Chapitre 8: Attraction

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Point de vue de Grace

En quittant le service de chirurgie, une pointe de tristesse me submergea. Je crois surtout que j'étais attristée d'avoir dit au revoir au docteur Barlow. En couple avec David depuis longtemps maintenant, je n'avais jamais envisagé qu'un autre homme puisse entrer dans mon cœur. Pourtant, en quelques jours, en quelques mots, le docteur Connor Barlow était entré dans le mien. Au début, je m'étais clairement voilé la face, mais hier soir en discutant avec lui j'avais ressenti autre chose que de la douleur dans mon ventre, des fourmillements ressemblants à ces fameux papillons que l'on ressent en tombant amoureux. Je savais que je ne l'oublierai jamais et qu'il serait toujours lié à cette période de ma vie. Les mains qu'autrefois j'avais repoussées, aujourd'hui je désirais qu'elles me touchent. Je souhaitais ardemment qu'il me voit comme une femme et non plus comme une patiente. Ces envies n'étaient pourtant pas d'actualité non seulement parce la relation patient-médecin allait perdurer puisque j'allais le revoir lors d'un rendez-vous post-opératoire mais également au vu de ma situation amoureuse. Tromper mon conjoint me semblait impensable et d'ailleurs rien ne prouvait que le docteur Barlow avait la moindre inclination envers moi. Ce matin, lors de sa dernière visite, il était redevenu assez froid et distant. Nous n'avions que très peu échangé, la présence de David dans la pièce y étant surement pour quelque chose.

Le retour à la maison fut laborieux. Je tournais en rond les deux premiers jours de la semaine avant de reprendre le travail alors que mon certificat médical me couvrait jusqu'au lundi suivant. David et moi avions également du mal à retrouver nos marques, notre intimité. Je n'allais pas spontanément vers lui et nos conversations se limitaient à des banalités. Je voyais qu'il faisait des efforts, en étant plus prévenant, ce que j'appréciais. Ce n'était pas très naturel, un peu forcé, mais au moins il essayait.

Je dus patienter jusqu'au vendredi avant de revoir le docteur Barlow, qui allait m'ôter les fils qui subsistaient suite à mon opération. Mon rendez-vous avait lieu à l'hôpital, dans le cabinet de consultations de chirurgie. Assise dans la salle d'attente, j'étais anxieuse à l'idée de le revoir. Je me demandais quelle facette de lui j'allais voir aujourd'hui, l'homme chaleureux et avenant ou le médecin distant et professionnel. Des bruits de portes me parvinrent depuis le couloir puis j'entendis une conversation. 

-Merci pour tout docteur.

-De rien et faites en sorte qu'on ne se revoit plus. Au revoir.

La première voix était celle d'un inconnu tandis que la seconde appartenait à Connor. Des pas se rapprochèrent, il arrivait et le stress me gagna sans raison. Il apparut à l'entrée de la pièce, la tête penchée sur sa liste de patients. Cela devait être mon tour, j'attendis, suspendue à ses lèvres.

-Mme Hawking ?, appela-t-il en relevant la tête.

Je ne sais pas si les autres personnes qui attendaient sentirent elles-aussi la tension monter d'un cran dans la pièce, mais elle s'empara bien de moi lorsque mes yeux rencontrèrent les siens. Je me levais en le saluant, affichant un sourire crispé.

-Vous pouvez me suivre.

Dans le couloir vers son cabinet je restais derrière lui et je vis à son maintien ainsi qu'à ses larges épaules contractées que lui aussi était tendu. Cela me faisait drôle de le revoir après une semaine, qui m'avait parue une éternité. Il ouvrit une porte sur le côté et me laissa la priorité. Je le frôlais au passage, électrisant l'atmosphère. La pièce était coupée en deux par un long paravent avec d'un côté une table d'examen et de l'autre un bureau muni d'un ordinateur.

-Installez-vous sur la table, j'arrive tout de suite.

Point de vue de Connor

« Essaie d'agir normalement », me répétais-je dans ma tête avant de revenir dans le cabinet. J'avais fait semblant de ne plus me rappeler quel était mon prochain patient alors que je savais pertinemment à quelle date et à quelle heure j'allais la revoir. Elle semblait en bien meilleure forme que le jour où elle avait atterri dans mes bras. Sur le chemin en direction de la salle d'examen, j'avais cru sentir son regard perçant entre mes omoplates. A quel point lisait-elle en moi ?

Docteur BarlowOù les histoires vivent. Découvrez maintenant