Vingt et un ans se sont écoulés…Vingt-et-une années à nourrir la même phobie, le même poison mortel jusqu'au jour où Leïla est tombée comme par magie sur une phrase de Don Miguel Ruiz, un nagual mexicain, dans un papier à moitié brûlé retrouvé près de la cheminée d'une ancienne maison de campement à Montfermeil : « Ce n'est pas la mort, mais le risque d'être vivant et d'exprimer qui l'on est vraiment qui suscite la peur la plus importante. Être simplement soi-même, voilà ce que l'on redoute le plus. »
Vingt et une années se sont évaporées dans les couloirs du temps jusqu'à ce jour où Leïla se rendit enfin compte que toutes ses souffrances et ses distanciations causées par ses angoisses, et ses amertumes n'étaient ni plus ni moins que la fabrication de son esprit contrôlée par la tremeur de faire face à elle-même, de s'en foutre des autres et d’avoir le courage de s'accepter tout en faisant fi des palabres dévastateurs des autres, même ceux de Margareth, sa mère.
Ce matin-là, après le confinement global face au Covid-19, Leïla se rendit compte qu’abandonner son rêve à cause de sa grande peur fut une grotesque erreur. Ce matin pluvieux du printemps 2020, en plein cœur de la forêt de Bondy à quelques kilomètres de la maison, dans l'allée Coteau, toute nue, sous les orages, Leïla, remplit d'une démence singulière amalgamée d'une extase inextinguible, se mit à courir dans les bois tout en chantant de plus en plus fort avec les oiseaux et se déhanchant sous le rythme des tic-tacs de la pluie. Elle courut, chanta, vociféra, pieds nues… Leïla se souvint de ce moment de renaissance divine comme si c’était hier.
Au bout d'un moment, elle s'est laissée choir sous un énorme chêne sessile non loin de l'étang Isabelle puis ses mots s'échappèrent avec force et tendresse : « J'ai une belle voix et j'accomplirai de grandes choses avec… ». Puis une coulée de larmes de joie caressa son visage rougi par la liberté d'être elle-même.*
Leïla fixa une dernière fois son reflet et elle rit bêtement presqu’à gorge déployée puis la porte de la pièce s'ouvrit. Un jeune chinois blond, l'air sympa, affublé d’un casque pendu autour du cou et habillé tout de noir d’un T-shirt avec « Yes We Can » à l’avant et d’un jeans délavé, lança non sans langueur : « Leïla ! Le public est en feu ! L'Asian World Arena n'attend plus que ta fabuleuse voix ! »
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Léïla
Non-FictionC'est une nouvelle très courte divisée en trois chapitres... Çela raconte la vie d'une jeune française denomée Léïla qui a été contrainte de chanter alors qu'elle n'avait que neuf ans par sa mère bien qu'innocement...Léïla a passé toute sa vie à fui...