Je relevai la tête vers Arty. Sa mâchoire était tendue. Il ne tremblait pas, mais j'avais l'intime conviction qu'il l'avait fait chez lui, à l'appris de tout regard. Je croisai les bras.
- J'ai deux questions, énonçai-je. Il y a quelques semaines, j'ai eu affaire à une Hyène qui refusait d'opérer un changement. Ça compliquait ses relations avec les humains dans le sens où elle devenait de plus en plus agressive. Des humains ne cessaient de se plaindre au téléphone. L'Alpha des Hyènes refusait de la tuer pour diverses raisons, elle a alors fait appel à moi.
- Les métamorphes ont besoin de se transformer, sinon ils finissent par craquer et rien de bien n'en sors, expliquai-je. Soit, ils perdent toutes notions d'humanité, soit ils perdent toutes notions de sauvagerie. Si, nous en tant qu'humain nous ne voyons pas de problème au fait d'être tout à fait civil et sans once d'animalerie en nous, pour les métamorphes, c'est une toute autre histoire. Abandonner sa nature animale équivaut à se suicider dans notre cas. Ils donnent à tout métamorphes le droit d'attaquer le « maillon faible ». Ce n'est pas ouvertement dit, mais dans les faits, cela reste le cas.
- La Hyène refusait de se transformer. La première chose qu'elle m'a proposé lorsqu'elle m'a rencontré fut un jogging. Le fait qu'il n'arrête pas de demander qu'il souhaite courir me fait penser qu'il ne s'est pas transformé depuis très longtemps. Quand était-ce la dernière fois qu'il a changé ?
- Deux jours avant qu'il ne disparaisse, expliqua Arty.
- Deux jours ?! Impossible. Il n'aurait jamais eu autant besoin de se transformer en deux jours.
- C'est pourtant le cas, nous passions tous les deux jours à regarder un film chez nous. Moi en étant moi, lui en étant un Ours.
Bizarre. Pourquoi ressentirait-il le besoin de changer s'il l'avait fait deux jours auparavant ? Après avoir jeté un rapide coup d'œil à José, je regardai attentivement Arty, essayant de trouver une réponse à cette question sur son visage. Mon regard s'attarda sur la marque au cou d'Arty. Ah oui. Mes poings se serrèrent inconsciemment.
- Deuxième question : qui t'a serré le cou ainsi Arty ?
Il haussa les sourcils et recula légèrement. Ah. Je n'avais pas su garder ma colère pour moi. Je devais encore travailler sur la maîtrise de mes émotions.
- Il a dit « Alpha ». Alors je suis allée voir l'alpha des Ours.
Il suintait la colère.
- Et tout ce chemin pour qu'il me dise quoi ? Qu'il ne connait pas mon compagnon. Pour dire quelques instants plus tard que mon compagnon ne voulait juste plus me voir, qu'il avait fui pour ne plus me faire face. Comme j'insistais, l'alpha des Ours a finit par s'énerver et m'a gentiment demandé de ne plus me mêler d'affaires qui ne me regardaient pas, qui ne me concernaient pas, qu'il pourrait m'arriver malheur si j'en parlais à quiconque. Tout ça, en ayant plus pied sur terre bien sûr.
- Oh... Vraiment ? Il a dit tout ça ?
Ma voix était tout ce qui avait de plus mielleux dans ce monde. Le prédateur à côté de moi ne s'arrêta pas de gronder pendant toute la conversation. L'agression sur humain par un Alter était puni plus sévèrement dans les lois tacites des créatures magiques que par la loi humaine. Qu'un alpha se soit permit de commettre un tel impair était révélateur de l'ampleur du problème. Par ailleurs, si monsieur De Chantaine avait eu un soupçon de magie en lui, l'ordre donnait par l'alpha l'aurait empêché de demander de l'aide. Je ne savais pas ce qui avait pris à l'alpha, mais j'allais bientôt le savoir. Et j'allais discuter avec lui des manières d'accueillir un humain en détresse.
De Chantaine bougea légèrement. Crotte, j'avais encore des progrès à faire quand il s'agissait de cacher mes émotions, semblait-il. Je me repris rapidement.
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Ush ROWTAG T2 : Conséquente Transformation
ParanormalVoilà un an que le monde magique a été dévoilé. Désormais agent de liaison, j'ai vu ma vie changer du tout au tout. Encore. J'enchaîne les affaires, persuadée d'être assez forte - et patiente - pour supporter les conneries des Alters et des humains...