Chapitre 8

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Rappel du "code" pour les langues :

normal = français / en gras = anglais / en italique = coréen

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[PDV Almasa]

J'avais fini mon service, j'étais dans les vestiaires, me changeant, quand je reçus un message sur le groupe WhatsApp de notre coloc.

     Fanny à Les tarées :
On commence la leçon de coréen, tu arrives quand ?

     Moi à Les tarées :
Je viens de finir, j'arrive dans 20 minutes 😊

     Fanny à Les tarées :
Viens vite ! Je suis nulle, mais Lou... 😫

     Moi à Les tarées :
Courage ! Je viens à ta rescousse 😉

      Lou à Les tarées :
JE VOUS EMMERDE ! 😤😤😤
Et Fanny, travaille !

     Fanny à Les tarées :
T'es juste à côté de moi, meuf...

     Lou à Les tarées :
Dit-elle...

Je rigolais, les imaginant se chamailler en galérant avec leur coréen.

     Moi à Les tarées :
Bon, taisez-vous et bossez, je vais jamais arriver à partir si vous me coupez tout le temps

     Lou à Les tarées :
À touuute

     Fanny à Les tarées :
Viens vite me sauver 😭

Je mis mon téléphone dans la poche arrière de mon jean et finis de me préparer. Je mis mon sac à mon épaule et sortis par la porte de service en saluant mes collègues. Une fois dans la rue, je cherchai mes écouteurs dans ma poche quand quelque chose me percuta violemment l'épaule, si bien que je failli tomber par terre. Qui était le con qui ne savait pas regarder devant lui ? Je me retournai et vis quelqu'un à deux mètres de moi, massant également son épaule.

- MAIS T'ES PAS BIEN TOI ! lui criai-je QU'EST-CE QUI TE PREND DE FONCER DANS LES GENS COMME ÇA ?

La personne ne me répondit pas, jeta un regard derrière moi avant de me pousser dans une ruelle perpendiculaire et d'appuyer violemment sur mes épaules pour me cacher derrière une benne à ordures. Il (parce que je l'avais identifié à sa corpulence comme étant un homme) se baissa également.

- MAIS TU TE PRENDS POUR QUI ? repris-je. JE VAIS APPELER LA POL-

Il s'était penché sur moi et avait plaqué une main sur ma bouche pour que je reste silencieuse. Alors que la colère montait de plus en plus en moi, je regardai plus attentivement son visage que je distinguais à peine dans la noirceur de la ruelle. Il avait un masque et ses yeux noirs étaient portés sur la rue que nous avions quittés quelques instants auparavant. Au bout d'environ une minute, il ne m'avait toujours pas lâchée alors, sans qu'il ne s'y attende, je lui mordit la main et il poussa un cri de douleur, qu'il étouffa en mettant son poing devant sa bouche. Je pris une grande inspiration pour lui hurler dessus toutes les insultes que je connaissais, mais soudain, je me stoppai. Cette odeur... Je connaissais ce parfum. C'était un parfum si particulier... Boisé... Est-ce qu'il s'agissait de... ?

Il jeta un dernier coup d'œil à la rue avant de se relever et de tendre sa main vers moi. Fière comme je l'étais, je n'acceptai pas son aide et me relevai en m'appuyant contre le mur à ma gauche. J'époussetai rapidement mes vêtements et lui lançai un regard qui en disait long sur ce que je pensais. Il m'observa quelques instants en fronçant les sourcils, puis secoua la tête, comme pour se sortir de ses pensées. Il commença à s'excuser en anglais mais je ne l'écoutais déjà plus. C'était donc bien lui ? L'homme que j'avais caché l'autre fois ? Cet accent quand il parlait, ce masque et surtout ce parfum... Oui, j'en était sûre à présent.

- Je... Tu... bégayai-je.

- Je... Je ne parle pas français... Je suis dés... 

- Tu es le garçon que j'ai caché l'autre fois n'est-ce pas ? le coupai-je.

- Heu... Je pense que oui, dit-il avec des yeux rieurs.

Ses yeux m'étaient familiers, mais je ne savais pas d'où j'aurais pu le connaître. Je me dis que j'avais dû voir quelqu'un qui lui ressemblait dans la rue ou au café.

- Qu'en penses-tu ?

Perdue dans mes pensées, je n'avais pas écouter un mot de ce qu'il m'avait dit.

- Pa... Pardon ?

- J'aimerais t'inviter à prendre un verre ou un café afin de te remercier de ton aide et de m'excuser pour... tout ça...

- Ooh... Heu... Pourquoi pas ?

Il prit mon numéro afin que nous fixions une date pour cette sortie puis il partit de son côté.

Alors que je marchais pour rentrer à la coloc, je pensais à ce qu'il venait de se passer. Pourquoi pas ? POURQUOI PAS ? Mais Almasa, qu'est ce que tu fous ? Ce mec vient de te rentrer dedans et de te pousser derrière une poubelle et tu accepte d'aller prendre un verre avec lui ? T'es pas nette ma pauvre ! C'est peut-être un psychopathe qui cherche à me kidnapper et à m'enfermer dans une cave pour me torturer ! (Jamais dans les extrêmes, sinon...) Bon... Je partais peut-être un peu loin... Après tout ce n'était qu'un verre... Cette sortie allait avoir lieu dans un endroit public... Je ne risquais rien.

Lorsque j'arrivai à la coloc, je n'eut même pas le temps de poser mon sac qu'un espèce de gros truc me sauta dessus.

- OÙ EST-CE QUE TU ÉTAIS ?

- Heu... Sur le palier ?

Je vis Fanny pouffer de rire dans le dos de Lou, qui me lança un regard noir.

- Très drôle... Pourquoi tu as mis autant de temps à rentrer ?

Ok, j'avais exactement une seconde pour inventer une histoire.

- J'ai flâné un peu, j'étais dans mes pensées... avec ma musique...

Bon... Je l'avoue. J'aurais pu faire mieux. Mais, j'avais pas le temps ok ?

- T'aurais quand même pu répondre aux messages... Plus jamais tu refais un coup comme ça, c'est compris ?

- Oui Mamaaaan... soupirai-je.

Je pu enfin enlever mes chaussures, puis Fanny me prit par le bras avant de m'emmener dans le salon.

- Bon, dit-elle, maintenant viens nous aider avec le coréen, parce que j'ai du mal moi-même alors si je dois apprendre 14 fois par minutes à l'autre comment on dit "bonjour", je vais jamais m'en sortir.

- Héééé ! Je SAIS dire "bonjour" ! s'écria Lou en s'affalant sur le canapé. On dit "An-nyeong-ha-se-yo".

Je tournai mon regard vers elle, étonnée qu'elle ai réussi à dire un mot avec un bon accent.

- Ça fait une heure qu'elle s'entraîne juste sur ce mot, chuchota Fanny à mon oreille.

Nous éclatâmes de rire devant le regard vexé de Lou, qui avait évidemment entendu ce qu'avait dit notre amie, puisque celle-ci était la discrétion incarnée.

DreamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant