Chapitre 7

987 30 2
                                    

7 mars 2015

Je suis dans la cour pendant l'heure de pause. Nous avons 2h pour nous dégourdir et respirer l'air frais. Moi, je cherche Liam du regard, j'ai des choses à lui dire. Je le repère au loin dans le coin muscu. Il est seul. Monsieur a des privilèges ? Vraiment ? Ce mec se prend vraiment pour le roi de la prison. J'aimerais bien que quelqu'un le remette à sa place de prisonnier comme les autres. Enfin pas trop quand même, il faudrait pas abîmer sa belle gueule.

Qu'est-ce que je raconte encore ?

J'avance alors rapidement vers lui, avant d'avoir l'idée de faire demi tour. Je fixe mon but et ne me préoccupe pas de ce qui se passe autour pour ne pas me détourner de mon objectif. Je dois le faire, c'est le minimum. Même si j'aurais préférer devoir remercier quelqu'un d'autre plutôt que lui.

Je suis presque arrivée à lui lorsqu'il lève son regard perçant vers moi. Ok, je laisse tomber ma mission, j'ai changé d'avis finalement. Je fais demi-tour et pars dans le sens inverse. Je pensais être tranquille mais je suis tout à coup retenue par une poigne ferme. La même que hier soir. Et merde.

- Qu'est-ce que tu me voulais Clark ? Ne nie pas je t'ai vu avancer vers moi.

- Qu'est-ce que ça peut te foutre Gibson ?

- Je t'ai aidé hier, tu pourrais au moins me parler gentiment, s'amuse-t-il.

Le pire c'est qu'il a pas tord. Ça fait juste mal de l'admettre mais c'est le moment. Si je ne le fais pas là, je n'aurais pas la patience de retourner vers lui.

- Bah figure toi que j'allais venir pour ça. Je voulais te remercier.

Je chuchote mon dernier mot. Pourquoi est-ce si dur d'être reconnaissant ? C'est quelque chose de normal pourtant. Quelqu'un t'aide et tu le remercies. C'est simple.

C'est sûrement parce que ce garçon est une tête à claques, me hurle ma conscience.

Eh bien tu as raison conscience. Il se croit tellement supérieur que de lui accorder de la reconnaissance ça fait mal. Il va sûrement prendre la grosse tête après mes paroles.

- Je voulais juste ne pas avoir ton viol sur la conscience, dit-il avec toute la désinvolture du monde.

- Je vois, je sais même pas pourquoi je suis venue.

Ce cher Liam est toujours plein de belles paroles toutes plus touchantes les unes que les autres. Je tourne donc les talons, prêtes à partir encore une fois. Mais cet emmerdeur de première décide de me retenir encore une fois.

- Qu'est-ce que tu me veux Liam ?

Il me fixe quelques secondes dans les yeux. C'est déstabilisant mais je pourrais me noyer dans ses beaux yeux verts. Ils ont l'air si profond. Y a forcément une histoire derrière et j'aimerais la connaître. Mais Liam c'est Liam, jamais je ne saurais quoi que ce soit sur lui, sauf si ça vient de quelqu'un d'autre.

Le cours de mes pensées est interrompu lorsque j'entends sa voix me répondre.

- Rien.

Il relâche sa prise et me tourne le dos pour repartir en direction du coin aménagé en salle de sport. Je reste plantée là quelques secondes. J'essaie d'assimiler le peu de conversation que l'on vient d'avoir. Au moins j'ai fait ce que j'avais à faire. Je n'aurais plus à lui adresser la parole. Sauf que maintenant que nous avons le même groupe de potes, ça risque de jeter un froid si deux des personnes de ce groupe ne s'adressent pas un mot. Il va tout de même falloir faire avec. En tout cas je ne compte pas faire le premier pas.

Il me reste encore un peu de temps de pause, je décide donc de rejoindre le reste du groupe assis sur une sorte de morceau de gradins. Je grimpe et m'assois sur le banc juste au dessus d'Alec.

Ce dernier stoppe sa conversation avec les autres et se tourne vers moi.

- Alors princesse, comment tu te sens ?

J'avoue être un peu gênée par le surnom qu'il me donne. J'ai l'impression qu'Alec me fait du rentre dedans, ou du moins qu'il essaie de me draguer légèrement. C'est peut-être qu'une impression mais ça me met mal à l'aise sauf que je ne lui dis pas. Je ne tiens pas à le vexer et encore moins à me mettre à dos un des seul amis que j'ai ici. Je ne voudrais pas non plus passer pour une fille qui a l'habitude d'avoir tous les garçons à ses pieds parce que ce n'est pas le cas.

- Ça peut aller mais j'ai assez mal dormi cette nuit. J'ai beaucoup repensé à ce qu'il s'est passé hier soir dans le réfectoire.

Il me regarde d'un air désolé. Il est vraiment mignon comme garçon. Il a toujours ce regard compatissant et compréhensif. Il est apaisant, passez 10 minutes avec lui et vous verrez. En plus de ça, je suis sur qu'il trouvera une jolie petite amie en sortant d'ici. Je ne connais pas son histoire mais à première vue ça à l'air d'être un bon gars en plus d'être plutôt pas mal.

Il est pourtant ici, en prison, me rappelle ma conscience.

Tu veux pas me laisser tranquille avec tes foutus remarques sarcastiques ? Saleté de conscience. J'essaie de me persuader que se sont des gens biens pour pouvoir rester ami avec eux. Je ne veux pas me sentir entourer de criminels dangereux. J'essaie donc de ne pas me poser réellement plus de questions.

- Je sais ce qu'il te faut, dit-il ayant l'air d'avoir eu l'idée du siècle.

Je l'écoute attentivement, attendant sa proposition. J'ai peur de la connerie qu'il va me sortir.

- Un jour j'ai surpris un gardien en train de matter du porno dans son bureau alors que je m'y rendais pour demander une nouvelle brosse à dent parce que j'avais cassé la mienne.

Il s'arrête là. Je le regarde attendant qu'il continue son histoire qui à l'air d'être passionnante. Pour le moment, je vois pas trop ce que je peux faire de ces informations. Et j'avoue que j'aurais préféré ne pas savoir que les gardiens font ce genre de choses sur leur lieu de travail. À cet instant, c'est comme si un inconnu faisait ça dans ma maison. Parce que cette prison est maintenant ma maison. C'est vraiment dégueu.

- Bref, continue enfin mon ami, il ne voulait pas que je balance et que ses collègue soit au courant alors j'ai fait un peu de chantage et j'ai obtenu le droit d'avoir la salle de sport 2h par jour pour moi et les personnes que je veux seulement. Accès réservé.

Je le regarde toujours ne comprenant pas où il veut en venir. Je suis ravie qu'il ait obtenu ce privilège mais je ne vois pas ce que j'aurais à faire dans une salle de sport. Ça fait longtemps que j'en ai pas fait alors je ne m'imagine pas m'y remettre comme ça, d'un coup, surtout en prison.

En voyant que des questions tournent dans ma tête, il me répond.

- Je pourrais t'entraîner. T'apprendre à te défendre, comme ça si quelqu'un essaie de s'approcher de toi, tu n'auras plus besoin d'aide. Et ça te permettrait de te défouler, tu en as besoin si tu me dis que tu dors mal la nuit. Moi j'ai l'accès à la salle, comme t'es mon amie, ils te laisseront venir quand tu veux.

Je sus étonnée de sa proposition mais j'avoue qu'en y repensant ce n'est pas une si mauvaise idée. C'est même une très bonne idée. Si je dois passer encore des dizaines d'années ici, autant que je sache me défendre par moi-même. Je n'ai même pas besoin d'y réfléchir à deux fois.

- J'accepte ta proposition, c'est une très bonne idée.

- Bien sûr que c'est une bonne idée. J'ai toujours des bonnes idées, avoue-t-il fier de lui.

Je lui donne une petite tape à l'arrière du crâne dans l'espoir de le remettre à sa place. Il me regarde avant de partir dans un grand fou rire dans lequel je ne tarde pas à le rejoindre. On se marre quelques secondes puis il finit par se calmer et de son air sérieux il me dit :

- On commence demain.

J'hoche la tête pour confirmer ses dires. Je n'étais pas prête à ce que ça commence aussi tôt mais mieux vaut ne pas perdre de temps, j'ai beaucoup de choses à apprendre. Alors, que les entraînements commencent !

Mauvaise route [terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant