L'amour vainc / vint

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Bonjour chers lecteurs !

Voici la suite de mon dernier chapitre qui arrive avec un jour de retard 😅
J'espère qu'il vous plaira ! Il est davantage penché sur la " déprime ", vous allez donc découvrir une autre facette de la petite Azurite !

Très bonne lecture !

J'ai rencontré un gars,
C'était pas loin de chez moi,
Après une course effrénée,
Nos yeux se sont croisés.

Situation ridicule,
Mais pourtant tout bascule,
Lorsque nos doigts se frôlent,
S'emmêlent, ça me fait drôle.

Deux journées c'est pas beaucoup,
Mais on l'a vécu et c'est tout,
Maintenant le temps est long,
Je

Je relève la tête. Mes yeux sont secs, non pas d'avoir trop pleuré, mais parce que je ne suis pas triste. Juste nostalgique des sensations nouvelles que j'ai pu éprouver avec Victor.
Pourtant, mes maladresses ne me font plus rire, l'apathie embue mon cerveau et me coupe de la réalité. J'ai changé. En bien ou en mal, qu'importe. J'ai changé.

Je soupire et une petite bourrasque qui semble vouloir me soutenir, fait virevolter mes cheveux autour de ma tête. Je respire un grand coup et me détends, savourant le léger frisson glacé parcourant mon être.

Les pages de mon carnet s'agitent et frémissent sous l'assaut du vent. De peur qu'elles ne s'abîment, je referme le calepin, le range précieusement dans mon sac et pars. Ce cahier, je me le suis offert. Je n'aime pas vraiment consigner les choses dans un espace si petit et si facilement perdu, mais à l'instar de la pensine de Dumbledore, mon carnet me permet de vider les pensées douloureuses et lourdes qui fleurissent dans mon esprit.
Ce sont des illusions, des réflexions, des cauchemars, qui sont égrenés par le vide et prospèrent dans ma boîte crânienne. Lorsqu'elles sont écrites, je n'ose plus les relire et me contente de les accumuler, pages après pages, jours après jours.

Je me retourne une dernière fois et imagine la forme de deux corps l'un à côté de l'autre, liés par leurs mains enlacées. Ce n'est pas ce qu'ont dû voir les promeneurs passant par là. Eux, n'ont perçu qu'une jeune fille se prélassant à l'ombre des arbres. Pourtant, une multitude de choses me traversaient. Parce que je n'étais pas seule. Parce qu'il y avait la main de Victor dans la mienne. Ou du moins, le pensais-je.
Parce sur Victor n'existe pas. Victor, n'est qu'un être issu des divagations d'un esprit en proie au rêve.

Une sourire triste se dessine sur mes lèvres. C'est drôle comme un sourire change tout. Lorsque l'on est triste, se forcer à sourire trompe les autres, mais surtout trompe la mélancolie, le chagrin et la lassitude. Un semblant de clarté s'esquisse et change notre vision sur tout ce qui nous entoure. Par exemple, les libellules bleues ne sont plus le symbole de ce qui a été, mais plutôt celui d'un moment heureux qui pourrait ressurgir un jour.

Si je tombais malencontreusement sur le garçon là-bas, en train de se trémousser au milieu des arbres et qu'on se donnait rendez-vous pour se revoir l'après midi. Est-ce-que cela comblerait le manque, le vide et l'engourdissement gagnant chaque cellule de mon corps ? Ou bien celui là-bas, en train de donner à manger aux canards, ou même celui-ci, en pleine conversation avec lui-même. L'un d'eux serait-il capable de me sortir de ce gouffre morne et immense ?

Une part de moi sait que c'est insensé. Comment l'amour pourrait-il être une solution alors qu'il est si fragile et parfois si douloureux ?

Je rebrousse chemin et retourne m'asseoir au pied du grand platane. Je ressors mon carnet et contemple un moment les arabesques gravées sur la couverture. Je l'ouvre et munie de mon stylo, je commence à écrire :

L'amour, tant de fois repris, tant de fois écrit,
L'amour, tant de fois cherché, tant de fois rêvé.

Les mots se bousculent dans ma tête, et la main tremblante, je continue et déverse mes mots sur le papier :

L'amour c'est comme une rose,
Son parfum vous enivre,
Parfois même vous dévalise,
Mais pourtant il se fane.

Alors son parfum se meurt,
Mais vous laisse sa rancœur.

L'amour c'est comme une flamme,
Sa chaleur vous porte, elle vous réconforte,
Mais portant elle s'éteint.
Et après son passage, il ne reste rien.

Alors sa chaleur devient glace,
Elle vous laisse et trépasse.

L'amour est éternel ou fugace,
Artificiel ou plein de grâce,
Il vous prend et vous recrache,
Ne laissant aucune trace.

" Et seuls les souvenirs vous font face."

Je ne parviens pas à rajouter ce dernier vers. J'en rirais presque. Mon sens de la symétrie est plus fort que mon besoin d'expression. Quelque part, cela me rassure, me confirme que je suis toujours là, derrière cette torpeur, il suffit juste de...

Sur la rive en face de moi, je discerne une silhouette qui s'affirme de plus en plus. J'ai conscience que ce n'est qu'une invention mon cerveau, mais je prends quand même le temps de l'observer. De m'observer.

De loin, on ne voit pas la fatigue de mon être et je me trouve presque belle. Oui, belle.
Portant, malgré le sourire que je discerne sur mon " reflet " , je perçois la mélancolie qui scintille dans mon regard. Je tente de l'effacer en fronçant les sourcils, mais peine perdue. Après plusieurs tentatives pour la faire disparaître, je me rends compte que ce voile de tristesse dans mes pupilles ne me déplaît pas. Il fait partir de ma personne, celle que je suis devenue après des mois à errer.

Cette vision de moi-même, me donne  la force de feuilleter les premières pages de mon carnet, afin de m'emplir des mots que j'y ai jeté. Je les avale et comble le vide présent depuis si longtemps.
Peu à peu, un torrent d'émotions déferle en moi, je me noie, je suffoque, je sus ballotée, emportée, malmenée par ces mots, par les souvenirs.
Et puis tranquillement, le calme revient.

Presque timidement, comme un lapereau sortant du terrier pour la première fois, je sens les larmes venir. Elles dégoulinent le long de mes joues, perlent au coin de mes yeux, roulent le long de mon nez et se déposent sur mes lèvres.
Elles ont un goût que j'avais essayé d'oublier. Celui de mon premier et dernier baiser avec Victor.

Je ne les retiens pas et me contente de regarder le monde, cachée derrière ce rideau de pluie libératrice, qui s'amoncelle dans mes yeux.

Et puis comme ça, sans raison apparente, je souris. Pas un sourire faux, ni même un sourire pour écarter la nuit. Non, juste un sourire vainqueur. Je suis la fille de l'autre côté de la rive, celle avec ses yeux tristes, son sourire aux lèvres et sa beauté imparfaite.

Après quelques instants à savourer cette renaissance, j'emplis mes poumons d'air, me lève et m'étire.
Mauvaise idée, mon bras - gauche plus précisément - entre en contact avec quelque chose et je sursaute en entendant un couinement de souffrance peu humain. Je me retourne pour découvrir un jeune homme - que fait-il là !? - qui semble être à l'origine de cette étrange plainte. Un peu plus vieux que moi, il se frotte le nez en grimaçant - chose tout à fait mignonne si vous voulez mon avis. Je lui fais un grand sourire et lui lance très naturellement :

-   Oups, pardon ! Je pense qu'il doit au moins être cassé ! Pour te dédommager, je te propose qu'on se revoie cet aprem. Ça te dit ? Sinon ben... Je ne peux rien faire pour toi !

A l'intérieur de moi, une chaleur familière et agréable dénoue les tensions accumulées dans mon corps. Je me sens bien et m'aperçois de quelque chose.
Que ce garçon réponde oui ou non, cela m'est égal. Enfin pas exactement, parce que ses magnifiques yeux bleu-gris sont franchement à tomber !
Mais je sais qu'il ne sera pas mon sauveur.
Je sais que je n'ai pas besoin de lui.

J'ai trouvé mon propre équilibre.

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