Recueil ²⁰²⁰ ↬ ᴹᵒⁿˢᵗᵃ ˣ

Douce fleur

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_ Ils sont en retard, soupire Hye Kyo, appuyée contre le comptoir.

_ D'après ce que j'ai entendu ce matin sur le marché, ils ont dû voyager loin pour cette dernière quête. Je ne sais pas s'ils ont combattu au nom de l'Empereur, mais il est normal qu'ils aient du retard quand on sait d'où ils reviennent. S'ils sont bien revenus, marmonne Suhyun, d'une moue ennuyée.

_ En espérant qu'il n'y ait eu aucune perte.

_ Allez les filles, ne restez pas ici, ils vont sans doute arriver, suggéré-je, assis derrière la haute table en bois, retournez dans la salle, il y a déjà des clients qui attendent d'être servis.

_ Mmh, oui, oui, on sait, grommelle l'une d'elles, en s'en allant.

_ Leur table habituelle est libre, n'oubliez pas de la laisser vide, rappelé-je, en voyant certaines de mes courtisanes accueillir de nouveaux arrivants, avant même que ceux-ci ne soient passés par moi.

_ Bonsoir Hoseok !

_ Oh, bonsoir Hongshik ! souris-je, poliment.

Alors que les autres soldats de la garde royale passent leur chemin pour rejoindre directement leur table réservée, tout en me saluant rapidement d'un signe de main, la personne m'ayant vivement salué reste face à moi, suivi d'un homme que je n'avais encore jamais vu.

Grand et fort, il est habillé d'un très élégant hanbok d'un beau bleu impérial, agrémenté d'un chapeau noir assez classique, mais le rendant plus majestueux encore qu'il n'y paraît.

Les mains placées élégamment derrière lui, le dos droit, le menton relevé et le buste bombé, sa prestance dépasse de loin celle de toutes les personnes réunies sous cette maison.

Son regard sombre et sérieux me dévore entièrement, et sous celui-ci, je me sens bien trop déstabilisé.

_ Tu as à l'air d'être un habitué, soupire l'inconnu, le visage quelque peu blessé.

_ Vous savez mon général, ce sont des choses naturelles, pouffe le soldat, nonchalant. Si vous ne viviez pas pour vos entraînements, vous seriez sans doute comme moi.

_ Si je m'entraînais moins, je serais simple soldat, claque-t-il simplement, d'une voix grave et autoritaire, les prunelles intenses toujours plongées dans les miennes, fuyantes et gênées.

_ Ce n'est pas faux, frissonne d'effroi le plus petit. Et c'est en grande partie pour ça que vous serez à jamais mon modèle !

_ Votre table est libre, placé-je enfin. Je vous apporte vos boissons habituelles. Général ? tenté-je, bizarrement anxieux, tassé sur ma chaise. Prendrez-vous quelque chose de différent de vos hommes ?

_ Non, conclut-il, rapidement, vous pouvez me mettre la même chose, merci.

Ses yeux semblent me sonder de la tête aux pieds. 

Mes frissons ne cessent d'amplifier face à son regard brûlant.

_ Je vous fais apporter ça de suite, souris-je, légèrement crispé.