Mauvaise route [terminé]

Chapitre 10

3 mai 2015

Ça fait déjà deux mois que je suis ici. Le temps est long. Vraiment très long. Je me suis habituée à l'endroit, aux horaires à suivre, à la nourriture, à l'enferment et au manque de liberté. Je me suis habituée à ma routine avec mes amis, à la bonne humeur de Mia et aux blagues pourries d'Alec. Je me suis faites aux gardiens râleurs et aux détenus un peu lourd sur les bords. Je me suis aussi habituée aux soirées et je me suis même habituée aux regards méprisant de Liam. Tous les jours le même, sans interruption.

Nous ne nous somme pas adressé la parole depuis un bail et c'est mieux comme ça. De toute façon , on a rien à se dire. Ça n'est pas la peine d'insister pour rien.

Ça fait également 2 mois qu'Alec m'entraîne à me défendre. On va dans la salle de sport, seuls ou accompagnés par les autres puis nous passons des heures à enchaîner les coups. C'est un très bon professeur et c'est très gentil de sa part de m'aider.

On s'est beaucoup rapproché ces derniers temps. C'est devenu un vrai ami. J'ai toujours cette impression qu'il essaie de me draguer parfois, en tout cas il joue beaucoup de son charme. Mais je l'ignore, ça finira bien par lui passer et puis ce n'est peut être qu'une impression de ma part.

J'ai enfin arrêté de pleurer comme une gamine et de m'apitoyer sur mon sort. Je suis en vie au moins, c'est le principal, non ? Bon d'accord, il y a mieux comme vie qu'être enfermé en prison pendant les 30 prochaines années de ma vie. Mais je me dis que quand je sortirais j'aurais le droit à une deuxième chance. Une deuxième chance de vivre une vie normale, de repartir à zéro même si j'aurais déjà 50 ans. Mon dieu..

Je le ressaisie immédiatement, je dois tenir bon, je vais tenir bon. Je vais être forte. Mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui j'ai envie de me laisser aller et de ne pas faire semblant d'aller bien pour qu'on me laisse tranquille puisqu'aujourd'hui c'est mon anniversaire. Le premier en prison.

Quand j'était petite je le passais avec ma mère et Thomas, mon frère. Puis lorsqu'ils n'était plus là je l'ai passé avec ma grand-mère puisqu'elle était ma tutrice légale. Ensuite j'ai été majeur et ma grand-mère est décédée alors je le fêtais avec mes amis, en particulier avec Charlie. Mais aujourd'hui, ils sont tous morts ou portés disparus et je suis enfermé dans une prison pour un crime que je n'ai pas commis. Je ne veux pas fêter mon anniversaire. Ça n'a plus aucun sens. Fêter une années de plus reviendrait à me foutre une grosse claque dans la gueule. Ça ne fait que me rappeler que je grandi, que je prends de l'âge et que je ne peux pas vivre la vie d'une personne normale à mon jeune âge. Quand je sortirais je serais beaucoup plus vieille, bien qu'à 50 ans on puisse encore vivre beaucoup de choses mais toutes mes jeunes années se seront envolés.

J'aurais aimé ignorer cette journée, et je l'aurais fait si ça ne concernait que moi mais cette journée n'est pas spéciale que pour moi. Avec quelques années de différences, ce jour est aussi l'anniversaire de mon petit frère. Eh oui, le destin à fait que nous sommes nés à la même date mais avec 5 ans d'écarts.

Je voudrais oublier cette journée mais je ne peux pas. Je me dois d'y penser chaque instant pour lui. Son anniversaire était sa journée préférée de l'année. Et il était d'autant plus ravi qu'on la partage. C'était notre journée. Et ça ne le sera plus jamais..

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Je me lève difficilement de mon lit. Je dois avoir une mine affreuse, j'ai très mal dormi cette nuit, j'ai rêvé du jour où une assistante sociale m'a apprit la mort de mon frère. Ma mère était tellement effondrée qu'elle n'a pas eu la force de le faire elle même. Ma première pensée en me levant se tourne donc vers mon frère. Je me dois de penser à lui chaque seconde de cette foutue journée. Non pas que je ne pense pas à lui d'habitude mais là je vais devoir m'efforcer de ne garder que les bons souvenirs en mémoire. Repenser à tous nos anniversaires fêtes ensembles, comment on riait à l'époque..