Je ne me suis pas toujours détestée. Non.
Petite, je m'aimais. Un peu trop peut-être. J'aimais le reflet dans le miroir. Je me trouvais belle. Je me faisais rire. J'étais drôle. Intelligente. J'avais pleins d'amis. J'étais heureuse. Insouciante. C'était beau à voir. C'est beau dans mes souvenirs.
Je riais sans arrêt. Une petite fille pétillante.
J'aimais la vie, je voulais que ça ne s'arrête jamais.
Jamais.
Puis j'ai grandis. Le monde s'est noirci autour de moi. La vie m'a prise au piège comme un sable mouvant qui vous engloutit. Puis vous restez là. Statique. À vous demander comment vous en êtes arrivée là.
Le collège, les critiques, le harcèlement, le lycée même schéma.
Planche à pain, zombie, cadavre, cancéreuse, pot de peinture, boule à facette, sal*pe, fais du sport, mange plus, mange moins, te maquille pas autant, tu as l'air malade maquille toi, cache ci, cache ça. Tu es trop. Tu es pas assez. Tu vaux rien. Personne ne voudras jamais de toi. Personne.
Mon reflet devient mon ennemi. Je sais comment faire mal à cet ennemi. Je commence à me comparer. Trop. Tout le temps. À tout le monde. Puis les réseaux sociaux. La goutte de trop. Je me perds. Je retouches. Trop de modifications. Je mens. Je ne me regardes plus. Je me dégoûte. Voilà. C'est bon. Je suis devenue mon ennemie.
J'ai mal, très mal. Oui, mais où ?
J'en sais rien. Partout et nul part.
Pourquoi est ce qu'on m'impose un corps dont je ne veux pas ?
Pourquoi est ce qu'on me jette dans un monde que je ne comprends pas ?
Je croyais en moi. J'ai tout perdu.