Chapitre 26

492 89 33
                                    

Quand Chan s'était imaginé mourir il s'était toujours visualisé dans le meilleur endroit qu'il connaissait. Si auparavant cela avait été un choix difficile entre le pont bordé d'arbre à l'extrémité de la ville et l'école primaire, il ne faisait aucun doute sur la réponse qu'il aurait pu sortir à présent. Il avait découvert la plus belle personne du monde qui l'avait sauvé de beaucoup de chose, qui lui avait permis d'avoir une deuxième chance et qui l'avait fait entrer dans son cœur. Le sien lui avait été ouvert depuis bien longtemps, totalement dépendant des sourires et des histoires du jeune homme. Alors, sans hésitation, il aurait répondu vouloir mourir dans les bras de Lee Minho. Ça avait une dimension étrange, s'il prenait la peine d'y penser. Mais c'était le seul endroit où il se sentait parfaitement lui-même. Il n'eut pas à choisir, car tout arriva sans qu'il ne le sache.

Quand Chan s'était imaginé mourir il avait toujours eu la même question : Comment ? Il était trop jeune pour mourir de vieillesse et ne savait pas conduire. Il avait toujours su que les personnes de son âges, destinées à un destin funeste, étaient toutes extrêmement malade. Certaines avaient un cancer incurable, d'autres une maladie de naissance qui les avaient fait souffrir pendant des années. Mais lui n'avait jamais rien eu. Il l'avait attendu mais n'était jamais tombé malade. Alors il avait simplement haussé les épaules et s'était dit qu'il mourrait d'un bête accident. Il ne s'était donc pas étonné en voyant la voiture aux feux aveuglants foncer sur lui alors qu'il venait tout juste de tomber sur le béton froid. Il n'avait même eu aucune envie de se relever, comme s'il n'avait plus eu de raison de vivre – ce qui avait été vrai – après avoir rejeté tous ceux qu'il aimait. Minho l'avait relevé à sa place et était devenu une partie de sa raison de vivre depuis.

Le destin avait été assez clément avec lui, qui avait échappé une fois à la mort, et avait continué de l'être en le laissant aux côtés de Minho pour la dernière fois avant de le frapper violemment. Une crise cardiaque. Une chance sur un million alors qu'il était en pleine forme.

Il se contracta sous la douleur qui se faufila dans son corps entier. Elle envahit ses doigts, ses jambes, sa tête et son cœur en quelques secondes seulement. Son esprit sembla alors se déconnecter totalement de lui, il remarqua sans la relever la chaîne de zéro parfait contre son avant-bras. Il sentit sans s'en rendre compte, Minho se lever paniquer pour comprendre ce qu'il se passait. Il entendit sans écouter le cri d'horreur qui passa les lèvres de son petit-ami quand il comprit la situation. Il ne s'aperçu pas de son départ précipité ni même de son retour en compagnie de Changbin et de Hyunjin qui avaient été un peu plus loin dans la maison.

Tout ce qui lui importait à cet instant était de prendre de grandes goulées d'air. Il avait l'impression de se noyer dans la douleur. Il ne comprit qu'en sentant des bras essayer le maintenir contre le matelas qu'il se débattait vainement sur le lit. Puis, aussi vite que la douleur était apparue, elle disparut. L'environnement autour de lui sembla la suivre dans un puits sans fond alors que ses yeux se fermaient sans sa permission.

Cette perte de connaissance alarma encore plus les trois garçons à ses côtés. Changbin se dépêcha de composer un numéro d'urgence. Hyunjin resta debout, sans savoir ce qu'il devait faire. Et Minho... Il se contenta de regarder le corps allongé de son petit ami avec une seule pensée dans son esprit : il était le responsable de cette scène. Le teint pâle qu'il avait tant admiré ressemblait presque à celui d'un cadavre alors que le visage de Chan était détendu, comme paisible. La douleur qui était née sur ses traits était partie sans laisser de trace.

Il ne comprenait pas, aucun d'eux n'y arrivait, Chan avait eu l'air en pleine forme et absolument pas en proie à ce qui ressemblait en tout point à une crise cardiaque. Le noiraud se sentit bousculer par son cousin qui se mit à répéter les gestes qu'on lui demandait de faire.

Chronosaurus - MinchanOù les histoires vivent. Découvrez maintenant