Chapitre 30

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Rappel du "code" pour les langues :

normal = français / en gras = anglais / en italique = coréen

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Et si Hoseok n'avait pas répondu à cet appel et dit "Allô" à ce moment précis, attirant l'attention de Nathan sur mon téléphone qu'il brisa et le faisant oublier de bloquer la porte de la pièce ?
Et si cette étudiante lambda n'avait pas bu ce verre d'eau à la cafétéria et n'avait pas eut besoin d'aller aux toilettes ?
Et si je n'avais pas gagné du temps en essayant de raisonner mon agresseur ? Et si j'étais restée paralysée par la peur ?
Et si Romain, ce jeune étudiant, n'était pas si maladroit et ne s'était pas cassé la gueule au moment où il voulait interpeller son amie qui s'apprêtait à entrer dans les toilettes ?
Et si Nathan, au lieu de fuir les lieux comme un lâche, avait décider de s'en prendre à la jeune fille également ?

Et si ? Et si ? Et si ?

Et si tout ça ne s'était pas passé de cette façon, que me serait-il arrivé ? Je n'osais pas l'imaginer, je ne voulais pas y penser mais je ne pouvais empêcher mon cerveau de dériver sur toutes les possibilités plus horribles les unes que les autres.


En état de choc, à l'infirmerie, je n'arrivais pas à mettre des mots sur ce que je ressentais pour répondre aux questions de l'infirmière.

- Bon, tu vas me dire ce que t'as ? T'as mal où ? Tiens, t'as qu'à prendre une aspirine et partir. C'est pas tout ça mais moi c'est ma pause déjeuner, dit la vieille femme en se levant du siège de son bureau. Bon, tu veux toujours pas répondre ? Je dois fermer, alors sors de là si t'as plus rien à y faire.

Comme un robot, j'obéis et me levai, puis sortis de la pièce lentement et restai plantée dans le couloir, complètement perdue. Lorsque l'infirmière fut partie en bougonnant que les étudiants étaient capricieux et lui faisaient perdre son temps, je me laissai tomber contre le mur. Je sentis alors des perles salées se former au coin de mes yeux et je restai là après avoir prévenu mes amis que je ne pourrais malheureusement pas venir à notre déjeuner, sans en spécifier la raison. La pression redescendait peu à peu. J'avais eut tellement peur.



- Almasa ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Je relevai la tête vers Fanny qui s'était penchée et avait posé sa main sur mon épaule. Lou se tenait à côté et arborait un air inquiet.

- Qu'est-ce que vous faites là ?

- On t'as cherchée partout... On s'inquiétait de pas te voir arriver à l'appartement, et comme tu répondais pas, on a essayé de contacter tes amis mais ils ont dit que t'étais pas avec eux alors on a décidé de venir ici et, en parlant à des étudiants, on a fini par te trouver, expliqua Fanny. Que s'est-il passé ? On nous a parlé d'un gars bizarre, je sais pas trop quoi.

Alors je leur racontai tout ce qu'il était arrivé : depuis le début de la semaine jusqu'à l'incident dans les sanitaires.

- Oh bordel, il est revenu l'bâtard, j'vais m'le faire, s'indigna Lou.

- Merde... T'inquiète spas, c'est fini ok ? Mais ça n'explique pas ce que tu fais ici, en pleurs, depuis des heures... Pourquoi tu n'es pas rentrée te reposer à la coloc ? questionna la deuxième.

- Ben, la fille qui est... arrivée au bon moment, on va dire... m'a emmenée à l'infirmerie mais, disons que l'infirmière n'a pas été très compréhensive envers mon état de... choc.

Fanny me regarda,attristée, puis j'entendis une grande inspiration à ma gauche. Et merde...

- OH BORDEL, J'VAIS M'LA FAIRE ! C'est où son bureau ? Là ? cria mon amie en se redressant et pointant, de son menton, la porte de l'infirmerie.

- Lou, calme-toi, on est même pas censées être là, mieux vaut ne pas faire de scandale... tenta Fanny.

- EST-CE TU PENSES RÉELLEMENT QUE J'EN AI QUELQUE CHOSE À FOUTRE ?

Elle entra en trombe dans le bureau de l'infirmière, Fanny et moi, qui nous étions levées, sur ses talons. La vieille femme poussa un cri de surprise et fit tomber les papiers qu'elle tenait entre les mains.

- Je peux savoir ce qu'il vous prend mademoiselle ? Sortez tout de suite d'ici !!!

- ELLE VA DÉJÀ BIEN FERMER SA GUEULE, LA MÈRE MICHEL !


Et c'est comme ça que nous nous retrouvâmes dans le bureau de direction, moi expliquant toute l'histoire de A à Z à la présidente de l'université ; Fanny regardant Lou avec méfiance, par peur qu'elle éclate de nouveau ; l'infirmière, debout dans un coin, tenant sa joue à cause de la claque monumentale qu'elle s'était prise de la part de mon amie, qui elle, mordait l'articulation de son index droit, les jambes tremblantes de rage.

- Nous allons faire le nécessaire pour que ce Nathan n'entre plus dans nos locaux, expliqua la présidente. Visiblement, n'importe qui peut venir dans cet établissement sans problème. Elle regarda Fanny et Lou d'un air explicite. Quant à l'incident avec Madame Michel, je suggère que vous fassiez toutes table rase sur ce qu'il s'est passé, étant donné que vous avez des torts des deux côtés.

Cette fois-ci, ses yeux se dirigèrent en particulier vers l'infirmière, puis vers mon amie, qui avait garder depuis le début son regard énervé tourné vers la fenêtre en face.

- Bah oui, c'est tellement plus simple... marmonna cette dernière. Comme ça la pauvre petite infirmière maltraitée par une étudiante va continuer à maltraité des centaines d'étudiants...

- Lou ! m'indignai-je.

La présidente me fit un signe de tête pour me faire comprendre qu'elle gérait avant de reprendre d'un ton calme.

- Je comprends votre énervement. Bien sûr des mesures seront prises si nous avons de nouveau une plainte de ce genre. Mais je suis sûre que cela ne se reproduira pas, n'est-ce pas Madame Michel ?

- Non, évidemment, répondit la concernée d'un air honteux, les yeux baissés vers le sol.

- Sur ce, les filles, je penses qu'il est temps pour vous d'aller fêter la fin de vos examens, non ? Profitez bien.

- Merci Madame la présidente, au revoir.

Nous sortîmes toutes les trois du bureau, Fanny et moi en saluant poliment et la troisième, toujours boudeuse et énervée, lançant un rapide "R'voir" avant de nous engager dans les couloirs et de quitter mon université.

- Bon Lou, tu vas pas rester comme ça, rassure moi ? soupira Fanny.

- Je veux mon putain de kebab, bougonna la deuxième.

Je la pris par le bras en lui disant que nous y allions. Un sourire pris instantanément place sur son visage alors que Fanny râlait qu'elle n'aimait pas les kebabs.

- C'est pas de ma faute si t'as des goûts de chiotte, les kebabs sont la meilleure chose au monde.

- Avant les mecs ?

- Évidemment ! répondîmes Lou et moi en chœur après avoir échanger un regard.

- Vous me désespérez...



Nous avions passer le week-end entier dans les bars étudiants à faire la fête, si bien que quand il avait fallu reprendre le travail le lundi, nous n'avions comme qui dirait pas trop assumer... Donc le soir, nous étions complètement explosées, mais nous n'avions pour autant pas envie de nous coucher tôt et glandions sur nos téléphones, la musique dans l'enceinte, sur le lit de Lou, de la nourriture et de la boisson tout autour de nous.

- J-Hope est en couple.

Je crachai accidentellement mon ice tea au visage de Fanny, qui venait de lâcher ça sans la moindre pression.

- QUOI ?



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