DESTINS Tome 2 - Désespoir

Chapitre 16 - Marguerite

Maman part à l'hôpital ce week-end.
Ce départ programmé me rappelle que je n'ai plus assez de temps à lui consacrer malgré tout mes efforts. J'ai annulé tous mes rendez-vous avec Ben, j'ai supprimé mes séances de sport, et je ne suis pas allée aux cours de natation mercredi dernier.
Maman tient à ce que je poursuive les cours comme si rien ne se passait.
Sauf que ma mère allait mourir et la situation m'échappait totalement.
Je passe ma semaine à son chevet, à profiter de chaque instant. Hier soir, je suis restée auprès d'elle pendant son sommeil. Il paraissait si paisible, elle semblait bien plus belle les yeux fermés que ouverts. Je détestais être impuissante face à ça.
Maman ne cesse de me répéter de continuer à vivre, de profiter, de sortir avec mes amis. Mais j'en étais incapable. Comment pouvait-elle me demander cela alors qu'elle partait peu à peu. Les derniers résultats se sont révélés négatifs, d'où son départ.
En attendant son retour, ou plutôt son départ définitif, je pouvais restée seule à la maison. Mais vivre seule, sans personne, me terrifiait.
J'avais besoin d'elle.
Je ne viens pas en cours en fin de semaine. Je reçois un message d'Emily qui me propose de faire du shopping avec elle, mais je n'en ai pas le coeur. Plus tard, elle me demande où je suis.
Mais les messages qui me fait le plus plaisir sont ceux d'Antoine. Il comprend mon absence et tient à ce que je le prévienne de la situation. Il semble être bien plus présent que Ben a mes côtés. Ce dernier n'a même pas du s'apercevoir de mon absence au lycée puisque nous nous fréquentons seulement qu'à la salle.

Antoine : Tu rates frites à la cantine chérie.

Marguerite : Et toi tu rates un bon feuilleton télé.

Antoine : Pas trop dur ?

Marguerite : Non, il est bien.

Antoine : Je voulais parler de rester chez toi.

Marguerite : Je préfère être la pour elle même si il y a son infirmière.

Antoine : Je sais. Tu devrais quand même sortir un peu, ça fait plusieurs jours que tu restes chez toi pendant que ta mère dort.

Marguerite : Emily m'a proposée une sortie samedi, je ne sais pas si je dois y aller.

Antoine : Accepte, ça va te changer les idées.

Marguerite : Je devrais. Merci.

Antoine : Et viens demain en cours, tu me manques trop chérie.

Je souris.

Marguerite : Toi aussi tu me manques.

J'eteins mon téléphone. En réalité, la série télévisée que je regardais était vraiment très ennuyeuse. Je regarde par la fenêtre pour passer le temps. Le cadre me rappelle la première fois que j'ai vu Ben et ses beaux yeux. Elle me rappelle également le premier jour où j'ai rencontré Antoine, déjà aussi chaleureux. J'avais envie de me défouler, de faire un peu de sport maintenant.
Maman était trop malade pour pouvoir sortir un peu. J'aurais bien aimé me balader même si il faisait de plus en plus froid.
Décembre approchait.
Est ce que j'allais passer les fêtes de fin d'année seule cette année ?

Le lendemain, je préviens Maman que je vais au lycée. Comme d'habitude je retrouve Antoine dès le matin. Ce matin, il me serre différemment dans les bras.
Je sens sa tête se perdre dans mes cheveux. Je sens son soutien moral dans ma dure épreuve.

- Ça va ? me murmure t-il.

Ma tête contre son torse je hoche la tête en signe d'affirmation. Mais je ne voulais pas me détacher de lui pour lui montrer mes larmes. C'était si dur d'être ici, tandis que ma mère était clouée au lit, Ben si loin et Laura avec une vidéo de moi. Même si ce dernier détail n'affectait plus directement ma vie, ce n'était pas à oublier.
Antoine me caresse les cheveux.
J'entends mes amies Emily, Iris et Alice venir vers nous en poussant déjà des petits gémissement de bonheur.