Un amour d'ombre

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Bonjour chers lecteurs !

Cette petite nouvelle, j'ai eu bien du mal à la finir et je suis très heureuse de pouvoir la poster aujourd'hui !
Elle est un peu plus enfantine parce que j'ai utilisé des personnifications, mais en cherchant bien vous verrez elle évoque des situations que l'on a tous vécu 🙃

Très bonne lecture !

Je suis une ombre. Ma vie n'est pas des plus agréables car je ne la contrôle pas . Hier encore, j'étais en pleine conversation avec une amie lorsque j'ai soudainement disparu.

D'après moi, le fautif, c'est le soleil. Il est celui qui décide de mon existence. Il a ma vie entre ses mains mais semble ne pas s'apercevoir de ce que c'est, une vie.

Parfois même, lorsque je lui ai déplu, il se camoufle loin dans le ciel, derrière la couche nuageuse et me délaisse de ses rayons.

Alors, je n'existe plus.

Mais j'attends. J'attends toujours. J'attends que le vent, l'un de mes plus vieux amis, déplace un à un tous les nuages derrière lesquels le soleil s'est réfugié et me fasse à nouveau exister.

D'une certaine façon je dépends de lui aussi. C'est pourquoi, malgré le lien fort qui nous unit et ma joie lorsqu'il déplace des nuages pour moi, je me contente de le remercier du bout des lèvres.
Si vous saviez comme alors je me sens faible et insignifiante à côté des efforts qu'il fournit.

Mais il existe un autre lien, un autre élément dans ma vie. Sans lui, je ne serais pas. Mais sans moi, il ne pourrait satisfaire son besoin insatiable de se voir.

Il s'appelle Narcisse.

Je comprends pourquoi il s'admire sans cesse, il est si beau.

Il est vrai que je suis une part de lui, alors peut-être ne suis-je pas objective sur ce point, mais ses doux pétales et son cœur jaune ne cessent de me ravir chaque jour.

Beaucoup de fleurs se moquent de lui parce qu'il pousse à même le sol et non le long une longue tige comme tant d'autres, qui s'élèvent gracieusement vers le ciel.

Pourtant, il les surpasse largement et les surpassera toujours. Je le sais depuis que je suis liée à lui, ça ne se réfléchit pas.

On peut penser que je suis simplement à son service, que mon travail consiste en un simple jeu de mimes. Mais non,  notre relation est bien plus profonde et complexe.

Le matin lorsqu'il ouvre ses pétales, j'aime faire de même et le voir m'observer avec amour. J'aime aussi, lorsqu'il est balloté par le vent, danser souplement en parfait accord avec lui.

Moi l'admirant et lui ne se lassant pas de nous regarder, le temps semble chaque fois s'arrêter.

Les autres peuvent bien se moquer en nous regardant de haut ça m'est égal, je suis heureuse.

Parfois, certains arbres jaloux vont même jusqu'à étendre leurs ramures afin de nous envelopper dans leur ombre gigantesque, forçant mon Narcisse à fermer ses pétales et me faisant disparaître.

Ils parviennent alors à briser la bulle d'amour dans laquelle nous flottons.

Cependant, cette pitoyable action rend les moments que nous passons ensemble plus beaux et plus précieux à mes yeux.

Pourtant, je sais qu'un jour tout s'éteindra. Non pas à cause du soleil ni même des arbres, mais à cause du Temps.

Narcisse fait toujours mine de ne pas voir ses pétales faner de jour en jour mais moi qui ne cesse de l'observer, je décèle chacune des ridules qui parsèment peu à peu sa belle corolle.

Ses pétales finissent par tomber en une pluie blanche et triste sur moi. De désespoir, ses quelques feuilles se laissent alors pendre mollement comme vidées de toute énergie. Lasses.

Chaque année je subis cette vision de la lente descente de Narcisse vers la Mort. Mais je reste courageuse.

Jusqu'au bout je lui partage mon amour.

Avec un soupir abattu, je lui renvoie les images de son corps souple et délicat, celui d'il y a quelques semaines seulement. Sa croissance terminée, il s'était étiré, comme pour embrasser le ciel et m'avait demandé de ne pas oublier le tableau resplendissant qu'il offrait. Mais mon cher Narcisse, comment aurais-je pu oublier cela ?

Tandis que le souffle de vie qui le maintient auprès de moi s'éteint, je me redresse, ne souhaitant pas reproduire la réelle position de son corps avachi et murmure penchée sur lui :

" Ce n'est qu'un au revoir mon Narcisse, ce n'est qu'un au revoir. "

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