Chronosaurus - Minchan

Chapitre 20 (spécial)

La journée promettait d'être des plus lumineuses alors que le soleil se tenait haut dans le ciel dégagé. Midi venait tout juste de sonner et les rues étaient déjà pleines de monde. Les piétions se bousculaient les uns les autres sans faire attention alors que les avenues pavées, propres quelques heures plus tôt, commençaient à se faire salir par quelques personnes irresponsables. Un grand bruit venait se faufiler dans les quelques passages calmes et faisait tiquer les passants qui s'y promenaient tranquillement.

Ce samedi promettait de se dérouler sans encombre et cette perspective ne pouvait que faire plaisirs à Hyunjin qui prit une grande inspiration. Il se trouvait dans l'une des rues calmes qui bordaient le centre-ville bien plus agité. Il attendait, à l'extérieur d'une petite boutique tenue par une personne âgée. La devanture montrait plusieurs produits de beauté fait maison et un grand panneau indiquait des remèdes de grands-mères. Quelques minutes plus tard, Changbin traversa l'entrée de la boutique et le rejoignit sur le sol pavé. Le garçon avait revêtu un jean sombre qui contrastait avec perfection avec son hoodie pastel.

Le cœur du plus grand, qui avait été déjà bien maltraité depuis la matinée, s'accéléra à cette vision. Il avait dit, dans une des grandes discussions qu'il aimait avoir avec le noiraud quand ils se retrouvaient ensemble, qu'il aimait ce genre de couleur. Depuis, Changbin semblait s'arranger pour toujours en porter une lorsqu'ils se retrouvaient en dehors des cours.

Ce dernier lui envoya un sourire désolé. Son coin droit se releva plus que le gauche, comme à son habitude avait remarqué le plus grand. Il leva la main gauche qui contenait un paquet pour le lui montrer.

" C'est bientôt l'anniversaire de ma mère, donna-t-il pour explication. Désolé de t'avoir fait attendre. "

Son autre main vint glisser dans la sienne. Les doigts du plus petit s'entremêlèrent avec les siens. Leurs yeux se croisèrent, tous deux avaient un sourire – caché mais présent – sur leur visage, et ils continuèrent leur chemin.

Ils n'étaient pas ensemble – officiellement parlant – mais ils s'aimaient. Aucun mot n'avait été échangé à ce sujet mais ils savaient ce que l'autre ressentait. Ils ne pouvaient pas se tromper – pas avec les longs baisers qu'ils échangeaient dans l'ombre des murs, dans le calme des habitations et dans un secret mal gardé – et ne voulaient pas que l'autre se méprenne.

Leurs mains se lâchèrent lorsqu'ils sortirent de la rue vide pour emprunter la grande avenue. Ils restèrent proches l'un de l'autre pour ne pas se perdre dans la foule dense. Une fois plus proches de la maison du brun, ils se détendirent quelque peu.

Ils ne s'étaient rendus dans le centre-ville que le temps de quelques instants. Avant cela, ils s'étaient promenés dans les rues bien plus calmes qui bordaient la maison de Changbin. Ils n'avaient croisé que quelques personnes âgées mais avait pu profiter du vent matinal comme s'ils étaient seuls au monde. Leur visite dans le centre n'était due qu'à la demande du noiraud. De ce que Hyunjin avait compris la mère du premier allait revenir pour plusieurs semaines et son anniversaire se passait dans la même période. Alors, sur le chemin pour se rendre chez le plus grand, ils avaient pris la peine de s'arrêter devant l'une des nombreuses boutiques qui composaient les rues calmes proches du centre.

Ils rentrèrent dans la maison qui leur faisait face, Hyunjin en premier. Il poussa la porte, doucement, avant de soupirer devant ce qui semblait être la fin d'une tempête. Le plus grand garda la tête baissée pendant que Changbin se déchaussait – comme s'il avait honte de ce qu'il se trouvait chez lui – et ne la releva pas en montant à l'étage.

Dans l'entrée et le salon, qu'ils pouvaient voir de la porte, des feuilles et des documents se trouvaient éparpillés sur le sol. Le reste d'un repas, presque intouché, était encore sur la table à manger. Pourtant, la maison semblait être vide. La paire de chaussures à talons, que Changbin avait prit l'habitude de voir en venant chez le brun, avait disparu de l'entrée et la veste cintrée qui appartenait à la mère de son ami était, elle aussi, introuvable.