Chapitre 3 - Les révélations du « cercueil »

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Il était temps maintenant pour le commandement et moi de nous équiper et de pénétrer dans le module et de commencer notre étude.

Nous entrâmes dans le module dans un silence quasi religieux et avons commencé à observer cet objet incongru qui trônait là, sur son socle improvisé. Il mesurait précisément 195 cm de long, 30 de hauteur. Son plus petit côté faisait 36 cm et son côté plus large 45 cm. Nous avons procédé manuellement à une analyse de l'air, à d'autres tests bactériologiques et la détections de substances nocives, et ceux-ci ne révélèrent rien de dangereux. Nous avons alors pu ôter nos combinaisons de protection ce qui en soit procurait un certain soulagement. Nous avons cependant retenu notre souffle un moment et nous respirions par petite bouffée.

Nous nous sommes approchés de ce cercueil et c'était plutôt incroyable car sa surface était aussi lisse qu'une bille de billard et aussi noire que l'ébène. A l'œil nu, il était impossible de percevoir une quelconque jointure, le moindre trou ni même la plus petite rayure.

Par contre, nous pouvions maintenant parfaitement voir l'inscription du petit côté. Seulement cela ne ressemblait à rien de familier. Cela ressemblait étrangement à une croix gringolée, avec ses têtes de serpent caractéristique. Je n'en avais jamais vue en dehors des livres, et je pouvais me tromper. En tout cas, cela n'était guère engageant. Qu'allions nous trouver à l'intérieur ? Si tant est que cette chose s'ouvre.

Le commandant et moi nous regardions de temps à autre, gênés, ne sachant ni l'un ni l'autre comment rompre cette atmosphère lourde.

Timidement, nous avons tenté de tapoter sur la boîte, insérer un tournevis puis avec un marteau, taper plus fort, encore plus fort. La résistance était telle que s'en était presque douloureux au niveau de mon bras. Le Commandant était aussi perplexe que moi. Finalement et après concertation, nous avons sorti la scie à disque diamant et avec un sourire narquois nous avons attaqué son plus petit côté. A notre grand dam, cela n'a pas eu plus d'effet que de passer un coton à démaquiller : pas la moindre rayure. Il fallait se rendre à l'évidence, ce matériau était plus dur que le diamant, et à moins de l'attaquer à la dynamite, ce qui était assez peu conseillé dans nos manuels, rien ne ferait ouvrir cette curieuse boîte.

Par dépit, je me suis penché sur l'étrange croix, et, machinalement, j'ai soupiré dessus. Mon souffle léger a légèrement embrumé la surface de la croix. J'allais donner un coup de pied dans un des caissons qui supportait la boîte lorsqu'un cliquetis se fit alors entendre, à peine perceptible. Je me raidis et le commandant resta interdit. Silence. Un second bruit rompit de nouveau le silence, un bruit plus étouffé, un peu comme un appel d'air. Je reculais instinctivement et regardais attentivement ce qui se produisait. Heureusement, les caméras braquées sur l'objet nous donneraient ensuite la possibilité d'analyser dans le détail ce qui se passait, si nous en sortions vivant, bien sûr. Les choses allèrent soudain très vite. De quelques millimètres, le 'couvercle' s'est soulevé. Les quatre côtés se sont écartés en une fraction de seconde dans un bruit métallique des plus inquiétants. Une lumière aveuglante bleue laser a inondé la salle, d'autres bruits alarmants, d'autres mouvements si rapides que même mes yeux exercés ne pouvaient pas suivre. Nous nous sommes reculés davantage, convaincus que nous vivions nos derniers instants. Mais soudain le vacarme s'est arrêté, la lumière s'est adouci et tout est redevenu calme. Notre 'objet' avait achevé sa mutation. Il se présentait maintenant comme une sorte de console, un tableau de commande avec plusieurs écrans affichant d'étranges images. Mais plus curieux encore, une image holographique se formait peu à peu au centre de la console. Des sortes de voyants s'allumaient un peu partout, des signes et des symboles sans queue ni tête semblaient attendre qu'on les sollicite. Étonnamment il n'y avait aucun son à sortir de la console. C'était étrange, mais cet engin donnait l'impression de vouloir que l'on s'en serve. Nous avons subitement réalisé que nous avions à faire à un objet purement extra-terrestre et que nous n'avions pas le mode d'emploi ! Nous étions comme deux crétins étrangers débarquant au milieu de Hong-Kong et ne pouvant rien comprendre. A cet instant précis, nous ne connaissions pas le but de cet objet. Était-ce un objet perdu dans l'univers ? Avait-t-il été envoyé là à dessein ? Était-ce de l'espionnage ? Étions-nous en danger ? Toutes ces questions et bien d'autres s'entrechoquaient dans nos caboches d'ingénieurs rationnels. Bien sûr, l'existence d'extra-terrestre dans l'univers ne faisait aucun doute, mais l'univers est grand et avant d'en croiser un.....

