1. Le traître

876 53 76
                                    

1. Le traître

J'ai frappé et je suis entré dans le bureau de Giorno sans attendre sa réponse. Il a levé les yeux vers moi. La lumière de la fenêtre qui tombait sur lui et sur son bureau lui faisaient comme une aura.

- Mista. Tout va bien ?

- Ouais.

Je me suis avancé jusqu'à lui. Il a beau être mon boss, le boss de tout le système, l'homme le plus dangereux du pays, il reste avant tout mon pote. Le dernier qu'il me reste.

- J'ai du nouveau, ai-je annoncé.

Je suis pas du genre à tourner autour du pot d'habitude, mais je n'étais pas à l'aise avec ce que j'étais sur le point de révéler. Je savais que je n'aimerai pas la manière dont Giorno y réagirait, et moi-même, j'avais des sentiments conflictuels par rapport à tout ça. Giorno attendait patiemment la suite. Je me suis lancé :

- J'ai retrouvé la trace de Fugo.

Giorno a posé son stylo et s'est redressé. Six mois qu'on le cherchait, ce crevard de Fugo. Si ça tenait qu'à moi je l'aurais laissé pourrir tout seul comme le traitre qu'il était, dans la vie minable qu'il avait préféré à nous, sa famille. Mais quand Giorno est devenu le boss, c'est un des premiers trucs qu'il a demandé. Où est Fugo ? Retrouvez-le. Je me demande vraiment pourquoi il y tient tant, ils se sont connus même pas deux semaines, contrairement à moi qui ait trainé avec lui H24 pendant des années. Peut-être pour ça que Giorno a mieux digéré sa trahison, tiens. Mais c'est quand même pas une excuse pour vouloir le retrouver, le mec nous a lâchés, on va en faire quoi ? Il était mort à mes yeux.

Malgré tout, puisque c'était une demande du boss, j'avais lancé les recherches. J'avais entre autre donné son signalement aux hôpitaux, avec ordre de prévenir Passione s'il se pointait. C'est cette piste-là qui avait payé :

- Il est à l'hôpital de Sorrente. Entré hier. Il, euh... apparemment il aurait essayé de se suicider. Par poison.

J'ai pas pu m'empêcher de faire une grimace en disant ça. Ce mec, je vous jure, il nous aura tout fait. Giorno a pâli, mais il a gardé contenance même si ses mains tremblaient un peu.

- Comment il va ?

- Il est parti pour survivre, à ce qu'on m'a dit. Pas que j'en ai quelque chose à foutre, mais bon. Les médecins ont pas réussi à identifier le poison.

- Purple Haze ?

- J'en sais rien. J'imagine. Mais si c'est le cas c'est bizarre qu'il ait survécu.

Giorno a contourné son bureau et attrapé les clés de voiture.

- On y va.

- Quoi, maintenant ?

On devrait pas réfléchir avant de se décider ? Fugo n'est pas notre pote, il nous a abandonnés. On va quand même pas tout lâcher pour accourir lui faire un câlin, si ? Gio a tout le temps une tonne de paperasse à faire, des rendez-vous à n'en plus finir avec les parrains du coin, il va pas se mettre en retard dans son emploi du temps pour ce putain de Fugo, alors que celui-ci s'est pas gêné pour nous lâcher dès qu'il a eu l'occaz ! Mais Giorno était déjà sorti du bureau, il s'est retourné dans l'encadrement de la porte et m'a regardé sombrement :

- Oui, maintenant, Mista. C'est tout ce que ça te fait de savoir que ton ami est à l'hôpital ?

- C'est pas mon ami.

Ça l'a été, ça l'est plus. Il y a des choses qui ne se pardonnent pas.

- Fais comme tu veux, m'a répliqué le boss froidement. Moi j'y vais.

Fugo over flowersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant