Coups de jeunesse

Chapitre 7. Les mondes de Charlie

La fête bat son plein tandis que je suis dans mon coin près des petits fours et d'une bouteille de champagne à l'observer. Jamais seule. Toujours entourée. Elle n'est pas venue me parler une seule fois ni jeter un œil et j'ai envie de pleurer de voir la manière dont son sexboy l'enlace. Un vrai petit couple. Ils discutent avec le PDG, notre patron et les lèches-culs de service. Mon seul réconfort est de voir Frédéric bouillir face aux gestes tendres de Dorian vis-à-vis de Charlie. J'aimerais avoir le courage de l'affronter et de lui dire ce que je pense de son attitude après ce qu'il s'est passé entre nous. J'aimerais tellement... de choses et son contraire. Le pire de tout est qu'il suffirait qu'elle me parle pour que j'oublie le mal qu'elle est en train de me faire subir. Elle tourne sa tête dans ma direction et ses yeux bleus me transpercent. J'ai du mal à avaler ma salive tellement elle me déshabille du regard. J'ai choisi ma robe en sachant qu'elle risquait de lui plaire et je sais que c'est joué avec le feu. Elle se mordille la lèvre en ne me quittant pas des yeux. Je bous de l'intérieur, d'un simple regard, elle a réussi à réveiller toutes mes pulsions. Je sens mes joues me brûler... .

« Vous êtes donc une passive ! »

Je sursaute ne m'attendant pas à ce qu'on vienne me parler. Incertaine d'avoir bien compris ce que l'on vient de me dire, je me tourne vers la personne. Je tombe nez à nez avec une jolie femme aux cheveux roux et aux yeux verts. J'essaie de me rappeler l'identité de cette femme qui a fait un discours au début de soirée mais impossible de revenir dessus. Prenant conscience que je la dévisage et qu'elle attend visiblement une réaction de ma part, je préfère lui faire répéter ce qu'elle vient de me dire.

«
⁃ Pardon ?, dis-je, mal à l'aise.
⁃ Je disais juste que vous êtes une passive, me répond-elle en esquissant un sourire amusé.
⁃ Passive ? A propos de la soirée ?, dis-je incertaine.
⁃ Votre imagination est plutôt active durant cette soirée. Je parlais au niveau de votre vie intime... Je vous comprend, cette jeune femme doit être de feu au lit. »

Le liquide que je venais de mettre dans ma bouche, repasse directe dans mon verre. Elle vient de dire quoi là ?

«
⁃ Je suis désolée mais je ne suis pas sûre de comprendre ce que vous voulez dire.
⁃ Vous comprenez très bien où je veux en venir. C'est surprenant que vous gardez espoir qu'elle s'intéresse à vous... des filles comme elle, c'est comme essayer d'attraper un nuage, elle se lasse très vite et passe à autre chose avant que vous puissiez la découvrir entièrement.
⁃ Je... je ne vois pas de qui vous parlez. Je ne suis pas intéressée par... les femmes. Je... .
⁃ C'est trop mignon, dit-elle en faisant une grimace de dégoût. Vous espérez qu'elle vous remarque juste en la faisant fondre du regard comme une collégienne. C'est dommage que vous soyez si passive, il y a du potentiel en vous... . »

Je suis sur le point de remettre cette femme à sa place quand  quelqu'un claque un verre en le déposant sur la table. La rouquine affiche un sourire séducteur en se tournant vers une jeune femme d'origine hispanique.

«
⁃ Tu es toujours autant à tomber, Maya, lui dit la rouquine sous les yeux assassins de l'autre femme.
⁃ A quoi tu joues ?, réplique la Maya.
⁃ Je suis juste en pleine discussion avec cette femme, tu ne serais pas jalouse quand même ?, rit la rousse.
⁃ Tu sais très bien de quoi je parle Glad' ! C'est fini entre nous... et laisse cette femme tranquille ! Si elle se complait dans sa passivité, laisse-là  et arrête de forcer les gens ! »