Ush ROWTAG T2 : Conséquente Transformation

1.3

- Que se passe-t-il ?

- Enfin, te voilà, grogna-t-il. Il faut que tu rencontres ce jeune homme pour...

Il ouvrit la bouche et tout ce qui en sortit fût un grondement. Il fronça les sourcils. Réessaya. Gronda une nouvelle fois. Il serra les poings.

- Qu'est-ce que tu as ?

Il s'éloigna de quelques pas. Il s'efforçait de me dire quelque chose mais il n'y arrivait pas. N'ayant pas mes propres lunettes sur le nez, je ne vis que la magie de José s'agiter autour de lui. Rien n'interférait alors je ne voyais pas ce qui l'empêchait de faire quoique ce soit.

Ses bras enflèrent, le haut de son corps s'élargit et son visage se crispa. Ça ne dura qu'une micro seconde. Puis son visage bougea. J'avais déjà vu un changement. Il n'y avait rien d'harmonieux dans ce processus. De la fourrure apparut sur son nez, s'étendit peu à peu vers ses joues puis recouvrit son visage. En même temps, il prit de la masse, s'épaississant, grandissant, touchant presque le plafond. Il poussa un grondement qui m'inspira la terreur à l'extrême. Mon diner remonta dans ma gorge mais je ne fis pas un mouvement et j'osai espérer que toute personne dans La Taverne en fit de même. Son visage s'allongea au niveau de son nez, des crocs apparurent quand il ouvrit la gueule et ses oreilles d'humain disparurent laissant la place à celles de l'Ours qu'il était. Ses vêtements s'étirèrent jusqu'à l'explosion. Des os craquèrent, explosant et changeant de place. Ses épaules furent couvertes de fourrures et ne cessèrent de s'élargir. Ses jambes eurent droit au même processus tout comme son torse. Alors qu'il était sur ses pattes arrière, il rugit.

Je fermai les yeux, prise d'abandon.

J'entendis des cliquetis s'abattre sur le sol et ouvris instantanément les yeux. Les griffes de José étaient très dissuasives. Sa transformation terminée, il commença à faire les cent pas sur ses quatre pattes. Il laissa des striures sur le sol avec ses pattes. De temps en temps, il grogna et balança la tête d'un côté puis d'un autre comme pour se débarrasser de quelque chose.

Quelqu'un toqua à la porte. La voix étouffée de Dron retentit.

- Tout va bien là-dedans ?

- Oui, oui, répondis-je alors que José grogna pour donner son avis.

- Génial. Tout le monde est un peu angoissé ici, mais si tu dis que ça devrait aller alors tout roule.

Alors que Dron semblait s'éloigner de la porte, José me contourna et se plaça devant la porte. Il fit faire à sa tête des aller et retours entre la porte et moi-même.

- Tu veux que je sorte ?

Grondement sourd.

- Est-ce ce qui t'a poussé à te transformer ?

Grondement plus bas.

- Est-ce l'histoire du jeune homme ?

Grondement.

Bon. J'ouvris la porte, et un Ours me suivit. Toute la salle se tut.

En un an, beaucoup de choses avaient changé. Malheureusement, tout autant d'angoisse était encore présent. C'était une chose, de venir dans un des terrains neutres de toutes agressions magiques ou humaines, de vouloir approcher de plus près des créatures jusqu'ici mythiques, de voir des crocs dans le noir trois secondes. C'en était une autre d'affronter brusquement la réalité. La réalité était qu'un métamorphe avait une forme animale mortelle dont un ours pesant le triple de votre poids. La réalité était que rares étaient les humains qui avaient eu affaire à des métamorphes sous leur deuxième forme au mieux, leur forme intermédiaire au pire, aux pouvoirs dangereux des Vampires, des faes, des sorciers ou des mages, aux Démons ou Anges dans leur formes guerrières. Ceux qui faisaient appel à ma personne n'étaient qu'un faible pourcentage de la population. Alors, évidemment, la capitale magique qu'est devenue Vy depuis la diffusion de la vidéo dans le monde entier, était une exception. Les êtres magiques côtoyaient déjà les humains aux vues et su de tous. Seulement, ils étaient restés plus ou moins discrets, évitant malgré tout de montrer leur vrai nature, celle que j'essayais d'atténuer en bossant. Mais depuis la révélation, les Alters avaient décidé d'être le plus propre possible. Et j'avais l'intime conviction que cette méthode n'aidait pas. L'imagination des humains était très fertile. Ne pas savoir à quel point les Alters pouvaient être dangereux leur faisaient imaginer le pire du pire du pire.