Chapitre 21

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Rappel du "code" pour les langues :

normal = français / en gras = anglais / en italique = coréen

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[PDV Lou]

- Lou ! Ça fait 2 minutes que tu tiens ce bloc-note. Et si tu le mettais dans ton sac pour voir ?

- Que- quoi ? Ah oui, pardon.

Je rangeai mes affaires en vitesse avant de rejoindre Élise, qui m'attendais en bas des gradins. Tous les étudiants étaient déjà sortis de l'amphi alors que j'étais perdue dans mes pensées. Ma camarade et moi sortions alors de notre dernier cours de la journée, empruntant différents couloirs pour quitter l'université. En fait, j'étais préoccupée par toutes sortes de choses : les deux principales étant mes examens qui approchaient de plus en plus, mais aussi et surtout le cas Almasa. Elle était vraiment étrange ces temps-ci et ni Fanny ni moi n'avions d'idée de la cause de ce comportement. Déjà, il y avait eut ces sourire devant son téléphone, qui nous avaient alertées. Mais elle avait évité nos questions et nous avions préférer ne pas insister. Ensuite, la fatigue a commencé à apparaître sur son visage et dans ses agissements. Encore une fois, nous n'avions eut pour réponses que des explications vagues et peu crédibles. Elle semblait heureuse, nous ne nous étions donc pas acharnées plus... Mais, ce qui m'inquiétait était la lueur que j'avais vu dans ses yeux ce matin : en plus de son air fatigué du réveil, elle avait les yeux gonflés et rouges. Je n'avais aucune idée de ce qui pouvait se tramer. Enfin...Il y avait bien cette éventualité d'une histoire de cœur. J'étais bien décidée à en savoir plus, je ne voulais pas voir Almasa dans cet état de nouveau. Il fallait que j'en parle à Fanny d'abord, puis qu'on ai une discussion ave-

- Dis tu m'écoutes ?

- Je... bégayai-je. Non, j'avoue, désolée, j'étais dans la lune.

- Bah merci, ça fait plaisir de discuter avec toi !

- Élise...Excuse-moi, je-

- Bref, me coupa-t-elle. Je rentre. Salut !

- ....

Je poussai un long soupir contrit avant de marcher d'un pas lourd en direction de l'arrêt de bus. Alors que j'allais traverser la route,le car passa devant moi, balayant l'air de sa vitesse. Sur le panneau d'affichage : 23 minutes... Super, je venais de rater mon bus et je devais attendre le prochain. Mon regard se déporta au loin, vers la bouche de métro au bout de la rue. Je pris une grande inspiration et tout mon courage et décidai de tenter l'improbable.





- COMMENT ÇA T'ES À GARE DE LYON !? criais Almasa à travers le combiné.

- Gueule pas ! Je t'entends.

- "Gueule pas" qu'elle dit ! T'entends ça Fanny ?

- Il se passe quoi ? répondis cette dernière après qu'Almasa ait mis l'appel en haut-parleur.

- Il se passe que mademoiselle est à gare de Lyon.

- GARE DE LYON ? MAIS QU'EST-CE QUE TU FOUS LÀ -BAS ???

- Je me suis perdue... dis-je d'un air honteux. Venez me chercher s'il vous plaît.

Je n'entendis au bout du fil qu'un long soupir dépité avant qu'Almasa ne m'ordonne expressément de ne pas bouger de là où j'étais. Et, vu le ton qu'elle avait pris, je ne pouvais la contredire ou lui désobéir.





La montée des escaliers de notre immeuble se fit dans un silence de plomb. Le calme avant la tempête. Mes yeux détaillaient mes chaussures, n'osant pas croiser le regard d'Almasa, qui avait réussit je ne sais par quel miracle à ne pas me descendre en public. Mais durant tout le trajet du retour, j'avais senti son regard sur moi et je savais que le passage de notre porte d'entrée allait signer mon arrêt de mort et que la sentence serait irrévocable. Fanny, quand à elle, me lançait de temps à autre des regards compatissants, mais je la voyais pouffer de rire juste après. Je savais dès le début qu'elle ne me serait d'aucun soutien face aux foudres imminentes de notre amie.

Mes peurs s'étaient révélées... étonnement fausses. Alors que la porte s'était refermée derrière nous et que je regardais toujours le sol, Almasa ne fit que soupirer. Elle se contenait : je le voyais, je le sentais, je l'entendais. Et cela me faisait d'autant plus peur.

- Écoute, je ne veux même pas savoir comment tu t'es retrouvée à gare de Lyon. Mais il est temps pour toi d'apprendre le fonctionnement du métro.

Elle pris son téléphone et le manipula quelques secondes avant que je n'entende l'imprimante se lancer au loin. Elle sortis de la pièce, me laissant avec Fanny qui se foutait ouvertement de ma gueule. Il fallait que je m'occupe de l'éducation de cette petite. Son comportement devenait insolent. Mais j'avais à l'instant présent, d'autres problèmes alors je ne relevai pas. Almasa revint quelques minutes plus tard, une feuille à la main, me faisant signe de la suivre vers ma chambre alors que je fronçais les sourcils d'incompréhension. Elle accrocha la page montrant le plan du métro parisien sur la porte de ma chambre en me demandant de l'apprendre, précisant qu'elle m'interrogerait de temps en temps sans prévenir. Abadakor...


Le téléphone d'Almasa sonna et elle se rendit dans le salon pour le regarder et décrocher.

-Allô mama ? Da, j'ai pas répondu tout à l'heure. Izvini, imala sam jedan... imprévu.

Elle me lança un regard très... expressif. Je ne parlais pas bosniaque, mais je pouvais facilement comprendre que j'étais "l'imprévu". Lorsqu'Almasa parlait au téléphone avec sa mère, Fanny et moi étions en admiration devant elle. Nous ne pouvions nous empêcher de l'écouter parler et quand elle ajoutais des mots français dans ses phrases, cela nous amusait beaucoup. Je rejoignis Fanny posée sur le canapé. Nous buvions les paroles de notre amie pendant plus de dix minutes même si nous ne comprenions pas un mot de sa langue.

-Napuštam vas. Pripremi ću le repas. Večeras čemo jest pizza.

Avec Fanny, nous tournâmes nos têtes plus vite que nos ombres l'une vers l'autre.

- Tu as entendu... commença-t-elle.

- ... la même chose que moi ? finis-je.

Nous acquiesçâmes toutes deux et un sourire gourmand prit place sur nos visages alors que nous tournions de nouveau nos regards vers notre colocataire. Celle-ci raccrocha. Elle croisa nos regard et eut un mouvement de recul surpris.

- Qu'est-ce que vous- ? bafouilla-t-elle.

Elle nous regarda quelques secondes, les sourcils froncés, avant de pousser un soupire et de lâcher, avec un sourire dépité :

- Oui, on mange pizzas, bande de grosses bouffes !

- Grosses bouffes un jour, grosses bouffes toujours ! nous répondîmes en chœur, le sourire jusqu'aux oreilles alors que Fanny tapa sa main contre la mienne.

DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant