pleureur.

Mon cœur s'accélère. Je repère la sortie de route en direction du lac. Peu de temps après, j'aperçois le grand lac gelé par le froid, au milieu de la forêt. Je poursuis ma route parmi les arbres jusqu'au parking de l'entrée de la promenade du lac. Je tremble de plus en plus... J'allais vraiment tomber dans les pommes tellement je me sentais pas bien. Je voulais faire demi-tour au plus vite comme je l'avais fait chez Emma mais cette-fois il ne fallait pas que je me dégonfle.  J'allais enfin lui faire face.

Je me gare au plus proche de l'entrée. Je coupe le moteur. Je me regarde une nouvelle fois dans le miroir au dessus de ma tête et me recoiffe rapidement. Je ferme les yeux. Je pense à X une dernière fois. C'est peut-être la dernière fois que je pense à lui positivement, à un X attentif, qui a su me rendre meilleure. Sans lui, jamais je n'aurais pu surmonter la trahison de Ben et de Marguerite

Aller courage Laura, dans deux minutes cette histoire est derrière toi.

Je sors de la voiture, en oubliant X. Je marche seulement, comme si rien n'allait se passer. J'arrive dans un petit chemin de terre menant jusqu'au grand lac. Puis, j'aperçois le saule pleureur, dont les lianes tombaient jusqu'au sol. Mon cœur tambourine si fort dans ma poitrine que j'en deviens sourde. Tous les bruits autour de moi disparaissent d'un seul coup.

Car il était là. Le voilà.

X.

J'aperçois une silhouette en bas de l'arbre. Un silhouette masculine, les mains dans les poches. Il était dos à moi. Il ne savait pas encore que j'étais juste derrière lui. Je plisse des yeux. Comme ça, je n'avais aucune idée de qui il pouvait être. Il portait une doudoune noire, un jean bleu simple et un bonnet bleu foncé. Je ne vois pas ses cheveux, ils étaient courts. Puis, je vois sa nuque. Et remarque sa peau brune. Mon cœur cesse de battre. Je reste paralysée reconnaissant alors mon X, celui dont j'étais amoureuse.

X se retourne doucement.

C'était Antoine.

DESTINS Tome 2 - DésespoirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant