Recueil ²⁰²⁰ ↬ ᴹᵒⁿˢᵗᵃ ˣ

Karma

    

🌸

   

_ Tu n'aimes pas ? Vraiment ? murmuré-je, au téléphone, avec mon ami Kihyun. 

_ Non, pas spécialement, mais c'est pas grave, tente-t-il de me rassurer.

_ Mais il n'y avait plus celle que tu prends d'habitude, je ne voulais pas que tu te retrouves sans rien, marmonné-je, attristé, tout en remontant la rue menant à mon appartement. 

_ J'imagine bien hyung, souffle-t-il du nez, touché, et ce n'est pas grave. Je mangerai celle-là, ne t'inquiète pas.

_ Tu es sûr ? continus-je de chuchoter, pour ne réveiller personne en cette heure tardive. Sinon j'y retourne. Ça ne me dérange pas, tu sais ?

_ Reviens ici Seok ! s'énerve-t-il, impatient, me laissant sursauter.

_ D'accord, d'accord, baragouiné-je, embêté.

  

Dans un nouveau sursaut, je m'empêche de justesse de hurler à pleins poumons, en raccrochant sans plus de cérémonie au nez de mon ami.

   

_ Oh mon Dieu ! m'écris-je, choqué. Est-ce que ça va ? 

   

Devant moi, au coin de la ruelle menant à mon appartement, un homme blessé se trouve par terre, adossé au mur d'une grande bâtisse.

Il est sacrément amoché.

Son visage est si blessé qu'il ne voit plus d'un oeil, tant celui-ci est gonflé.

Vêtu d'un large sweat gris, il doit très certainement cacher de nombreuses autres blessures.

   

Angoissé, à présent accroupi devant lui, je m'inquiète de plus en plus en voyant son mutisme et son corps immobile.

Il semble si grand et fort, comment peut-il en être arrivé là ?

   

_ Vous avez besoin d'aide ? bafouillé-je, peiné.

   

Alors qu'il bouge quelque peu, j'aperçois l'autre côté de son visage. 

En sang, il se tient les côtes en grimaçant, ce qui ne me rassure pas du tout.

   

_ Oh Mon ! paniqué-je réellement. Vous êtes vraiment mal en point ! Laissez-moi appeler les urgences, conclus-je, en me remettant debout, déverrouillant d'un même mouvement mon téléphone, le sac en plastique contenant les glaces et autres sucreries percutant vulgairement le sol.

_ Non, ce n'est pas la peine, grogne enfin la personne assise par terre, en tentant de se redresser. Ça ira, ne vous inquiétez pas.

_ Vous êtes capable de vous lever ? tenté-je à nouveau. Vous avez besoin de soin.

_ Raccompagnez-moi simplement chez moi, vous voulez bien ? grogne-t-il toujours, le corps semblant très douloureux.

_ D'accord, faisons comme ça, c'est déjà mieux que rien, marmonné-je, en attrapant délicatement son bras, pour le placer autour de mes épaules, vous semblez bien trop têtu. Appuyez-vous sur moi.

   

Grimaçant et grondant sous la douleur, il prend appui tantôt sur moi, tantôt sur le mur derrière lui pour se relever, non sans difficulté.