Mais quoiqu'il en soit, nous faisions face à quelque chose de bien réel mais d'origine inconnue et totalement incompréhensible.

La console semblait maintenant dans un état d'attente. Nous sommes restés là des heures à essayer d'interpréter les signes, les images et les inscriptions.... Mais rien ne collait avec rien. Ce n'est qu'en visionnant les films en vitesse rapide que nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un début et une fin, et que cette séquence revenait sans cesse. Elle durait très exactement 37 minutes et 20 secondes. C'était un début : on pouvait tenter de comprendre cette séquence.

Nous nous sommes alors focalisés sur l'hologramme, d'abord parce qu'il représentait ce qui s'apparente plus à un être humain qu'à un extra-terrestre et ensuite parce que cet hologramme était parfait. Le type semblait parler, mais aucun son n'était audible, ses gestes semblaient incohérents. Mais après une période de sommeil et quelques heures supplémentaires nous avons fait le lien entre ses gestes et une zone particulière sur la console. Trois zones de couleurs bien différentes. Je passais mes doigts sur chacune d'elle, sans effet. J'appuyais un peu comme sur un clavier : rien. Puis finalement, j'ai apposé ma main entière. Et, enfin, cela a fait réagir le système. Ma main a été scannée en quelque sorte et elle s'est retrouvée affichée sur l'écran le plus à droite. Juste à gauche, ma photo est apparue. Cet engin m'avait photographié, enregistré, repéré. Le commandant fit la même démarche et la séquence s'est répétée : scan, empreinte, photo ! Cela commençait à être intéressant. Plus ludique en tout cas. Mais dans quel but ? Nous allions devoir patienter, encore.

La phase suivante fut révélatrice de l'intelligence à laquelle nous avions affaire et fut des plus instructives. Celui qui avait conçu le système savait qu'il devrait trouver un moyen permettant à un étranger d'apprendre un nouveau langage, de nouveaux symboles, de nouveaux concepts. Ainsi, la partie holographique présentait maintenant des séries d'images représentant des objets, formes, situations en y associant des symboles. Il était assez aisé de comprendre ce nouveau langage dès lors que nous avions compris le principe.

A partir de ce moment, la plupart des symboles de la console signifiaient quelque chose. Nous avons donc pu commencer à comprendre, dans une certaine mesure, à quoi pouvaient servir certains 'boutons'. Mais le plus intéressant fut celui qui déclencha la sonorisation. Enfin, la machine parlait ! C'était totalement incompréhensible, mais au moins, le silence était rompu.

Nous avons alors commencé une longue période d'apprentissage. Notre objectif premier était de savoir ce que cette personne avait à nous raconter. Il devenait de plus en plus évident que nous ne courrions plus aucun risque. Pas dans l'immédiat. Il était tout aussi évident que nous ne rentrerions pas sur terre avec cette machine tant que nous n'aurions pas effectué toutes les analyses complémentaires demandées et compris toute cette folle histoire. Alors, et puisque nos dirigeants d'en bas en avaient décidé ainsi, nous avons utilement employé notre temps à retranscrire cette aventure sortie tout droit de l'espace, d'une civilisation lointaine et terriblement en avance sur notre temps.

Vous comprendrez qu'il n'est pas toujours aisé de traduire une langue extra-terrestre dans une langue terrestre. Alors nous utiliserons une notation entre [crochet] qui servira à livrer une certaine interprétation qui n'engage bien évidemment que nous et vous aurez tout loisir de laisser aller votre imagination. Il se peut aussi que certains termes soient aussi purement inventés car nous n'avons pas toujours trouvé de correspondance avec nos propres concepts.

Et, fichtre, si quelqu'un est en mesure de faire mieux, qu'il s'y colle !

Nous sommes fiers de vous présenter les aventures incroyables contées par Aléo BIRKMAN



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