La guerre des hôtes

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Une balle rouge tombe.

Elle tombe petits bonds par petit bonds, puis finit sa route en roulant. Elle arrive finalement jusqu'au pied d'un enfant assis sur une balançoire.

Ce même enfant qui ne bougeai pas, le regard vide fixé sur la balle.

On lui demande amicalement d'un signe de la main vers le haut de renvoyer la balle, mais le garçon reste immobile.

On lui demande la même chose en criant, espérant une réaction. Mais rien ne se passe.

"Hé?! T'entends c'que j'dis?!" Qu'on lui dit.

"Il est sourd ou quoi?" Questionna une autre voix.

"Laisse, il doit être handicapé." Répondit une troisième voix.

Un autre enfant vient vers le garçon. Il le regarde fixer le ballon à ses pieds, toujours aussi immobile.

"Hé l'handicapé, bouge de là!"

Il le pousse violement. Le garçon tombe en arrière, tête la première. Mais il n'a rien, hormis une bosse naissante à l'arrière de son crâne.

"Ca t'apprendras à ne pas répondre, l'handicapé!"

L'autre garçon prit le ballon dans ses deux mains, tira la langue et partit en courant rejoindre d'autres enfants. Des cris de joies s'élevaient dans le parc pour enfants. Aucune âme charitable ne lui avait tendu sa main. Il était seul, enveloppé dans la noirceur de la solitude.







Repenser à ce moment n'était pas quelque chose d'agréable pour ce jeune homme aux cheveux noirs. Il était en ce moment même dans une salle de classe, regardant passivement un arbre par la fenêtre. Il était au troisième étage d'un bâtiment scolaire, alors il pouvait aisément voir les feuilles vertes des arbres bouger doucement.

Ce n'était pas vraiment la nature qui l'intéressait, c'était juste un moyen plus facile de ne faire qu'un avec ses pensées. Mais cette méthode, bien qu'elle soit efficace, attirait plus souvent le regard des professeurs qui lui réprimandaient son manque d'attention.

Ce n'était pas de sa faute s'il trouvait les cours ennuyants, et puis ce n'était pas comme s'il avait des mauvaises notes. Au contraire même, il était le meilleur de sa classe. Son seul défaut notable était son manque total de sociabilité. La preuve en était que, maintenant que le cours était terminé, personne ne venait vers lui pour discuter. Quelques âmes vaillantes avaient pourtant essayé de lui soutirer au moins quelques mots, mais ces mêmes personnes avaient été froidement rejeté par des yeux bleus glacials.

Après cinq minutes passées, une sonnerie retentit près de la salle de classe, signifiant que le prochain cours allait bientôt commencer. Les élèves se dépêchèrent de se rassoir à leur place et attendirent la venue d'un professeur. Au vu du silence et aux mines sérieuses des étudiants, le cours suivant ne serait pas un cours comme les autres.

Une femme assez mature ouvrit brusquement la porte, faisant sursauter quelques élèves trop concentrés. Cette femme avait des cheveux blonds coupés au carré et portait un costume cravate classique avec un pantalon noir et des chaussures marron foncé parfaitement cirées, une tenue des plus inhabituelles pour cet établissement où les professeurs s'habillaient de manière plus quotidienne, d'où l'étonnement de certains.

Pendant qu'elle s'avançait vers le bureau, son regard marron détailla rapidement chaque élève présent dans la classe. Puis, arrivée derrière le bureau, elle tapa la table fortement avec ses deux poings, refaisant sursauter et gémir de peur les plus craintifs. Et leur crainte ne s'arrangea pas quand elle commença à parler d'une voix militaire.

Mon recueil de bouts d'histoiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant