Je conseille fortement d'écouter le morceau : "Comptine d'un autre été" en fond durant votre lecture :)
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Il existait un petit vieux avec ses petits pieds gonflés, ses petits cheveux pas bien nombreux et son petit déambulateur qu'il n'aimait pas beaucoup, mais qui lui servait bien.
Le petit vieux vivait dans une charmante maison pas bien loin. Comme elle était spacieuse, comme on y respirait bon. Sauf que dans les trop grandes maisons, parfois, on se sent un peu seul. Et il n'aimait pas trop ça, le petit vieux.Alors, chargé de ses pieds gonflés, il partait de la maison tous les matins sans vraiment savoir à quelle heure. Il se levait simplement en même temps que soleil. De toute façon, il s'en fichait un peu, le petit vieux, de l'heure à laquelle il s'en allait.
Sur le chemin s'alignaient d'autres maisons, des un peu bancales, des très fleuries, des originales. Mais la sienne était la plus jolie, si on ignorait qu'elle était un peu vide, avec toutes ses briques superposées, son jardin peinturluré, taché, ses toiles vierges abandonnées et son intérieur maladroitement décoré, mais enguirlandé de plantes grimpantes jusqu'au grenier. De l'extérieur elle paraissait même très joyeuse, et le bonheur, il avait bien connu ça, le petit vieux.
Le petit vieux traversa comme un désert. En vérité, c'était une juste le village, mais il faisait chaud, il avait de vieux os, alors à cet âge, même la mer pouvait paraître un désert.
Les roues de son déambulateur s'agitaient sous les pavés des rues, ceci avait toujours tendance à l'agacer un peu et il s'en agaça vraiment ce matin. Puis, il passa devant la dernière porte de la dernière maison avant les champs et il oublia vite le grelottement de ses mains sur le guidon lorsqu'un jeune garçon en sortit. « À tout à l'heure ! », s'exclama-t-il gaiement en se retournant, un vague signe de la main adressé à l'une des fenêtres au bord de laquelle une mère regardait son grand fils s'éloigner.
Le garçon était mignon, peut-être pas autant que sa grande maison vide, mais il avait un beau sourire.
Vous savez, les petits vieux, ça s'ennuie pas mal, ça travaille plus, ça ne peut plus bien bouger, ça n'entend même plus, des fois. Du coup, ça s'ennuie. C'est curieux aussi, mais surtout, ça s'ennuie.
Alors le petit vieux suivit le jeune garçon.
Il allait un peu vite pour lui, même si le petit vieux s'en sortait encore, parce qu'il semblait rêveur, ce jeune garçon. Il planait, puis trouvait le ciel intéressant, alors il l'observait un brin trop longtemps et pendant ce temps le petit vieux rattrapait son retard.
Le soleil tapait, les rayons brûlants auraient pu devenir embêtants, mais le paysage était tellement beau qu'on ne pouvait pas en vouloir au ciel d'être joyeux lui aussi.
Aujourd'hui, tout le monde semblait gai : le ciel, le jeune homme et le petit vieux. Pourtant, plus loin dans les champs, un autre garçon pleurait. Même qu'il peignait, aussi.
Les fleurs sauvages chatouillèrent les jambes biscornues du petit vieux et le déambulateur roula mal même une fois sorti du village. Toutefois, le jeune garçon qu'il suivait se mit à chantonner et ce fut ravissant, alors le petit vieux continua tout de même son chemin.
Après un moment, il finit par reconnaître la mélodie fredonnée sans pouvoir autant s'en rappeler le nom. Il était trop âgé pour se souvenir du moins important, après tout, le petit vieux.
Le jeune garçon était joyeux, mais, plus loin, un autre garçon pleurait sous un arbre, ses pinceaux en main, de la couleur au visage, puis peut-être toute la peine du monde sur les épaules. Pourtant, le soleil était beau, bien monté dans le ciel, éblouissant, presque aveuglant, or parfois, la beauté ne suffit pas.
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Deux Fleurs Entre Nous | 𝐭𝐤 (auto-édité)
Fiksi PenggemarIl y a eu la tristesse, les doutes, les pleurs, la solitude... Puis, au milieu de tout cela ; Taehyung a connu Jungkook, sous leur arbre perdu dans les champs.