Certains voient la vie comme une chance. Une opportunité à saisir. Un cadeau inestimable. Pas moi.
Je la vois comme un énorme fardeau. Un poids auquel je suis enchaînée. Une énigme incompréhensible. Impossible à résoudre.
Une encre qui m'attire vers le fond. Me débattre n'a aucun intérêt. C'est comme ça. Je coule.
J'ai tenté de rester à la surface. M'agiter pour garder la tête hors de l'eau. Reprendre mon souffle. Je suis épuisée. Je n'ai plus la force.
Je me laisse partir. Divaguer dans l'immensité.
Emportée par le courant. Bercée par les vagues.
Ma tête heurte les rochers. Ici et là. Je n'ai pas mal. Pas physiquement.
Ma douleur est ailleurs. Elle est invisible. Imperceptible. Incolore. Inodore.
Elle n'existe que dans ma tête. Je suis la seule capable de lui donner vie. Sans moi elle n'est rien. Rien.
J'aimerais qu'elle ne soit rien. Alors je pars. Je l'emporte avec moi. Je veux sa peau même si je dois y laisser la mienne.
J'arracherai ma chair à main nue pour qu'elle ne puisse plus la dévorer.
Je détruirai mon cœur pour qu'elle ne puisse plus s'y loger.
Mon corps est son temple. Je dois le démolir.
Briser chaque parcelles. Brûler chaque coins.
Anéantir le moindre souffle de vie.
Il ne doit rien rester. Pas une once d'humanité.
Alors voilà mes amis, je vous laisse l'immensité de l'océan. Amusez vous bien.
Moi. Je m'en vais me perdre dans les profondeurs des abysses.
Pour l'éternité.